Depuis dimanche matin, ils passent et repassent les images de l’arrivée de Barack Obama au palais impérial de Tokyo, palabrant sur cet impardonnable signe de faiblesse qu’ils analysent à longueur de journée ; s’interrogeant sur la juste façon de saluer le couple impérial et comparant avec les visites des autres leaders, jusqu’à faire une véritable question nationale de ces quelques secondes de protocole , expliquant combien cette attitude dite de "soumission" mettent tous les Américains dans une situation inconfortable.
Le jugement est sans appel : en s’inclinant de la sorte, Obama est accusé de faire montre de toute son infériorité, voire de sa vassalité envers les puissances étrangères car, comme ils le rappellent, celui-ci avait déjà déclenché les mêmes réactions lors de sa visite au roi Abdullah d'Arabie Saoudite en avril dernier.
Les élucubrations de Fox New
(Regardez, ça vaut le coup, y compris la blonde qui se demande comment placer ses mains pour faire un angle de 90°! ☺☺☺☺)
Et tandis que tous les médias s’interrogent sur ce signe de faiblesse présumée et alors que la Maison Blanche cherche à clore la polémique en expliquant qu’il s'agit d'un simple geste protocolaire, c’est la performance, le 16 novembre, de Stephen Colbert - l'un des meilleurs humoristes américains qui fait son show tous les soirs sur Comedy Central) - qui semblerait bien être la meilleure réponse et qui déchaîne les rires - en tous cas de la jeune génération qui comme chez nous avec les Guignols, ne voit souvent la politique qu'à travers le prisme de l'humour.
Prenant les journalistes de la Fox à leur propre jeu, ce dernier a ouvert son émission en reprenant leurs arguments et parodiant leurs montages vidéos. Tout en satire et en dérision, il annonçait, avec la même gravité dans la voix et le même aplomb dans les paroles, comment Obama, à peine sa tournée en Asie entamée, avait déjà fait honte à l’Amérique en se courbant ainsi devant le couple impérial. Et allant lui aussi de son conseil et de son analyse, Colbert s’empressait d’ajouter, avec les images de W. Bush recevant le roi d’Arabie Saoudite à Camp David défilant derrière lui, que pour affirmer sa puissance devant un leader étranger, il est impossible d’imaginer une révérence mais "il faut, au contraire, l’embrasser sur les deux joues et lui prendre la main"… (voire, plus tard, se faufiler sous le burnous et lui caresser la poitrine"…)
Je vous passe les répliques style "ouais, en faisant une telle révérence, Obama apparaît encore plus faible que le double menton de Karl Rove", mais je vous laisse découvrir (pour les anglophones) la vidéo et ses jeux de mots!
Quelle histoire pour une seconde de salut déférent! Nous, Français, on a fait moins de façons quand Carla Bruni a fait la révérence à la Reine d'Angleterre! Heureusement que la France Républicaine qui a guillotiné sa Reine ne s'est pas offusqué. C'aurait été stupide, son geste était tout simplement courtois.
J'ajoute que l'Amérique qui n'a jamais manifesté de regrets pour les centaines de milliers de morts d'Hiroshima et Nagasaki, n'avait peut-être pas à jouer les fanfarons. Mais c'est une autre histoire...
C'est vrai qu'on n'est pas obligé de respecter le protocole. Obama aurait pu lui mettre une grande claque dans le dos, à son pote l'Empereur... Pas sûr que l'Amérique - merci M. Bush - aurait alors réussi à se faire pardonner son hautaine vis à vis du monde!
Et même s’il n’a pas encore été payé de retour (c'est le moins qu'on puisse dire) pour le nouveau climat qu’il tente d’instaurer vis-à-vis de la Chine et de ses autres partenaires asiatiques, BO a lui aussi entendu souligner à Shangaï et à Pékin que les Etats-Unis, en parlant d’égal à égal avec son homologue chinois plient mais ne rompent pas.
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