Ce n’est ni une nouvelle série, ni un nouveau record mais le récit pudique et prudent d’Hillary Clinton de ce soir devenu historique où elle a suivi, aux côtés de Barack Obama, la prise d’assaut de la cache – pas si cachée d’ailleurs – d’Osama bin Laden.
Dimanche dernier, ils étaient en effet une dizaine – généraux, secrétaires et proches conseillers, réunis autour du président américain dans la fameuse ‘Situation Room’ pour suivre les progrès de l’opération ‘Neptune's Spear ’ ("Trident de Neptune") : "nous étions tous intensément concentrés sur ce qui se passait et sur les informations qu’on nous rapportait, [ayant tous conscience] que la mission que le président venait d’ordonner était très périlleuse."
(“We were all concentrating so intently on what we were doing and what we were learning about this very dangerous mission that the president had ordered.”)
Trente-huit minutes d’attente et souffles retenus que la secrétaire d’Etat résume avec intensité: "Je pense que tout être humain peut deviner le flots d’émotions qu’on peut ressentir [dans ces moments-là]. Trente-huit minutes pendant lesquelles nous n’avions aucune prise sur la situation, aucun moyen de faire quoi que ce soit, si ce n’était d’espérer et de prier pour que les hommes [du raid] réussissent leur mission et reviennent sains et saufs. (…) Mais vous ne savez pas ce qu’il se passe jusqu’au moment où ça se passe et tout le monde dans la pièce retenait son souffle, attendant pour ce mot final, ce ‘mission accomplie’ qui signifierait que l’opération a réussie et que tous les membres du raid d’assaut avaient quitté les lieux indemnes."
(“I think any human being can appreciate the flood of feelings that one would experience. This was 38 minutes where we had no way to do anything other than – and then hope and pray that the men who were carrying it out would do so successfully and safely. (…) But you don’t know until it happens, and probably everybody in that room was holding their breath, waiting for the final word that the mission had been accomplished and that all of the Americans taking part in it had successfully left the scene.”)
Quant aux réactions des uns des autres après que le message "Geronimo-E KIA" (pour "Geronimo, [nom de code de bin Laden], Ennemy Killed in Action") se fit entendre pour aviser du succès de l’assaut, Hillary Clinton ne dit peu de choses, si ce n’est l’intense soulagement et le sentiment de la mission accomplie.
On sait que la Maison Blanche a donné pour mot d’ordre de ne céder ni au triomphalisme ni aux paroles vengeresses.
Peu de détails donc. D’ailleurs, sur l’assaut en lui-même, tout a déjà été dit, démenti et corrigé. Reste un commentaire personnel sur une photo prise durant les "38 minutes les plus longues" de sa carrière, montrant une Hillary visiblement choquée et qui a fait le tour de tous les journaux et les télés ici. A la journaliste qui, à la fin de l’interview, évoque ce cliché pour demander à la secrétaire d’Etat si les femmes sont capables de prendre des décisions en matière de guerre, Hillary Clinton réplique : "Il ne doit pas y avoir de fausses barrières pour les femmes qui veulent exercer une fonction militaire ou politique au plus haut niveau. Une femme doit être capable d’exploiter pleinement son potentiel et tant qu’elle est qualifiée, on doit lui accorder le respect, [la crédibilité] et les responsabilités qui vont avec sa fonction."
(“For women who are willing to do the work required in the military or in politics at the highest level, we should not have false barriers. A woman should be able to fulfill her own potential, and as long as she is qualified to do so, be given the respect and the responsibility that goes with that”.)
Pas mal, non, en ce jour de Fête des Mères (aux Etats Unis)? Après tout, pourquoi il n’y aurait que dans 24 heures que le président serait une présidente ?
Bonjour Madame Sinclair . Homme ou femme , l'essentielle est le meilleur résultat .Preuve en France , Nicolas Sarkozy a été sauver par la crise mais je pense que Ségolène Royale aurait été meilleure .
Rédigé par : joe | 09 mai 2011 à 11:57
Très bien Anne Sinclair.
Trève de plaisanterie. Voici la vidéo que chacun peut visionner en complément de votre message.
http://www.cbs.com/e/Nfyz3SdJOIGYqQoEiM8SQSjr6BnZ7PaV/cbs/1/
Rédigé par : Petrus | 09 mai 2011 à 11:27
Bonjour
Une question me vient à l'esprit que personne ne semble avoir évoqué.
Ou elle est idiote ou elle est délicate :
en dehors de l'aspect moral ou vengeur de l’exécution du criminel, capturer ben laden n'aurait-il pas été fondamental en matière de source de renseignements ?
Puisque le capturer a été "si facile" et qu'il n'a pas offert de résistance, ne doit-on pas se demander si ce n'est pas un énorme gâchis en matière d'intelligence sur le terrorisme ?
Quitte à le cacher pour pouvoir l'interroger tranquillement.
Quitte à le présenter comme mort pour cela.
Je ne suis pas client des théories paranoïaques et complotistes mais je me pose la question : le gouvernement américain et ses agences de renseignements sont-ils si mauvais ?
Enfin, ce n'est que ma modeste opinion...
Rédigé par : Herve | 09 mai 2011 à 10:49
Oh là là. Est-ce là, chère Anne, une façon de tendre une perche de l'autrre côté de l'Atlantique ;-)
Bonne fête... des mères, puisque enfants vous avez.
Rédigé par : Petrus | 09 mai 2011 à 10:05
Bonjour de sunny Toulouse!☼☼☼
(on aura 27°C today!)
Lady-Anne, je vous cite:"Après tout, pourquoi il n’y aurait que dans 24 heures que le président serait une présidente?"...
Mrs Clinton a déjà laissé comprendre qu'elle préférerait un éventuel "poste" de nana=granny après 2012, mais comme vous êtes née à NYC, pk pas vous?!... Btw, nous vous croyons sans nous présenter votre birth certificate! D'ailleurs, comme je l'ai déjà mentionné pour ceux qui n'ont tjs pas pigé, votre blog intercontinental s'appelle "Le Blog d'Anne Sinclair, épouse-DSK, future POTUS"!;-)
Il y a une autre question qui me turlupine, mais je me "console" car je ne suis pas la seule... après l'élimination de ben-laden dont on parle au conditionnel présent ou passé, au fait: à quoi auront servi les guerres d'Afghanistan et d'Irak depuis une dizaine d'années, les 2 menées au nom de la lutte contre le terrorisme?!... à y établir la liberté et la démocratie ou à forger le sentiment de plus en plus fort que les USA et ses alliés occidentaux mènent une guerre "de civilisation"(what?!) contre l'islam?! - que nenni, not at all, hélas! Ces 2 "sales guerres" auront renforcé le radicalisme des fondamentalistes, en répandant, en accentuant le mépris et la haine des USA chez les plus pauvres et les plus influençables, qui sont prêts à devenir des bombes humaines et des martyrs.
Quant au Pakistan, selon Daily Times, il n'y a aucun doute: ben-laden était protégé par l'état-major pakistanais à Abbottabad, autrement comment il aurait pu y "survivre" sans que les USA ne le dénichent?! On constate qu'après "buci", en ce qui concerne l'Afghanistan et le Pakistan, Obama continue la même politique, justifiée par le 9/11. Pk??? alors que bush, cheney, rumsfeld, blair & Co sont des criminels de guerre, mais ils ne seront jamais inculpés, condamnés. Pour les reps, la vraie raison est qu’une guerre est "good politics"(grrr!), afin de requinquer une administration en voie d’échec électoral. "Patriotism is the last refuge of a scoundrel."(Samuel Johnson), en français:"le patriotisme (prétendu?!) est le dernier refuge d’une canaille." Bien, voyons, allez "une bonne guerre"(sic!) peut rassembler tout le pays derrière soi, right?! En lisant la presse-US et européenne, on réalise l'indulgence pour bush&ses acolytes, alors qu’il n’y avait aucune raison d’attaquer et occuper l’Irak, que ses prétextes-motifs étaient imaginés ou fondés sur des faux, que le renversement et l'élimination d’une dictature n’est là que pour "justifier" le dernier recours...:-(
question cynique: quels sont le poids et l'influence des lobbies des compagnies d'armement dans toutes ces décisions de partir en guerre?... réponse cynique, aussi: bcp d'emplois, because un monde sans guerre(s) ce n'est pas "bon"=rentable pour toutes ces compagnies qui génèrent d'énormes revenus et alimentent la recherche, le développement de la high-tech. Un cercle plus que vicieux, car souvent fatal pour les civils...:-(
On se rappelle de Cindy Sheehan, une mère qui a perdu son fils en Irak en 2004, qui a campé près du ranch des bush à Crawford, TX, devenue anti-war activist... Elle est déçue par politique du Prez-Obama "for deciding not to release the bin Laden's death photos on the basis that “they don't want to create a backlash.”, pas de théorie du complot, mais comme des millions de gens, elle veut connaître la vraie version de la suppression de l'ennemi n°1 des USA:
http://www.presstv.ir/usdetail/178897.html
Rédigé par : Mélanie | 09 mai 2011 à 08:56
@ Charlotte : qu'ai-je dit qui me vaut cette réaction ?
Rédigé par : Françoise Dumont | 09 mai 2011 à 07:53
Bonjour !
L'autre élément qui frappe mes "amis français" dans cette photo... la place "secondaire" occupée par BO.
Quelqu'un qui n'est pas au courant pourrait ne pas savoir que c'est lui le POTUS !!!
Ah c'est vrai qu'aux USA les choses "secondaires" sont tellement plus simples, moins rigides, moins codifiées, moins ritualisées.
À ces étonnés, je répète que, when push comes to shove, absolument tout le monde sait qui détient le pouvoir suprême...
Rédigé par : Robert | 09 mai 2011 à 06:49
Intéressant. Mais j'aurais aimé en savoir plus sur les émotions qui sous-tendent la fameuse photo.
J'ai eu le privilège, lors d'une session de l'IHEDN de voir un général nous raconter avec émotion, les yeux rougis, son vécu de chef de guerre en Bosnie, lorsque nous avions des soldats pris en otages ...
Je ne crois pas qu'il y ait de honte à parler de ses sentiments. Et une prise de décision sans sentiments ne me séduit guère.
Le refus d'évoquer la dimension émotionnelle, c'est en tout cas ce que j'entends dans le dernier propos d'Hillary CLINTON tel que rapporté, me déçoit un peu.
Si l'on veut que les hommes expriment mieux leur émotion y compris en terme de décision, il ne faudrait pas que les femmes cherchent à masquer les leurs au prétexte que nos conventions leur accordent plus facilement ce droit quand bien même c'est utilisé à leur discrédit par certains.
Le droit à la sensibilité doit être revendiqué. Et cette sensibilité devrait être une exigence vis à vis des leaders politiques.
Rédigé par : Songoh Khan | 09 mai 2011 à 04:31