Ce qui se passe en Syrie, où la répression est sanglante et promet de l'être encore plus, illustre bien les limites du droit international, de la réponse que peuvent faire les Etats, de leur légitimité à agir, du soutien ou de l'indifférence de leur opinion publique, voire de l'impossiblité d'envoyer des troupes.
En quoi ce que fait Assad est-il fondamentalement différent de ce que faisait Kadhafi à Benghazi? Pourquoi la mobilisation internationale ici et pas là? Et question subsidiaire: quand faut-il donc intervenir, à quel moment la légitimité est-elle reconnue, a-t-on les moyens de le faire? Rarement ces questions ne se sont posées avec autant d'acuité qu'en ce moment où deux guerres internes sanglantes opposent deux dictateurs à deux peuples révoltés...
Il n'est pas sûr que quiconque ait la réponse: on peut toujours s'abriter derrière l'ONU qui ne peut pas prendre de résolutions à cause de l'opposition de la Chine et de la Russie (qui regrette d'avoir voté l'intervention en Libye). Mais imaginons même que l'ONU prenne une initiative de condamnation? Enverrait-on les troupes de l'OTAN bombarder les chars d'Assad? Même en Libye, on voit les limites de l'engagement sans troupes au sol. Et quel pays accepterait aujourd'hui que ses soldats prennent des risques pour Misrata?
Les Etats sont fragiles et démunis devant les dictateurs qui ne cèdent pas le pouvoir. "La situation en Syrie est devenue inacceptable" ont dit Berlusconi, Sarkozy, et l'ensemble des dirigeants de démocraties occidentales. le Foreign Office ajoute "on ne peut pas faire tout partout, et il faut connaître nos propres limites". Quant au State Department, il condamne bien évidemment, mais s'arrête avant de dire qu'Assad n'est plus "légitime", l'expression qui fut employée par Kadhafi.
Ne rien faire? Insupportable. Ne rien dire? Impossible. Agir et comment? Doit-on accepter notre impuissance et dire aux insurgés de Deraa de lutter tous seuls contre les chars de l'amée de leur pays? Les sanctions? Pfff... Assad s'en moque. Les pressions, les arbitrages, les médiations?... L'arrêt des complaisances envers les régimes répressifs? Sûrement, mais ce n'est pas cela qui sauvera aujourd'hui les insurgés assiégés.
Il faudrait beaucoup d'imagination pour inventer une solution. On est réduits à poser les questions qui hantent en ce moment les citoyens du monde devant les milliers de morts syriens depuis 3 semaines.
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