Ce n'est qu'un discours, direz-vous. Sans doute, mais les grands orateurs font faire de grandes choses à leur peuple. Et les discours sont grands quand ils portent au-delà des mots.
Celui qu'Obama prononça ce mardi à Oslo en recevant son Prix Nobel de la Paix, fait partie de ses grands moments, comme Sénateur, comme candidat, comme Président. Il est de la veine de son discours de la Convention de 2004 qui fit de lui une révélation. Il est du même registre que celui prononcé à Philadelphie sur le problème racial après la controverse née des propos du Pasteur Wright, qui fit de lui un homme courageux. Il est de la trempe de celui du Caire où il sut reconnaître la grandeur de l'Islam là où les Bush/Cheney n'avaient vu que des ennemis, et qui fit de lui un Président éclairé.
Celui d'Oslo était celui d'un homme sage et modeste, qui a su intelligemment d'emblée reconnaître que son prix Nobel de la Paix pouvait lui être justement contesté: "Compared to some of the giants of history who have received this prize -- Schweitzer and King; Marshall and Mandela -- my accomplishments are slight" "A côté des géants de l'histoire qui ont reçu ce prix, Schweitzer et King, Marshall et Mandela, mes réussites sont minces".
La deuxième qualité de ce discours fut son honnêteté. Il admet qu'un Président peut être inspiré par Gandhi ou Luther King, mais affirme qu'il ne peut pas être entravé dans son action uniquement par des paroles de non-violence. "[As] a head of state sworn to protect and defend my nation, I cannot be guided by their examples alone. I face the world as it is". "En tant que Président qui a juré de protéger et défendre son pays, je ne peux pas", dit-il, " être guidé par ces seuls exemples. Je dois faire face au monde tel qu'il est". Et de fait, pour un Président qui conduit deux guerres de front (comme il l'a dit) et vient même de renforcer son effort sur la deuxième (comme il n'a pas dit), il ne pouvait guère mieux reconnaître le paradoxe.
L'accueil fut enthousiaste à Oslo et aux Etats-Unis où beaucoup de monde a considéré qu'il avait été à la hauteur de l'honneur qui lui était fait.
Cet homme a muri - il n'est que de voir ses tempes devenues beaucoup plus grises en un an. Cet homme a un poids énorme sur les épaules. Et pourtant cet homme, alors que face à la caméra il tenait son Prix Nobel à bout de bras pour les photographes, avait l'air ému et le sourire heureux d'un étudiant aux anges qui vient de recevoir son beau diplôme devant sa famille rassemblée ...
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