Je suis comme certains d'entre vous l'ont écrit, très sensible aux sujets touchant la prison.Sans doute ai-je été marquée par deux longues visites faites en prison, l'une il y a 20 ans à la Santé, l'autre il y a 4 ou 5 ans à la prison de femmes de Fleury Mérogis.
A chaque fois, je me suis dit que se protéger d'individus dangereux et leur faire comprendre quela sanction existe était évidemment vital pour une société. Mais tout dépend comment. Je me suis toujours indignée en entendant le pékin moyen dire "il n'a pris QUE 15 ans!". Celui-là n'est jamais allé dans une prison surpeuplée comme les maisons d'arrêt le sont en France, où ils sont à 5 par cellules, où quand deux sont debout, les autres doivent être couchés, où les latrines sont au pied des couchettes... Celui-là n'a jamais entendu les bruits des grilles, l'odeur de la prison, la tournée des surveillants avec leur plateau de tranquillisants... Celui-là n'a jamais vu la crèche des enfants nés en prison et qu'on retire à leur mère à l'âge de deux ans (ce qui est sans doute nécessaire, mais peut-on imaginer l'arrachement pour la mère et l'enfant?).
Oui, la prison, c'est la privation de liberté, pour un an, dix ans, vingt ans, mais ce ne devrait être que cela, et c'est déjà suffisant... Tous ceux qui pestent contre les prisons 5 étoiles (j'en connais peu!) devraient aller y passer une journée, rien que pour voir... Evidemment, l'idéal serait de construire suffisamment de prisons pour éviter d'en faire des ours en cage. L'idéal serait de juger vite afin que les détenus ne restent pas des années dans les maisons d'arrêt en attente de leur jugement. L'idéal serait que des peines d'intérêt général pour les petites sanctions prennent le relai des prisons d'où certains ressortent souvent plus gravement délinquants qu'ils y sont rentrés.... Mais demander de l'argent aux contribuables pour cela est courageux, donc rare. Et les citoyens râlent, qui pensent que la société doit se venger plutôt que sanctionner et tenter de réhabiliter pour les faire sortir...
Donc à Singapour, j'ai eu l'opportunité de visiter hier la prison de détenus purgeant des peines de longueur moyenne: 10 ans en général.Pas question d'idéaliser. Je n'ai vu aucune cellule et ne sais rien de la surpopulation ou pas. Je ne sais pas si la prison que l'on m'a fait visiter n'est pas une exception (elle contient quand même 10.000 détenus, et Singapour étant un Etat-ville de 4,5 millions d'habitants, il n'y en a pas des dizaines). Je ne connais pas non plus l'ampleur de la sévérité de la justice à Singapour, dans cette démocratie dite "autoritaire". La peine de mort existe (mais aux USA aussi), les peines pour trafic de drogue sont lourdes, mais loin de moi de porter un jugement sur un système pénitentiaire que je ne connais pas et a fortiori sur un système judiciaire qui m'est inconnu et qui ne doit pas être le nôtre. Donc prudence. Mais je veux juste raconter ce que j'ai vu, dans cette prison de Changi rénovée en 2004.
D'abord l'accueil des familles: elles ont la possibilité de voir leur parent détenu deux fois par mois, et s'inscrivent sur internet de chez eux ou sur des bornes dans le hall d'entrée. Une fois ils se voient via une petite salle de vidéo conférence, une fois en face à face, avec ou sans contact, selon la dureté de la peine prononcée. La vidéo a évidemment pour défaut de ne pas être au contact du détenu, mais permet aux familles qui résident à 3/4 d'h de la prison ou aux personnes âgées de se rendre dans plusieurs centres de Singapour, pas loin de chez eux, reliés au système vidéo.
Quant aux programmes élaborés pour les détenus, il a été fait un pari sur l'expression artistique. Selon les éducateurs que j'ai vu, elle leur permet d'apprendre à s'exprimer autrement que par des mots dans une civilisation qui n'exprime pas beaucoup ses émotions par la parole. Elle leur permet d'apprendre la discipline et le travail en équipe. Elle leur permet d'accéder à une expression artistique qui ne peut que leur ouvrir d'autres horizons que ceux du monde d'où ils viennent. Elle leur permet enfin d'apprendre suffisamment pour trouver (il y a peu de chômage ici) un emploi à la sortie, soit dans des ateliers pour les plus doués, soit dans les écoles qui n'ont pas assez de profs de musique ou de dessin et qui les engagent.
Certains font donc de la peinture, de la poterie, de la sculpture. D'autres jouent des saynètes de théâtre. D'autres se consacrent à l'apprentissage du chant. D'autres enfin à la musique, cours de solfège, puis apprentissage d'un instrument, et les guitares, saxos, flutes, batteries et violons sont achetés par la prison en grand nombre afin que chacun puisse pratiquer sur l'instrument qu'il a choisi.
Je les ai entendus jouer de la musique, je les ai vus jouer des petites scènes de la vie d'un détenu (celle de sa sortie, bien sûr...) sous la direction de profs de théâtre bénévoles qui viennent quelques heures par semaine faire leurs cours et les faire répéter. Je les ai entendus chanter des mélodies malaises, ou Sole Mio. Je les ai vus enfin dans l'atelier de peinture, aux couleurs vives (s'il n'y avait des grilles de temps en temps dans les couloirs, et quelques gardiens en uniforme pour rappeler qu'on est en prison, les murs colorés et les lumières douces font plutôt penser à des salles de classe). J'ai parlé un peu avec eux devant des toiles qu'ils apprennent à peindre, sachant que ces condamnés pour avoir dealé de la drogue, ou pour s'être livrés à des holds ups et qui sont en prison depuis un moment et pour très longtemps encore, n'avaient jamais approché un pinceau, un guitare, ou lu une partition avant leur emprisonnement.
Alors, encore une fois, pas d'angélisme. Une prison reste une prison, même ultra moderne et propre comme un laboratoire, et un crime reste un crime. Mais j'ai été émue plusieurs fois: par les efforts des gardiens heureux de faire autre chose que des fermetures et ouvertures de cellules; par des chants joliment interprétés, et par certains de leurs dessins. Laissez moi juste vous raconter l'un d'entre eux. C'est une toile noire, blanche et grise. Le bras d'un détenu dont on ne voit pas le visage ou le reste du corps, passe à travers les barreaux d'une grille, stylo à la main, pour plonger ce stylo dans un encrier, qui lui, est au dehors et d'où s'échappent des gouttes d'encre bleue, seule tache de couleur de la toile. Cette toile disait beaucoup de choses: la cage, la liberté, la création accessible même enfermé, la couleur et donc la vie au dehors seulement mais à laquelle on essaie de rêver... J'ai trouvé ce dessin, de ce jeune homme qui avait l'air doux et fier de montrer son oeuvre - mais qui par ailleurs était peut-être un redoutable gangster - poignant. Je ne vais pas l'oublier vite.
L'excès de l'ordre (de la propreté ou de toute autre chose) nuit à l'ordre. Arrêtez ces singas pour rien:
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/portfolio/2009/11/14/le-sommet-de-l-apec-a-singapour-garanti-100-sans-manifestations_1267027_3216.html#xtor=RSS-3208
Rédigé par : attila | 14 novembre 2009 à 12:12
http://www.tmz.com/videos?autoplay=true&mediaKey=62152611-ff7b-4587-afc8-fd24394d2386
Danse avec... des baleines!!!!!!
Rédigé par : Charlotte Goulmy | 14 novembre 2009 à 12:01
J'avais remarqué le "au temps pour moi" et m'étais demandé si c'était juste ou l'effet du décalage horaire. Merci Michèle donc de ns éclairer, cette formule étant plus souvent orale qu'écrite, j'aurais certainement fait une faute d'orthographe. Nous avons une chance d'être sur un blog tenue par quelqu'un qui a une si bonne orthographe !!!!! J'ai entendu l'autre jour que l'on donnait des cours de français de base dans une université où des jeunes préparent une licence de lettres .... Oui, oui, c'était nécessaire.
Merci beaucoup Anne pour votre témoignage qui nous éclaire. Le pays des Lumières visiblement aurait des leçons à prendre pour toute cette place donnée aux arts. Dès que l'on donne du temps à la créativité, on prend le bon chemin. Le seul hic, c'est la peine de mort qui est toujours là. Mais comme vs le dites bien dans votre commentaire, beaucoup de points vs sont encore étrangers pour pouvoir comparer d'une manière complète, mais vs avez l'avantage d'être allée dans les prisons françaises. Et on le sait, la première impression est très marquante. Je ne connais des prisons que les docus télé. Certains ont été très éclairants. Je pense que la façon dont on traite les prisonniers en dit long sur le pays dans lequel on se trouve.
Rédigé par : Françoise Dumont | 14 novembre 2009 à 10:33
Bonjour Anne, Toutes et Tous.
La liberté prison !
C’est un oxymoron….mais celui là je l’aime bien !
Nous sommes en tant qu’individu notre propre système d’incarcération !
Prenez une feuille de papier, un crayon…et un compas !
Sur la dite feuille faites des points éparpillés, désordonnés avec des distances variables entre eux et, isolez en un dans un coin de la page ! Sur ces points figurant des êtres humains appliquez la pointe métallique du compas et tracez des cercles en vous astreignant à ce tous viennent juste en contact d’un autre cercle :
ils se touchent mais ne se superposent pas !
C’est ainsi que l’on peu voir combien notre liberté est un espace fini, et souvent de peu de place dès lors que nous vivons en société !
Le point isolé qui semble posséder un champ de liberté plus vaste pourrait être un homme sur une ile déserte !
Sa liberté subira les contraintes de la nature physique de l’ile, du désert, ou bien la prodigalité de l’endroit où il se trouve !
C’est ainsi que je représente la liberté lorsque je tente d’expliquer à mes mômes le fallacieux concept de liberté !
Ce leurre étrange!
La seule et unique liberté qui n’empiète pas sur celle des autres et celle de penser en silence !
Oui la liberté est une prison !
Ce qui me ramène à Byron et à cette phrase que j’ai, je crois déjà citée, tirée de son Prisonnier de Chillon, seules prisons avec la conciergerie que j’ai visitées, si lourde de signification :
« Mes chaines même étaient devenues des compagnes, tant une longue accoutumance contribue à nous faire ce que nous sommes. Et moi-même je ne repris ma liberté qu’en soupirant ! »
Rédigé par : Account Deleted | 14 novembre 2009 à 10:23
Héééééééééééé..... Chère Anne Sinclair...... Héééééééééééé.... Très chère Anne Sinclair..... Bonsoir.... Héééééééééééé..... Chère Anne Sinclair...... Hééééééééééé...... Comment vous dire?....... Hééééééééééé..... Très chère Anne Sinclair, votre post sur la prison, m'interpelle vraiment..... Héééééééééééé..... C'est un sujet qui me concerne énormément...... Héééééééééééé..... Surtout en ce moment!...... Hééééééééééééé..... La prison as toujours été un sujet pris très au sérieux, quand j'étais Président du RPR, cela vas sans dire..... Hééééééééééé..... Moi.. Charles Pasqua mon ami de 30 ans.. Alain Juppé.. Nous avons toujours été très attentif à ce sujet, au combien important pour les Français.... Hééééééééééééé..... Et chère Anne Sinclair, je vous le dit comme que je le pense, je suis pour l'abolition de la prison!....... Hééééééééééé..... Eh oui chère Anne Sinclair, avec l'âge, on change....... Héééééééééé..... Ah j'ai reçu un mail de Dominique..... De Villepin, je vous rassure!..... Et par conséquent, vous m'excuserez, mais je dois vous laisser...... Hééééééééééé..... Chère Anne Sinclair, je vous souhaite une bonne soirée..... Post Scriptum: Hééééééééé..... Chère Anne Sinclair, vous ne seriez pas intèressée pour prendre en pension Sumo, le week-end prochain?
Rédigé par : Jacques Chirac (vends CX Pallas de 1995) | 13 novembre 2009 à 23:33
SO MUCH TO CELEBRATE: Hope Galley, a Stage 4 cancer survivor, and William Kurpiel dance after their wedding at Marriott Ranch in Hume.
By Ellen McCarthy
Sunday, Nov 15, 2009
Hope Galley and William Kurpiel weren't quite a couple in June 2006, when she developed leg pains in the middle of a 16-mile run.
Still, she called him in the days that followed, after doctors told her it was a blood clot, not a cramp.
Galley and Kurpiel had dated on and off for years. The two had first met in 1999 as colleagues at Cisco Systems, and two years into a teasing, sports-talking friendship, they began to date. Both were type-A sales executives and driven endurance athletes -- Galley, then 35, was training for her 12th marathon when the clot was found. They were devoted to the careers that drew them together, even as those jobs habitually pushed them apart. He joined an intense start-up company. She had to be overseas. One of them would call it off.
"We'd break up for two months at a time, then we'd get back together. Then we'd break up for two months," Galley says. "That was pretty much our cycle for five years."
Their relationship was at a high point in December 2005, when Kurpiel proposed in grand fashion at the Willard Hotel. But the engagement didn't stick -- "we just couldn't figure it out," she explains -- and a few months later the ring was returned.
As doctors investigated the source of the clot and treated an accompanying infection, the romance was rekindled. Both continued to work, Galley sometimes taking an intravenous pole with her to the office so she wouldn't have to miss meetings while taking her prescribed medications.
The root of the problem baffled Galley's doctors until late August 2006, when one of them called her at home, where she was spending the evening alone. "You have cancer," he told her. "Can you come in tomorrow?"
Doctors couldn't say why, but a skin cancer cell had grown into a 13-centimeter tumor that was wrapped around Galley's femoral vein at her pelvis. Immediately Galley, ebullient and headstrong, decided she'd take a Lance Armstrong path to recovery. "Oh, I'm going to get through this and I'll raise money and I'll be an advocate and maybe this is why this happened," she recalls thinking. "I immediately thought I was going to be one of those people who changed the world."
Then sitting across from a doctor with Kurpiel and her parents, Galley asked how far the cancer had advanced. "It's stage four," she was told. "And I remember thinking to myself, 'Well, thank God it's not stage five,' " she says. "But there is no stage five. That just tells you how naive I was about cancer. Stage five is like death."
Galley was told to get her affairs in order. The doctor turned to her parents and said, "We'll try to take as good care of her as we can for as long as we can."
Radiation was scheduled, but Galley stalked out of one hospital room after looking the doctor in the eye, concluding he didn't know what he was doing, and telling Kurpiel and her parents, "I'm not going to die here today."
She knew something had to be done, but after meeting with various specialists, refused to sign on to their treatment plans because, she says, "No one was telling me, 'You're going to live.' "
An intensive research effort led Galley to send her charts to a doctor at John Hopkins University she thought could help. Follow-up calls went unreturned after she was told the office was overbooked and couldn't squeeze her in. Galley was despondent by the time a Cisco executive e-mailed, asking if her prognosis was really as bad as the folks at the office were saying. Galley replied that it was, and maybe worse.
That afternoon Cisco's chief executive officer made some calls, Galley says, and by the end of day she was asked when she could come in.
"It becomes a matter of who knows who," Kurpiel says. "And fortunately for her, our company had enough connections to get her an appointment."
That week she met Robert Giuntoli, a gynecologic oncologist who walked into the room, hopped up on the exam table and told Galley he'd looked at her films and he could get the tumor. "He was so cocky and confident," she says, "I just knew he was too arrogant to let me die on the operating table."
The night before her surgery, though, Galley was overwhelmed with fear. Sitting at the bar of Old Ebbitt Grill, she asked Kurpiel, "How about if I die?"
Kurpiel, now 51, is a tall cowboy of a man who speaks very little, but tears up as Galley tells their story. "We're both softies," she says. "He's a quiet softy and I'm a loud softy."
Kurpiel responded that evening by pulling out the engagement ring he'd given Galley nine months before. "I know you'll do good for us," he told her. "I know you won't let us down."
"You never know how people are going to react in crisis," says Galley, 38. "But he turned out to be the man I'd always hoped he was."
Giuntoli and another surgeon, Ritu Salani, successfully removed the tumor. Damage to her sciatic nerve left Galley with no use of her left leg except the quad muscle, and they had to operate again the following spring when a cancer cell was found to have contaminated her scar.
But last November, with Kurpiel's strong encouragement, Galley did her "comeback tour," eventually completing the New York City Marathon with a handcycle. After she'd been cancer-free for two years -- and they'd been together steadily for three -- the couple planned a wedding.
On Nov. 7, they were married under a giant ash tree at Marriott Ranch in Hume, Va. "Keep making me laugh," he told her during the ceremony, "so I don't cry."
Kurpiel had written a speech, but was too emotional to give it. They both broke down once, though, at the sunset reception, when Galley took the microphone, thanked their 80 friends and family members for coming, and then addressed physicians Giuntoli and Salani.
"Thank you for helping us," she said.
Rédigé par : Charlotte | 13 novembre 2009 à 22:20
Merci à vous aussi, Robert du Canada, d'avoir livré votre témoignage carcéral. Je vois que ce sujet déclenche des réactions emotives chez vous tous... Je m'en réjouis.
Rédigé par : Anne Sinclair | 13 novembre 2009 à 16:45
Bonjour !
Il y a 35 ans, dans une autre vie, le prof d'école secondaire (= lycée) que j'étais alors a été affecté pendant un an dans un "centre de détention" (dans le système fédéral canadien = une prison à sécurité dite minimale réservée aux personnes en attente de leur procès ou à celles condamnées à des peines inférieures à 2 ans) pour y faire cours (français, histoire et géographie) à des ados en difficulté. Oh le joli euphémisme !
Je confrime. Traitez les gens avec respect et dignité malgré les crimes / délits commis, aidez-les à se dépasser eux-mêmes, ayez les mêmes exigences que dans une école "normale" et, surtout, une fois la sentence terminée, aidez-les à se ré-insérer dans la société (accompagnement, aide au logement, à trouver un boulot, suivi personnel et professionnel, etc.) et, dans de très nombreux cas, les petits criminels d'hier (je ne peux parler pour les grands et les endurcis) s'en sortent.
Un des mes anciens élèves est aujourd'hui mon comptable. Il faut savoir qu'au Canada votre comptable c'est aussi celui / celle qui remplit votre formulaire d'impôt... Il faut donc un minimum de confiance !
Si c'est cela une prison 5 étoiles, eh bien il en faut tout simplement. Pour les petits criminels du moins. Elle peut ouvrir la porte de la citoyenneté responsable.
Cependant, cela demande aussi du temps, du temps et du temps.
Et lorsque le contribuable que vous êtes voit la facture, qu'il / elle se dise que ça fait quand même des grands criminels en moins...
Bref, il y a véritablement retour sur investissement. À plus d'un niveau d'ailleurs...
Rédigé par : Robert | 13 novembre 2009 à 16:32
Merci Michèle pour votre réaction. elle me rappelle le sentiment que j'ai eu à chaque fois que je suis entrée dans une prison d'avoir le bonheur de sortir ensuite à l'air et au soleil.
Ghislaine, bien sûr quand je disais "que 15 ans", je ne parlais pas de ce que ressentent les proches qui ont droit à toute réaction violente, mais la société, l'extérieur, le non concerné qui peut se permettre d'avoir une approche non passionnelle.J'ai toujours pensé qu'on ne pouvait pas en vouloir au type qui souhaite la mort au meurtrier de son enfant, mais c'est des autres dont je parlais.
Jog, je suis assez d'accord avec le Otan pour moi! Plus sérieusement j'aime bien votre idée de la création qui commence quand on cesse d'avoir peur. ce eut ete la peur de soi, du regard des autres. cela s'appelle aussi la liberté...
Rédigé par : Anne Sinclair | 13 novembre 2009 à 16:29
Re bonjour, ou bonsoir heure de Singapour Anne, re bonjour à tous
Quel magnifique témoignage Anne dont vous nous gratifiez !
En ce qui concerne la première partie relative aux conditions de détention dans les maisons d’arrêts françaises, en vous lisant je me revoyais âgée de 25 ans à peine au tout début de ma vie professionnelle. Pour les besoins de mon travail, j’avais visité une de ces prisons de centre-ville, les détenus nous voyaient défiler dans leurs cellules surpeuplées, sales, je dirais même crasseuses, j’étais envahie par un sentiment de malaise intense, c’était un choc pour moi que cette plongée dans l’univers carcéral !
C’est pour cela qu’hier je vous écrivais que j’avais été marquée à vie par cet après-midi là à demeurer enfermée quelques heures, je n’aspirais qu’à une chose retrouver l’extérieur et l’air frais.
Comme vous le dites la prison ce ne devrait être « que » la privation de liberté, encore faudrait il que celle-ci ne s’applique qu’à des détenus jugés pour leurs crimes et délits et pour le temps le plus court possible aux détentions provisoires de présumés innocents ce qui est loin d’être le cas en France.
Ensuite, effectivement, une cellule demeure une cellule et je bondis lorsque j’entends parler d’hôtel de luxe qui plus est dès lors que l’on voit des téléviseurs ou autres objets. Pouvoir avoir un lit correct, un bureau ou une table pour pouvoir écrire à ses proches, faire des études, nombre de détenus vont se réinsérer dans la société du fait de ces études entreprises en prison, et surtout pouvoir bénéficier non pas d’une salle de bains digne d’un 4 étoiles, mais au moins de toilettes séparées, c’est l’image qui me choque le plus, les toilettes en plein milieu de la cellule, collées aux lits ou aux paillasses devrais je dire.
Oui, comme vous le dites il est difficile pour des hommes politiques de dire à leurs concitoyens, une partie de vos impôts va être consacrée à moderniser, quel terme, humaniser serait plus adéquat nos prisons.
Et pourtant, la société dans son ensemble en serait bénéficiaire, si les conditions de vie des prisonniers étaient plus décentes, moins dégradantes, et sans tomber dans l’angélisme non plus, je suis bien d’accord, tout le monde y gagnerait.
Beaucoup de détenus ayant purgé leur peine se réinsèreraient beaucoup mieux du fait du maintien de leur dignité durant toutes les années passées en prison, le taux de récidive serait moindre aussi car à vivre dans de telles conditions certains détenus ressortent remontés contre la société bien plus qu’en y entrant, ce qui est tout de même le contraire du but recherché…
Anne, votre émotion est palpable tout au long de la description que vous nous faites de cette visite à Singapour.
Permettre que les visites des proches se fassent de la manière la plus aisée possible, c’est très important. Quel que soit le crime commis, les détenus qui ont de la famille, une femme, des enfants devraient pouvoir continuer à garder un minimum de liens avec ceux-ci, c’est important pour eux et importants pour la famille de ne pas voir ce lien se couper.
Et puis permettre aux détenus d’exercer une activité artistique, existe t-il une meilleure manière de faire que la privation de la liberté physique, d’aller et de venir ne s’accompagne pas non plus de la privation de leur liberté de création, dessiner, chanter permet de demeurer un être humain, cela vaut mieux que de rester enfermé toute la journée durant des années dans sa cellule comme un animal en cage en ne rêvant que de vengeance une fois sorti.
Rédigé par : Michèle Doige | 13 novembre 2009 à 14:46
... quelle empathie.
Bon retour à DC ou Paris?
Rédigé par : attila | 13 novembre 2009 à 14:45
AS: on comprend pourquoi vous admirez Simone Veil, elle qui a visité tant de prisons et avec quel empathie.
Rédigé par : attila | 13 novembre 2009 à 14:42
Que "15ans", c'est difficile à entendre mais c'est difficile à vivre quand on a été violé (c'est pour la vie), quand un proche a été torturé, tué ou maltraité. Effectivement, c'est peu.
Mais au-delà de ça, dans l'idéal la prison devrait être, même pour ces individus, humaine, même très humaine, car alors, l'emprisonnement serait encore plus dur à vivre.
Pour les lourdes peines, 1 cellule par personne avec sanitaires à part, travail obligatoire pour payer l'électricité, l'eau et la nourriture comme le citoyen moyen.
Pour les peines de vol sans violence : bracelet électronique avec remboursement des dommages voire le remboursement de l'argent perçu malhonnêtement par la saisie de la fortune comme pour MADOFF.
Dommage que l'exil n'existe plus car pour certains, il pourrait être proposé de faire sa peine dans les DOM TOM.
Mais c'est l'idéal car comment financer les structures : par la privatisation des murs ? la création d'une fondation qui aiderait l'Etat à la construction de bâtiments ?
Enfin pour la réinsertion des cas les moins graves, il serait temps que l'on nous dise la vérité sur l'efficacité de telles mesures.
Rédigé par : ghislaine | 13 novembre 2009 à 14:40
Bonsoir Anne, Bonjour Toutes et Tous.
C'est seulement lorsque nous n'avons plus peur que nous commençons à créer.
Et son funeste corollaire :
C’est lorsque nous avons peur que nous commençons à détruire !
Sans doute Anne votre prisonnier avait il cessé d’avoir peur !
Sans doute a-t-il dépassé son emprisonnement physique pour apercevoir en lui cette liberté éblouissante de l’expression, son identité profonde…pas celle de Besson !
Tout délit ou crime nait de l’insatisfaction à réaliser ses désirs.
Beaucoup dans la peur de la loi, du quand dira-t-on, de la morale, ne franchiront pas le cap, d’autres s’affranchiront de cette peur là et sombreront dans ce que j’appelle la « création négative » !
Un crime, terme générique, demande autant de ressources que la création d’une œuvre artistique !
Seul le degré de connaissance atteint fera la différence sur la qualité de « l’œuvre » accomplie.
Votre prisonnier dans sa geôle à découvert l’autre versant de la création et y a trouvé pour un temps un repos…
Sa réintégration réussie le maintiendra pour toujours de ce côté-là !
Si le système pénitentiaire ne l’a pas laminé auparavant.
Alors se pose la question, et vous la posez de l’utilité de la peine de prison lorsque l’on regarde aujourd’hui le gâchis humain qu’elle produit !
La seule pétition que j’ai signée dans ma vie était celle de l’Obs sur les prisons…sans trop croire qu’elle aboutirait !
Michèle et Robert :
Otan pour moi !
Il y a débat sur la question…pas certain du tout que le militaire l’emporte sur le cumul des reproches !
Mais bon la caca démise recommandant le au temps pour moi on va opter immédiatement sur ma version plus facile à écrire !
Philippe
« Faudrait d'ailleurs qu'il lui parle aussi de l'identité de ses amis qui placent leurs profits en dehors de notre cher pays. »
C’est à mon avis la seule identité française admissible :
Est français celui qui paie ses impôts en France et ne va pas en Suisse en Belgique ou au Lichtenstein se planquer !
Celui qui participe à l’amélioration de l’aisance collective ! J’aime bien celle là elle n’est pas fausse !
Je ne parle pas des ex-pats…Je crois qu’il y en a quelques uns sur ce site !
Rédigé par : Account Deleted | 13 novembre 2009 à 14:15