Un ami me signale cet événement dont je n'avais pas entendu parler et qui s'est passé à Rome il y a quelques semaines. Et cela m'a bouleversée et réjouie. Voici l'histoire de Silvio Berlusconi bousculé par Giuseppe Verdi. Regardez aussi le lien que je joins, car il faut écouter la vidéo, voir les spectateurs debout et les chanteurs qui pleurent:
"Le 12 mars dernier, Silvio Berlusconi a dû faire face à la réalité. L’Italie fêtait le 150ème anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : Nabucco de Verdi, dirigé par Riccardo Muti.
Nabucco de Verdi est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone, et le fameux chant « Va pensiero » est celui du Chœur des esclaves opprimés. En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple, qui dans les années 1840 - époque où l'opéra fut écrit - était opprimé par l'empire des Habsbourg, et qui se battit jusqu'à la création de l’Italie unifiée.
Avant la représentation, Gianni Alemanno, le maire de Rome, est monté sur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans le budget de la culture du gouvernement. Et ce, alors qu’Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi.
Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu, d’autant plus que Sylvio Berlusconi en personne assistait à la représentation…
Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution : « Au tout début, il y a eu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencé l’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant Va Pensiero, j’ai immédiatement senti que l’atmosphère devenait tendue dans le public. Il y a des choses que vous ne pouvez pas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence du public qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le Va Pensiero allait démarrer, le silence s’est rempli d’une véritable ferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle et perdue ! ».
Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certains s’écriaient déjà : « Bis ! » Le public commençait à crier « Vive l’Italie ! » et « Vive Verdi ! » Des gens du poulailler (places tout en haut de l’opéra) commencèrent à jeter des papiers remplis de messages patriotiques – certains demandant « Muti, sénateur à vie ».
Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986, Muti hésita à accorder le « bis » pour le Va pensiero. Pour lui, un opéra doit aller du début à la fin. « Je ne voulais pas faire simplement jouer un bis. Il fallait qu’il y ait une intention particulière. », raconte-t-il.
Mais le public avait déjà réveillé son sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné sur son podium, faisant face à la fois au public et à M. Berlusconi, et voilà ce qui s'est produit :[Après que les appels pour un "bis" du "Va Pensiero" se soient tus, on entend dans le public : "Longue vie à l'Italie !"]
Le chef d'orchestre Riccardo Muti : Oui, je suis d'accord avec ça, "Longue vie à l'Italie" mais...
[applaudissements]
Muti : Je n'ai plus 30 ans et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j'acquiesce à votre demande de bis pour le "Va Pensiero" à nouveau. Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l'histoire de l'Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment "belle et perdue".
[Applaudissements à tout rompre, y compris des artistes sur scène]
Muti : Depuis que règne par ici un "climat italien", moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant... nous devrions donner du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notre Maison, le théatre de la capitale, et avec un Choeur qui a chanté magnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tous ensemble.
C’est alors qu’il invita le public à chanter avec le Chœur des esclaves. « J’ai vu des groupes de gens se lever. Tout l’opéra de Rome s’est levé. Et le Chœur s’est lui aussi levé. Ce fut un moment magique dans l’opéra. »
« Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention des politiciens. »
Encourageant et émouvant, isn't it? Finalement, Verdi a gardé son pouvoir révolutionnaire. Au moment de l'Unité Italienne, le public scandait VERDI pour Victor Emmanuel Re d'Italia! La culture a toujours été subversive!
@ Annie,
Bonjour Annie, comptant parmi les fidèles lecteurs, je me permets de vous dire que ces si vous avez un doute sur les propos d'Anne alors, passez votre chemin.
Ici règne une ambiance assez rare, d'échange dans un bon esprit. Votre remarque était forte intéressante et les commentaires qui ont suivi aussi. Ne venez pas gâchez ces moments rares d'échanges avec ce type de remarques. restons dans une dynamique positive...
Je suis sure que d'autres fidèles seront d'accord avec moi.
Rédigé par : delphinem | 21 avril 2011 à 15:12
C'est bien ma chance ! La première fois où Anne parle de l'Italie, je suis en territoire italien et san marinese, et ne suis même pas en mesure de témoigner. Je suis décidément toujours à contre temps !
Ceci dit, si le concert de Mutti a fait du bruit dans les média, cet évènement a été vite recouvert par la décision française, aussi inutile stratégiquement que désastreuse en matière d'image, de fermer la frontière ferroviaire entre la France et l'Italie pendant plusieurs heures.
http://img.photobucket.com/albums/v199/tikta/resto.jpg
"La France montres ses muscles et bloque tous les trains en provenance d'Italie".
La préfecture des Alpes Maritimes a ainsi bloqué 14 convois, bloquant des milliers de voyageurs dans l'espoir d'empêcher l'entrée en France d'environ 150 tunisiens, pourtant porteurs d'un laissez-passer italien valable dans tout l'espace Schengen. En tout, seuls six ( oui, 6 !) tunisiens seront arrêtés au cours de cette opération qui aura ridiculisé la France et l'Union europenne.
La presse italienne a longuement disserté sur "l'égoïsme d'un pays qui à la première occasion reprend sa parole donnée, les traités signés et transforme le tout en papier mâché".
Comme si le débarquement d'africains sur l'ile de Lampedusa était une question exclusivement italienne. Ou dans les territoires africains espagnols, une question exclusivement espagnole. Ou dans la région de Calais, une question exclusivement française.
Comme pour minimiser la faute, un représentant du ministère de l'Intérieur français a signalé qu'un des trains avait été stoppé par la préfecture d'Imperia, ce qu'a immédiatement démenti Francesco-Paolo di Menna, Préfet d'Imperia. Non seulement ridicule, mais en plus menteur !
J'en reviens à mon dada habituel. L'Europe, la vraie, celle que j'appelle si ardemment de mes vœux, reste à construire. Il faudra bien un jour construire une véritable police européenne des frontières, et se dépêcher d'oublier l'illusoire agence Frontex.
Le constat de Roberto Maroni, ministre de l'Intérieur pour lequel on ne peut m'accuser de sympathie, est d'une cruelle vérité :" l'Europe de la solidarité n'existe pas." Nous l'avions déjà constaté au sujet de l'Allemagne envers la Grèce.
Il y a encore tant de chose à construire dans cette Europe de mes rêves.
PS : pour en revenir au sujet de ce post, la seule chose qui me gène avec "Va pensiero", c'est que la Ligue du Nord de l'apocalyptique Umberto Bossi, partisan du démantèlement de l'unité italienne, veut en faire l'hymne national à la place de "Fratelli d'Italia" qui glorifie l'Unité Italienne. Composé par Mamelli, il se dit qu'il a été en partie orchestré par Verdi.
Rédigé par : Frederic Audibert | 21 avril 2011 à 12:53
Bien sûr, cette prise de conscience est très importante, et le moment très émouvant, mais je ne pourrai plus vous croire quand vous relaterez des faits; je ne pourrai pas m'empêcher de penser : est-ce vrai ? veut-on m'influencer ? me manipuler ? me tromper ?
Rédigé par : Annie | 21 avril 2011 à 09:44
L'opéra.........Lundi 18 avril,
Oui il semble que la représentation du 17 mars de notre belle année à Rome a compté dans l'assistance la présence du président Napolitano et du président du Conseil Berlusconi de la république italienne et non pas celle du 12 où le chef Mutti a fait son envolée révolutionnaire, ovationné par le public présent. .
Mais Peu nous chaut que Berlusconi fut présent ou non, qu'il se soit fait admonester en direct ou en différé, l'important bien sur c'est le symbole. C'est l'éternel retour. Le caractère intemporel de la musique et de l'opéra. Ce phénomène d'écho qui se renvoie de représentation en représentation au fil du temps.
A cent cinquante ans de distance il provoque toujours les mêmes émotions, les mêmes sensations, raconte la même histoire, permet la même stigmatisation, celle d'un pouvoir néfaste, inepte, absurde, bouffon et déclinant.
Le cinéma, le septième art celui qui englobe tous les autres raconte lui magnifiquement cette histoire de l'indépendance de l'Italie à travers deux films d'un des plus grands réalisateurs italien, le prince rouge, Luchino Visconti.
Senso tout d'abord dont la séquence d'ouverture est filmée sur la scène de la Fenice de Venise- le passage du 3ème acte du Trouvère de Giuseppe Verdi, où Manrico renonce à Leonora pour sauver sa mère de la sentence de mort proférée à son encontre par le comte de Luna, et le chœur qui s'ensuit -, aurait, selon Franco Zeffirelli, collaborateur de Luchino Visconti, trouvé son inspiration dans cette mémorable soirée du 2 février 1953, donnée à la Scala de Milan, dans laquelle Maria Callas, égérie du cinéaste, interprétait Leonora. Il décrit ainsi cette représentation auquel il assista, en compagnie de Luchino Visconti :
"Au début du quatrième acte quand la soprano vient sur le devant de la scène, pour offrir au public son chant, le chant de la femme seule dans la nuit, près de la tour où son bien-aimé est prisonnier, l'impression était vraiment extraordinaire, bouleversante. Cette impression suggéra probablement à Visconti ce qui aujourd'hui est un film qui s'appelle Senso."
Senso c'est l'histoire d'une descente aux enfers à travers un amour fou d'une aristocrate italienne éprise de l'indépendance de son pays pour un officier de l'armée d'occupation autrichienne. Un lâche et un veule qui la trahira bien sur pour de l'argent et qui la poussera par amour pour lui à trahir sa patrie en devenir.
C'est donc l'histoire d'une esclave de l'amour. Une de ces esclaves qui pourrait chanter avec le chœurdu Nabucco de Verdi le « va pensiero » et pleurer sur sa patrie si belle et perdue. A la fin du reste elle trahira doublement et son amant qu'elle dénoncera pour désertion et qui sera fusillé par les siens et sa patrie l'Italie et elle finira dans la folie.
L'autre grand film du maître qui traite de la même période c'est bien sur le Guépard. Il faut que tout change pour que rien ne change.
Le héros le prince di Salina pourrait lui aussi se lamenter sur sa patrie perdue mais au contraire de la comtesse lui il ne la trahira pas en refusant l'offre d'aller à Milan occuper un siège de sénateur dans le nouveau royaume comme le lui demandait l'envoyé du roi le chevalier.
Mais c'était pas la même patrie, lui c'était sa vieille patrie du Sud celle des Bourbons du royaume de Naples et des deux Siciles. Et l'on voit à travers son personnage que le vers était déjà dans le fruit dès cette indépendance. Les populiste de la ligue du Nord Jog, éternel retour, en reprenant le chant de Verdi ne font que reprendre la propagande des conquérants du Nord de l'époque.
Ils reprochent au Sud un état fait de dépendance et de parasitisme auquel la prise de possession de leurs ancêtres du Nord n'est pas étranger. Nous dirons qu'il y pour le moins partage de responsabilités.
Ce Sud arriéré et incapable de se gouverner et de vivre sans la tutelle raisonnable et éclairée du royaume du Nord est un mythe créé pour l'occasion pour justifier la domination.
Aujourd'hui on sait que c'était largement exagéré. Le Sud féodal et arriéré de Sicile connaissait du coté de Naples une modernisation non négligeable. Son port était au moins aussi efficace et industrieux que celui de Gènes quant aux chemins de fer ils étaient en avance sur ceux du Nord.
L'indépendance ne va pas apporter le progrès au Sud mais au contraire va le plonger dans la régression mafieuse et la gestion romaine, privilégiant le Nord et qui ne sera pas un modèle du genre explique en partie les problèmes rencontrés aujourd'hui par la classe dirigeante italienne et par le peu d'appétit du peuple pour les célébrations de son indépendance.
Visconti montre bien à travers le guépard les enjeux de cette'indépendance, d'un coté une veille classe aristocratique auquel il appartenait, oh combien, décadente, à l'énergie appauvrie par la consanguinité, confer la sublime scène du bal, et de l'autre une bourgeoisie avide, vorace et en pleine ascension. La valse du prince avec la petite fille de pepe Mierda, l'éblouissante Claudia Cardinale.
Enfin paradoxe coutumier à l'histoire, l'indépendance italienne aboutira au détriment de l'empire autrichien finissant et sur les décombres du pouvoir temporel de la papauté, grâce à la victoire de la Prusse des junkers sur la France impériale de Napoléon III.
Fin donc de l'église temporelle héritière de l'empire de Rome,avec son Pape enfermé dans son Vatican et émergence d'un nouvel empire aristocratique celui de Berlin. 40 plus tard il précipitera son monde féodal celui de l'aristocratie européenne avec sa paysannerie dans une guerre des tranchées fratricide au nom de la défense de cette terre qui ne ment pas.
Cette guerre mettra une fin alors là définitive au système de domination de l'aristocratie né du haut moyen age et des temps féodaux.
Rédigé par : François Fonlac | 18 avril 2011 à 16:47
Annie, je ne sais pas si Berlusconi etait ou non dans la salle le soir de Nabucco. Mais l'événement n'était pas là: il était dans cette prise de conscience du monde de la culture (artistes, chef d'orchestre, spectateurs) que l'Italie allait t`res mal. Et c'est la force symbolique de l'affaire qui en a fait l'événement!
Rédigé par : Anne Sinclair | 17 avril 2011 à 21:31
Bonjour Madame,
Dans l'émission de Mr Paoli aujourd'hui sur France Inter, un de ses invités qui était lui même présent à cette représentation (je crois qu'il s'agit de Gilles Pécout) a été formel : Berlusconi n'assistait pas à la représentation du 12 mars (celle que vous relatez) mais à celle d'une date ultérieure. Il a dit aussi q'une émission d'Arte avait présenté un montage d'images montrant (faussement) Berlusconi lors de cette représentation.
Ce serait bien que vous vérifiez les faits avant de les rapporter.
Et surtout que vous dénonciez cette manipulation.
Rédigé par : Annie | 17 avril 2011 à 14:50
Fidèle Lectrice depuis 4 ans, et pour les bonnes raisons de ce blog (!), je viens grâce à vous de vivre une lecture magique. Vous racontez magnifiquement cette soirée à l'opéra de Rome.
J'ai failli versé ma petite larme tout comme la fois où vous aviez raconté l'histoire du violoniste Jushua Bell et du métro de Washington. D'ailleurs un réalisateur français a fait un court métrage, en s'inspirant de cette histoire dont voici le titre " 7:57 Am-Pm, 11"
Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire voici le pitch:
Le 12 janvier 2007, Joshua Bell, un des meilleurs musiciens au monde, a interprété dans le métro de Washington, quelques-unes des plus belles pages de la musique sur un Stradivarius de 1713.
Quarante-cinq minutes plus tard, plus de mille personnes étaient passées devant lui sans vraiment lui prêter attention et il n’avait récolté que quelques dollars.
Le 25 mai 2009, le violoniste, Renaud Capuçon, a tenu à participer à un court métrage en interprétant sur la ligne 6 du métro parisien « La Mélodie d’Orphée » de Christoph Willibald Gluck sur un Guarnerius de 1737 surnommé « le vicomte de Panette ».. :
Voici le lien pour voir la vidéo :
http://vimeo.com/17688367
Je pense le sujet de Rome serait aussi le parfait sujet d'un court métrage.
Rédigé par : delphinem | 17 avril 2011 à 09:17
euh, j'devais etre en mode j'raconte ma life,là!! mdr pfff y Fais n'imp, le ty Gwen!! lol sorry ;-)
Rédigé par : Gwen78 | 16 avril 2011 à 16:46
Fute fute la Victoire... En voilà un angle inattendu!!!
Rédigé par : Charlotte | 16 avril 2011 à 15:20
J'avais oublié de vous répondre Anthony, mais rivegauche le fait pour moi. Comme je ne voulais pas commenter, je vous ai fait unn clin d'oeil !! c"etait gentil!
Rédigé par : Anne Sinclair | 16 avril 2011 à 14:54
Benedictus qui venit in nomine Domini.
http://joglesconneries.typepad.com/files/brhams-curzon-cto-1-maestoso.m4a
http://joglesconneries.typepad.com/files/brahms-curzon-cto-1-adagio.mp3
Brahms a écrit cette phrase liturgique en intitulé du second mouvement de son concerto n°1 pour piano.
On suppute, ce qui est vraisemblable, qu’il rend hommage à son ami Schumann décédé, qu’il appelait ainsi :
- Mein Herr Domine !
Je lui préfère, par convenance personnelle et tendres souvenirs, la supputation qui fait de ce mouvement un portrait de Clara Schumann dont il était éperdument amoureux.
Un des mouvements écrit pour ce concerto se retrouvera dans son Requiem Allemand, écrit dans la douleur de la disparition de son Maître et ami Schumann. Je vous en ai parlé ici au cours d’une balade Irlandaise du côté de Skellig.
J’ai écouté ce concerto, pour la toute première fois, j’avais seize ans et me tenais debout appuyé sur le bout d’un demi-queue, le visage dans les mains.
Devant moi jouait un Ange aux yeux verts de l’espoir, d’un avenir promis beau, à l’irréel et éternel sourire.
Sa musique vint à moi du haut de ses dix sept années rayonnantes d’amour.
Ce fut le plus beau concert de toute mon existence !
Szell dirigeant le LSO ne fut jamais aussi extraordinaire que cette soirée là !
Jamais notes ne me pénétrèrent autant et ne laissèrent traces indélébiles face à l’oubli.
Ce fut, je le crois, ma véritable naissance et, la louange des cœurs à l’unisson qui cette nuit là emplit notre univers étend encore son ineffable présence.
Comme la Neuvième de Schubert, ce concerto me reste un compagnon fidèle depuis ces temps lointains de mes jeunes années.
La musique et les lieux, tel le long fleuve tranquille, scellent nos souvenirs, passent outre l’oubli !
La version que vous écoutez est un prodige du disque, survoltée, fougueuse, rêveuse comme une ballade nordique dans le maestoso, les trilles de Curzon, l’énergie torrentielle du finale et les lignes raffinées de l’adagio, (sombre, limpide extatique, n’a jamais était encore égalé.)
Szell et Curzon empreignent une force prodigieuse au propos tout en faisant passer l’émotion poétique, d’une intimité inouïe.
On a parlé ici de la main gauche de Kissin!
A ce propos la Dame de céans a-t-elle écouté le concerto 27 de Mozart par Curzon et Britten ?
On disait de l’élève de Schnabel et de Nadia Boulanger qu’il était le plus grand mozartien vivant ! Il le reste aujourd’hui.
Il fit avec Szell l’interprétation du siècle du concerto n°1 de Brahms.
Ici, dans le maestoso, la main gauche de Curzon, entre nous je l’ai froide comme Luke, est fantastique d’intensité et dans l’adagio révèle bien autre chose que la simple technicité demandée au virtuose, tout comme dans le larghetto du 27éme concerto du Galopin de Salzbourg il y dévoile, par une combinaison exceptionnelle d’énergie et de calme, l’immensité de la générosité du cœur mozartien!
Il n’est dans le maestoso de virtualité pianistique spectaculaire demandée au soliste, bien que sa partition demeure passablement malaisée d’exécution.
Tout commence par une longue introduction orchestrale, avec un premier thème d’emblée véhément, sombre, volontaire, puis un motif en contraste émouvant, lyrique, et une suite de thèmes secondaires en si bémol mineur ; tous ces thèmes auront un rôle plus ou moins important dans le mouvement.
Le piano entre en demi-teintes en des enchaînements de sixtes mêlés à l’orchestre, puis il expose grand et nouveau thème, chant ample et mélancolique, sorte de choral, en fa majeur repris par les vents, puis les cordes. Le cor répliquera en douceur par le thème de l’introduction.
Traits d’octave au piano, le piano devient preste et fluide, avant que ne surviennent les puissantes secousses d’accords échangées entre piano et orchestre. La réexposition transitera par le fa dièse mineur et le ré majeur pour revenir au ré mineur du début.
Le climat du maestoso est partagé entre ardeur et rêve.
L’adagio est une sorte de cantique. Cordes en sourdines, puis au cor, le thème principal sous les doigts du soliste fait entendre une mélodie douloureusement interrogative aux chromatismes retournés. La partie centrale en montée progressive libère le motif joué par les bois, au rythme plus marqué. Retour au premier thème haussant l’adagio vers des sonorités plus profondes avec accord et grands arpéges au piano.
Coda beethovenienne par un triple trille du soliste !
La suite, c’est si vous volez le cd !
http://joglesconneries.typepad.com/files/mozart-k595-largo-curzon-britten-or.m4a
Je vous remets ici le larghetto du 27 éme concerto de Mozart par Curzon accompagné par Britten dirigeant l’English Chamber Orchestra enregistré en 1970 et publié par Decca dix années après la mort du soliste.
Il reste un must remarquable et incontournable !
Il nous fait pénétrer l’œuvre du Mozart d’age mûr, tout comme Lipatti le fit dans le 21.
Il nous offre à entrer dans l’univers d’humanité, de tendresse et d’élégance d’âme du Sacripant ! Lui qui jamais ne nous quitte sans nous remettre dans la joie, comme une excuse dite :
- Il n’est rien de grave ! Le savez-vous ?
Sur ce je vais faire la chasse aux pâquerettes et karchériser les dessous de la marquise parce qu’elle le vaut bien la cochonne !
C’est le printemps venu et temps aussi des emmerdes !
Rédigé par : Account Deleted | 16 avril 2011 à 14:31
Bonjour from sunny Tolosa!
(pléonasme périodique ou épisodique accepté!)☼☼☼
motto-:"moi aussi, je suis sexagénaire...":-)
Dear Lady-Anne,
je viens de "surfer" sur la presse nationale et j'apprends que votre blog est monitorisé 24/24 et nous autres, aussi...
Lots of "big brothers" are watchin' us!;-)
tiens, je pourrais demander des copyrights à certains soi-disants journalistes(hey, get a life, guys!) qui prétendent savoir des choses sur et de vous, chère Granny-Anne...♥:-)♥
Je me demande ce que my "daddy" en pense et je cite notre collègue Bloggy-bag aka "super-dark chocolate man" avec qui je suis d'accord:
"J'ai l'impression que l'humour d'Anne Sinclair n'est pas perçu par tout le monde.
Ah tous ces gens trop sérieux qui veulent donner de l'importance au vide des moments creux... Riez un peu, humez l'air printanier, soyez amoureux et vivez le cœur léger!"♪♪♪
eh, oui, cher ami, je pense à la fable du renard et des raisins (trop) verts, mais comme disait Pierre Dac:
"Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir." - relu, approuvé, signé:
My name is Bond,
Mélanie Bond.♪;-)♪
Rédigé par : Mélanie | 16 avril 2011 à 13:59
Merci pour ce lien parce que vous êtes la seule à parler de cet évènement.
Je comprends les Italiens et cet hymne est très touchant d'autant que vous le situez dans l'histoire de l'Italie, ce qui me touche beaucoup car mon grand père était Piémontais d'origine.
Les dirigeants d'aujourd'hui pensent pouvoir faire ce qu'ils veulent, que ce soit aux États-Unis en passant par l'Afrique, l'Europe.
Mais les peuples heureusement sont toujours là pour mettre certaines limites.
Je crois que S. Berlusconi ne se représentera pas et c'est bien dommage pour lui que le sexe est une telle emprise sur lui, vieil homme richissime.
Rédigé par : ghislaine | 16 avril 2011 à 13:23
Les révolutions se mènent en chantant et j'espère que ce soir là fut entonné le champ du départ (du changement italien ou de Berlu, à chacun de choisir).
En tout cas, cela met du baume au cœur !
Rédigé par : Bloggy Bag | 16 avril 2011 à 13:01
@ Mélanie;
J'espère bien que la vie commence à 40 ans, lol... Vu c'que j'ai ramé... Un repos du guerrier s'impose mdr J'espère que mes 40 ans, (c'est dans deux tout petits mois), seront l'occasion de tirer un trait definitif sur tout pleins de choses, de tourner de biens lourdes pages, de cicatriser enfin toutes mes plaies... Ça me fait plaiir de lire ça:"on dit que la vie commence à 40 ans"
Fin pychologue: oui,très , ce sans en avoir de cursus qui soit lié de près ou de loin à ce bien vaste et complexe domaine... J'ai beaucoup lu sur ce qui s y rapporte a la fois par passion et en meme temps pour me "soigner" avec la rage de m'en sortir et de venir a bout de mes pourquoi... Aller a la recherche de l info, par travail perso, c est une demarche que je recommande à toute personne en souffrances...
Pour ce qui est de mon regard, c'est la seule chose qui ne soit pas fidèle a la réalité, c'est moi mais plus avec ma personnalité... J'ai un regard très dur , très noir source souvent de malentendus... Ça inquiète, ça m attire très souvent des emmerdes, ça met mal à l'aise, ou ça fait peur... C'est ... comment dire... très iantch !!!! désolé de ma vulgarité mais c'est le mot exact.... lol Donc, quand une femme rentre dans la pièce, si je la regarde, ben ça sert plus a rien d etre beau gosse, elle prend peur... mdr
Pour le "taylor", il m'aurait fallu une beautifull eyed taylor rich if possible... mdr!! Non, pas de rich taylor, single avec une pension d'invalidité '2 ème catégorie, si tuvois ce que c'est) d'ou notre différence question remplissage de life.... Donc not rich mais je me defend pas trop mal, une chance d etre ancien employé carrefour, parce qu en cas de maladie on est bien protégé(ce devrait etre partout pareil, une prevoyance unvalidité obligatoire prelevée sur la paie en cas d accident de la vie), (tiens une idée, euh...j ai rien dit, mdr d'ici que demain dans la presse on lise qu on croit deviner des idée potentielles de programme qui emergent de votre blog par brainstorming, PTDR!! je plaisante, bien entendu en toutcas si quelqu un la reprend j en tirerai fiereté lol la 1 ere avancée, enfin depuis 4 ans lol)
My english... ;-) Même à l'écrit je véhicule a french english? Ben j ai les deux Normandy and Bretagne lol Lycée en normandie et une partie en finistere... Mes sejours en angleterre? 1 semaine a londres XPTDR!! C'est pas avec ça que j'vais faire le fier... lol
Euh.... Mon com est totalment hors sujet!!! mdr
Fin psychologue mais quel bavard!! mdr
Rédigé par : Gwen78 | 16 avril 2011 à 12:42
Gwen,
Ce que je dis mais qui fait rire autour de moi : nous vivons dans un asile à ciel ouvert. Que voulez-vous ? Il faut bien que les gens puissent s'exprimer, dans un pays où tout est fait pour les garder dans le déni de leur état.
Rédigé par : So | 16 avril 2011 à 11:44
@gwen78 dit:
"Ajoutons a cela, une augmentation constante de maladie mentales en proportion de la population dans la population dans nos société occidentale.... "
restless ou hypomane, qu'importe, dans les deux cas un break s'impose !
;-)
Rédigé par : rivegauche | 16 avril 2011 à 10:56
@Mélanie
intéressant cet article effectivement, même si elle n'aborde qu'un seul angle, celui qu'elle appelle la culture. les blocages sont plus complexes en France. Moi qui suis de gauche, quand je parle de ces blocages, on me classe d'emblée à droite.
c'est pourquoi je tiens et je m'accroche au mot "Liberal" pour désigner la gauche ! tant qu'on ne remet pas la gauche à la place qui est la sienne, il y a des idées qu'elle ne pourra pas faire passer, et des verrous qu'elle ne pourra pas faire sauter sous peine d'être taxée de droite.
c'est la quadrature du cercle, je ne vois pas comment on peut s'en sortir .... euh ... je suis entrain de faire ma pessimiste là ....bon ben je suis Française après tout, j'ai une réputation à défendre ! LOL ;-) et comme en plus je suis "d'origine immigrée" comme on dit aujourd'hui, je dois aussi prouver que je suis bien intégrée. voilà, la boucle est bouclée !
;-)
Rédigé par : rivegauche | 16 avril 2011 à 10:44
♥ Haha Mélanie, j'aimerais bien être une journaliste basée à NYC. Mais il faudrait d'abord que mon anglais soit au moins du niveau de celui de Raffarin:
http://www.youtube.com/watch?v=ZV3L2y7UwNQ
Sur l'Italie, on m'a fait découvrir un lien très intéressant: on voit Roberto Saviano s'exprimant avant-hier au Festival International de journalisme de Pérouse sur le concept de diffamation. Il explique très bien comment dans l'Italie actuelle, quiconque ose s'exprimer contre Berlusconi se retrouve automatiquement déligitimé dans sa personne même:
http://triskel182.wordpress.com/2011/04/13/come-funziona-la-macchina-del-fangosaviano-apre-il-festival-internazionale-del-giornalismo/
Comme c'est italien, je m'empresse de traduire (mal) en français les phrases fortes pour les non-spaghettophones:
"Se ti poni contro il Governo, non arriverà la polizia politica ma sai che prima o poi arriverà qualcosa sul tuo privato”: si tu t'opposes au Gouvernement, ce n'est pas la police politique qui arrivera en premier à toi, mais quelque chose sur ta vie privée.
“La macchina del fango è un meccanismo persecutorio che non mira solo a distruggere un avversario, ma che sta scardinando ogni possibile patto di fiducia all’interno di questo Paese. Fermarla equivale a difendersi da un acido corrosivo.” :
"la machine de la boue (i.e la diffamation) est un mécanisme qui ne vise pas seulement à détruire et persécuter un adversaire, mais qui écarte toute possibilité de pacte de confiance à l'intérieur de ce pays. Arrêter cette machine infernale équivaut à nous défendre d'un acide corrosif"...
Rédigé par : Clara | 16 avril 2011 à 10:37
@Anthony
le smiley représente un clin d'oeil.
ce n'est pas négatif.
perso, je l'aurais pris avec un sourire.
après, vous, vous prenez un clin d'oeil comme vous voulez ;-)
Rédigé par : rivegauche | 16 avril 2011 à 10:18
Bonjour Madame, bonjour tout le monde,
Ses pitreries, ses masques de "beauté" enlaidissant, ses gesticulations théâtrales grotesques, ses numéros de play-boy vieillissant et volage à souhait, ses scandales financiers et toutes les "casseroles" qu'il traîne derrière lui, son Empire du lucre qui sent le soufre et pue la vénalité, son ex-parti politique "Forza Italia" qui s'apparentait plus à une association de mafiosos en cols blancs plutôt qu'autre chose et autres extravagances et frasques aussi criardes les unes que les autres, Silvio Berlusconi est un parfait personnage tout droit sorti de la Commedia dell'arte et dépassant même, dans le réel, en fourberies et en friponneries le "fictionnel" Mascarille lui même!
On parle toujours de l'humour anglais, de la gaieté française, du witz allemand et de la bouffonnerie italienne...
Berlusconi à l'Opéra de Nabucco est tombé sur plus bouffon que lui!.
Révolutionnairement et salutairement bouffon!
Rédigé par : Ozymandias | 16 avril 2011 à 10:12
@Adiou Gwen,
on dit que la vie commence à 40 ans, mais pour certains à 50 ou plus (tard)...;-)
j'ai laissé de côté ma déformation professionnelle, so my question is:
- do you speak (and write-wrote-written) Bretagne or Normandy English?...:-)
Je suppose que your taylor is as rich as mine...;-)
En tout cas, je te "devines" fin psychologue, dont la définition serait:
une personne qui regarde une autre personne, dès qu'une jolie femme entre dans la même pièce... correct me if I'm wrong, please!;-) Amitiés ensoleillées.
Rédigé par : Mélanie | 16 avril 2011 à 08:56
@Hi Yul,
merci, eh oui, effectivement... et j'ai fredonné:
http://www.youtube.com/watch?v=ZieT688QoXQ&feature=related
"Do you do you Saint-Tropez
Do you Do you Do you Saint Tropez
---
On peut marcher pieds nus à Saint Tropez
Pas besoin de costume à Saint Tropez
Un vieux blue jeans suffit pour s'habiller.
C'est la tenue rêvée de Saint Tropez..."
===
mais le vieux blue-jean ne suffit plus...:-)
Rédigé par : Mélanie | 16 avril 2011 à 08:38
Sélène,
Je peux témoigner que, oui, la société est folle... Elle repose sur de nombreux mensonge... Et... Elle génère elle même la folie... J'ai pu le constater.. Les hopitaux psy regorgent d(individus aux parcours de vie effroyable... Et lorsque l'on voit à la télévision des faits divers style un gars qui pete les plombs en generant une tuerie dans le pire des cas, il ne faut surtout pas s'etonner... On génère une société individualiste, une société psychologiquement violente ou l'on categorise chacun en une case et ou l on fabrique l'exclusion... Le phénomène de violences dans les cité n'est que troop compréhensible... Puisque c est le resultat d un cumul d'aneries , d irresponsabilités et de mepris de minorité d'immigrés... Des cités ou dès le plus jeune age, l'avenir est bien plus difficile et sombre qu ailleurs des la naissance... Il ,
ne faut guere s en etonner... Et nous avons aujourd hui un irresponsable qui en rajoute une couche, avec un debar sur l identité nationale, sur l islam, qui qualifie de raccaille ces jeunes souvent exposé au chomage et victim de segregation...
Ajoutons a cela, une augmentation constante de maladie mentales en proportion de la population dans la population da,s nos société occidentale.... Il faut repenser nos modes de vies et de consommtion basée sur des marchés toxiques ou il faut vendre a tout prix et faire du chiffre... Regardons ce qu un enfant ou ado encaisse d acte violent en une heure de télévision ou en jouant à la playstation... C"est minimum 10 actes de violences par heures... Apres etonnez vous du resultat et de l impact degenerescent de nos sociétés... Merci aux studios d hollywood et aux tele qui relaient ces telefilms et films violents ... J'ai tenté de condenser ce qui devrait faire des pages et des pages et desolé, ce com melange plein d idees apparement sans lien sans rapports mais si, c'est un tout par cumul qui se surajoute et sont interdepedant...
Rédigé par : Gwen78 | 16 avril 2011 à 05:45
La simple suspicion de port d'armes ou substances illicites par un enfants aussi jeune est révoltante.. En sus, la palpation est longue et détaillée... comment expliquer cette attitude à un être innocent? Notre société est folle.. nous sommes en guerre contre la raison!
Rédigé par : Sélène | 15 avril 2011 à 20:46