De Dar es Salaam

35º, une lourde humidité, c'est la Tanzanie en mars, en Afrique de l'Est.

Et des sujets dans les journaux dont on ne parle pas ou plus en France comme aux Etats-Unis: un taux de sida qui à Dar es Salaam atteint presque 9%, soit plus de 3% de plus que le reste du pays. Des albinos et des vieillards, victimes de meurtres rituels. Des femmes et des enfants abusés. Sans parler de la pauvreté et de la crise. On est d'emblée dans des préoccupations qui dépassent nos propres problèmes...

Grande conférence de trois jours donc sur l'Afrique et les répercussions que la crise a sur elle.

Ainsi que nous l'évoquions la semaine dernière, les pays à bas revenus prennent de plein fouet la crise mondiale., avec la chute des échanges commerciaux, la baisse des revenus envoyés par les Africains de la disapora, et la diminution des investissements et de l'aide.

Kofi Annan le disait ce matin, ce sont des temps extraordinairement sérieux : cette crise - que certains désormais nomment une grande Récession - est pour l'Afrique un danger majeur. Au moment où ce continent faisait des progrès dans ses résultats économiques, dans son niveau de vie, il est touché gravement, alors que les pays qui le composent n'y sont pour rien. Cette crise, née en Occident dans les pays développés meurtrit profondément les plus pauvres. Alors, disait-il ne laissons pas cette crise être une crise pour rien, tirons-en au moins des leçons, un appel aux pays les plus avancés, et donc un message pour le prochain G20. Quand on pense que des insititutions privées (on pense à AIG) dans des pays développés ont reçu plus d'aide que l'ensemble du continent africain, les bras en tombent et la colère est grande!

C'est une question de survie pour l'Afrique disait un autre participant. 

"Merci de vouloir nous aider, mais si vous le faites après notre mort, ce sera trop tard" renchérissait un troisième.

"Ce qui se passe, est une condamnation de ce modèle de capitalisme qui a échoué", insistaient Jeffrey Sachs, professeur à Columbia ou Trevor Manuel, ministre des Finances d'Afrique du Sud.

Bref, un ton alarmiste, une exigence morale à sauver une Afrique qui n'y est pour rien, une exigence politique aussi pour tous les pays qui craignent une déstabilisation nés de conflits attisés par la misère...

Evidemment, c'est comme toujours politiquement dur à expliquer aux pays développés, qu'il faut accroître l'aide aux pays en développement, en même temps qu'on se préoccupe du sort de ses propres nationaux. Mais pour revenir à un sujet dont nous avons déjà débattu, c'est précisément cela, la beauté de la politique.

Comments

[Rédigé par : attila]

En 2004, j'ai effectué un voyage avec des amis en Zambie, Botswana et Zimbabwe: trois pays voisins et cependant fort différents dans leur gouvernance. En quelques mots, voici ce qui m'a frappé à l'époque:
-Zambie: les Etats-Unis faisaient du chantage à ce pauvre état en lui offrant des céréales dont il était dépourvu à condition qu'elles soient des OGM. Il a dû accepter cette offre contraint et forcé. Forts de ce "succès", les EU faisaient les mêmes propositions à d'autres pays africains. Je me demande quelles en ont été les conséquences de ces actes malveillants.
Voici la ferme où nous avons passé 5 jours:
http://www.AbantuZambia.org
-Zimbabwe: le bordel, des 4x4 clinquants des nouveaux privilégiés de Mugabe (similaires aux Lexus cambodgiens) circulant à vive allure. A côté, le peuple misérable dépourvu de tout, affamé dans un pays exportateur de produits alimentaires à peine deux ans au-paravent. Nous avons passé deux heures à la frontière parce que les fonctionnaires manquaient de formulaire pour la demande de visa, demande qui ne pouvait se faire qu'à la frontière et non dans les ambassades ...
-Botswana: impeccable, propre (il faut passer sur un tapis qui vous désinfecte, c'était la phobie de la vache folle), ordre et démocratie réelle, tout le contraire de ses voisins. Accueil souriant à la frontière et blagues sur la Belgique. Cerise sur le gâteau, les citoyens de l'UE n'ont pas besoin de visa. Quel bel exemple !

[Rédigé par : attila]

Voilà un post qui n'a pas été publié:
En 2004, j'ai effectué un voyage avec des amis en Zambie, Botswana et Zimbabwe: trois pays voisins et cependant fort différents dans leur gouvernance. En quelques mots, voici ce qui m'a frappé à l'époque:
-Zambie, pays bien connu de DSK, les Etats-Unis faisaient du chantage à ce pauvre état en lui offrant des céréales dont il était dépourvu à condition qu'elles soient des OGM. Il a dû accepter cette offre contraint et forcé. Forts de ce "succès", les EU faisaient les mêmes propositions à d'autres pays africains. Je me demande quelles en ont été les conséquences de ces actes malveillants.
Voici la ferme où nous avons passé 5 jours:
http://www.AbantuZambia.org
-Zimbabwe: le bordel, des 4x4 clinquants des nouveaux privilégiés de Mugabe (similaires aux Lexus cambodgiens) circulant à vive allure. A côté, le peuple misérable dépourvu de tout, affamé dans un pays exportateur de produits alimentaires à peine deux ans au-paravent. Nous avons passé deux heures à la frontière parce que les fonctionnaires manquaient de formulaire pour la demande de visa, demande qui ne pouvait se faire qu'à la frontière et non dans les ambassades ...
-Botswana: impeccable, propre (il faut passer sur un tapis qui vous désinfecte), ordre et démocratie réelle, tout le contraire de ses voisins. Accueil souriant à la frontière et blagues sur la Belgique. Cerise sur le gâteau, les citoyens de l'UE n'ont pas besoin de visa. Quel bel exemple !

[Rédigé par : philgood]

Welcome back Anne :)))
Dur de poster depuis un safari ... avec les éléphants qui chargent ? ok ok je sais bien que c'est un navigateur :)

[Rédigé par : Charlotte Goulmy]

http://www.huffingtonpost.com/2009/03/13/washington-post-folds-bus_n_174866.html

Très contente de vous savoir rentrée! En attendant à Washington tout change... même votre WP

[Rédigé par : Yul]

Un pays où cela va éclater d'un moment à l'autre : Madagascar ( à suivre)
Les partisans d’Andry Rajoelina,maire déchu de Tana, réunis sur la Place du 13 mai se préparaient à prendre d’assaut des ministères pour installer « leurs ministres ».La dissidence s’accentue au sein de l’armée,

[Rédigé par : anne sinclair]

@ tous: non, je ne me suis pas égarée, je n'ai pas été dévorée par les moustiques (quoique...), je n'ai pas été mangée par un hippo, je n'ai pas été saisie par le vertige de l'Afrique profonde au point de m'y dissoudre... Quoique vous lire - et notamment Blaise - pourrait m'en donner l'envie.
J'étais simplement sans connection internet pendant deux jours, si ce n'est sur mon Blackberry ou je pouvais vous lire, valider, mais non poster de commentaires...
Et je viens de faire 20 heures de voyages via Londres, je suis arrivée ce soir a Paris et suis un peu sonnée, ne serait-ce que par le passage de 35° extrêmement humides a 10° bien parisiens.
Mais c'est gentil de vous inquiéter de mon silence.
Je vais poster quelque chose de ce pas.

PS: j'ai de gros pbs techniques avec typepad, moi aussi. Je ne peux pas poster de Safari, et difficulté de valider mes propres commentaires...

[Rédigé par : Charlotte Goulmy]

http://www.huffingtonpost.com/2009/03/12/jim-cramer-on-daily-show-_n_174503.html

Jon Stewart pas drôle mais instructif. Nécessaire

[Rédigé par : Yul]

Merci Blaise

Ayant vécu dans un pays faisant parti du sub-saharienne pendant plus de 20 ans ( j'y suis née) , vous nous avez fait un bon ( pas beau) portrait de " what 's wrong with the continent" - non pas seulement des dirigeants de la majorité de ces pays plus ou moins colonisés à un certain moment de leur histoire mais aussi des magouilles. erreurs ou pressions faites pas les IFIs et les gouvernements occidentaux ou les gros "donors" . J'aime mieux être brève car sinon je pourrai divulger des choses et je serai dans des beaux draps :(

[Rédigé par : Brigitte - Alexandria VA]

Hmmm! Effectivement, je me demande si notre hôtesse ne s'est pas égarée en brousse sur le chemin des éléphants et des hippos.

Espérons que cela ne soit pas autre chose de moins drôle.

[Rédigé par : Marianne]

Bonsoir @tous

@Blaise d'Ottawa
Quand ils sont tous Occidentaux
(et j'ignore si Gérard, Pseudonymes1 et Marianne le sont)

Alors moi Blaise ,je suis compliquée je suis Occidentale à grave tendance Orientale assumée.

Vous avez un style magistral et c'est très enrichissant de vous lire.

Comme je n'ai pas votre talent, j'écris avec mes mots "les maux" de ma découverte Africaine ce qui a radicalement changé ma vie.

@Raphaël et Brigitte - Alexandria VA
Merci je suis très touchée

J'écris comme je vis et comme je pense .

http://www.dailymotion.com/video/x2e7r4_ne-quelque-part_music

[Rédigé par : Brigitte - Alexandria VA]

Je vois, Blaise, que les commentaires vous font réagir également. Oui, les Africains n’ont ni besoin de la pitié paternaliste et condescendante des riches du monde, ni que l’on se détourne d’eux par lassitude.

Il est bien difficile pour chacun d’entre nous, en particulier chez les occidentaux, mais cela est valable pour tout le monde, d’accepter que nous ne détenons pas LA vérité, qu’il n y a pas UNE et une SEULE vérité. Qu’on ne peut donner de conseils sans se remettre soi-même en question. Qu’on ne peut pas imposer de « bonnes idées » sans causer de dommages. Que montrer l’exemple vaut mieux que tous les conseils bien pensants. Qu’il faut savoir faire confiance en l’autre car l’autre sait ce dont il a besoin. Que l’autre n’a pas forcément envie de NOTRE vérité, aussi belle et vraie soit-elle à nos yeux.

Nous avons tellement besoin d’apprendre à être à l’écoute de l’autre. Ce souhait de respect pour l’autre avant tout est ce qui m’avait touché dans le message de Marianne et peut-être avez-vous été un peu dur dans votre jugement. Trouver l’attitude juste, les mots justes qui soient correctement perçus par l’autre n’est pas simple.

Parfois même, une attitude paternaliste peut être le premier marchepied sur lequel se hisser avant d’apprendre à se regarder les uns les autres d’égal à égal. C’est un apprentissage de longue durée et demandant pour d'humilité. Cela semble simple, mais en pratique, c’est comme apprendre à marcher sur le fil du rasoir. Disons, que ce je souhaite pour moi-même, c’est non seulement vouloir cet échange d’égal à égal avec l’autre, mais de le vouloir tellement que cette attitude rayonne de moi, dans tous mes gestes, dans mon regard, bien plus que dans mes mots. Et je ne me sens pas souvent à la hauteur de mon idéal.

Quand à l’aide financière, je me répète, mais je me réjouis de l’initiative du FMI, même si je sais les problèmes causés par les réformes imposées par le FMI et la BM. J’espère que cette aide se fera avec une meilleure écoute des besoins et une meilleure attention aux conséquences sur la population. Car en fin de compte, c’est toujours elle qui trinque.

Je crois que nous avons beaucoup d’autres actions à faire également. Dénoncer, dénoncer dans nos pays occidentaux les abus des industriels et autres. C’est vraiment regarder par le petit bout de la lorgnette que de s’offusquer des contrats de consultant de Kouchner, quand par ailleurs il y a des abus de tous genres. Les compagnies qui travaillent en Afrique (le pétrole bien entendu, mais aussi le coton, le café, le cacao, la banane, les médicaments, la vente d’armes, etc.) ne se privent pas dans l’utilisation de procédés et de pratiques qui se révèlent néfastes pour les populations locales. Là, on ne peut pas dire que la France se doive d'être fière de son exemple. Ces pratiques doivent être combattues. Mais que faisons-nous, Français, pour dénoncer ? Que faisons-nous aussi pour dénoncer les abus des droits de l’homme en Afrique ? Je crois qu’avant d’éprouver un ras-le-bol de l’Afrique, nous nous devons de répondre à ces questions.

[Rédigé par : Blaise d'Ottawa]

@ Pseudonyme1 :
Me joignant à Francoise Dumont, je vous recommade à mon tour, du même Jean Ziegler (qui a tout de même été jusqu'à récemment, Rapporteur Spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation), "Les nouveau maîtres du monde - Et ceux qui leur résistent". Et de l'ancien patron de la Banque Mondiale, Joseph Stiglitz, "La grande désillusion". Après, vous comprendrez peut-être qu'il n'y a pas d'un côté une bande d'Africains incapables de se prendre en mains et de l'autre un Occident qui n'a que trop fait pour les sortir de leur marasme.

@ David :
Prenez, SVP, le temps de parcourir vous aussi les livres précités. Et sachez aussi que "leurs propres problèmes" aux Occidentaux, incluent ultimement les problèmes des "autres", y compris ceux de l'Afrique. Pas besoin d'être nomminé au Nobel de la Paix pour comprendre que la pauvreté est l'une des principales menaces à la paix et à la stabilité du monde en ce XXIe siècle tumultueux. Les problèmes des autres sont ceux des autres jusqu'au jour où l'onde de choc de leur conflagration vient vous sortir de votre tour d'Ivoire. Cherchez des exemples dans l'histoire récente, ça ne manque pas, malheureusement.

Enfin, dans le flot de l'afropessimisme dont nous sommes gavés dans les médias du Nord, j'invite ceux qui fustigent ici l'incapacité des Africains à se prendre en mains, de prende de temps en temps une distance par rapport aux nouvelles alarmistes qui ne se focalisent que sur les catastrophes et les déchirements des zones en conflit, pour découvrir d'autres facettes de cette Afrique qui est debout, qui avance et qui donne à plusieurs le sentiment que tout est loin d'être perdu : c'est l'Afrique des démocraties naissantes où la croissance est au rendez-vous (Botswana, Ghana, Benin, Namibie, Sénégal dans une moindre mesure...), c'est l'Afrique des sociétés civiles souvent créatives face à la pauvreté, où les baillonnettes des tyrans n'étouffent pas la voix des défenseurs des droits des femmes et des droits de l'homme en général (ca vous dit quelque chose peut-être, Brigitte ?), où beaucoup d'intellectuels choisissent de ne pas partir et de se battre sur place parce qu'ils croient qu'il n'y a pas de fatalité face à la misère, et j'en oublie. Vous me rétorquerez que tout cela est bien maigre, mais c'est cette étincelle là qui singifie qu'on peut s'en sortir et croyez-moi, des centaines d'Occidentaux qui travaillent en Afrique aux côtés de ces Africain(e)s qui font souvent la différence et dont les médias ne parlent presque jamais, vous diront pourtant que ce sont ces "maigres" signes d'espoir qui leur font croire en la capacité de l'Afrique de s'en tirer. Alors, oui, il faut faire encore plus pour mettre fin aux régimes corrompus qui gouvernent nos pays, mais il faut aussi sensibiliser nos "amis" Occidentaux à appeler à leur tour leurs dirigeants non pas seulement "à laisser l'Afrique prendre ses responsabilités", mais à questionner leurs politiques vis-à-vis de ces gouvernements décriés souvent en public et soutenus en coulisses, non sans oeuvrer pour l'établissement des règles du commerce international plus justes qui permettent aux Africains de vivre davantage de leurs richesses, que de ce qu'on appelle "aide internationale".

[Rédigé par : Michèle Doige]

Anne, contente de pouvoir retrouver votre blog après quelques difficultés techniques qui m’échappent !!

@Blaise

Qu’ajouter à votre post qui est une excellente synthèse je trouve de la situation de l’Afrique et vous êtes assurément un des intervenants le mieux placé sur ce blog pour faire ce constat.
Maintenant, la question est la suivante, après le constat qui doit être fait, quelle aide la plus efficace les institutions internationales peuvent elles apporter aux africains, au personnes qui vont être touchées si durement par la crise ?

[Rédigé par : Jog]

@ Blaise,

J’ai beau être ce matin en ambiophonie complète pour cause d’Introduction et Allegro d’Elgar, lire votre com m’a réjoui…
Sauf peut être le fait que vous ne parliez dans celui-ci que de deux tendances opposées, une troisième me semble quand même la plus importante, ceux qui n’en n’ont rien à faire sinon qu’envisager aller y passer leurs vacances histoire de se dépayser et dégoiser, en string léopard, au bord d’une lagune insalubre du Saint John Perse…
Pour l’occidental c’est la vision que je retiendrai pour lui de l’Afrique !

Je me demande si un jour l’Afrique sortira de son passé, tournera la page de ces cent ans de négritude, et nous de nos clichés…Ce jour là sans doute ce sont les Africains qui parleront d’elle…Elle ne trouvera sa réalité et son existence que là au travers des mots des siens.
On en est loin, tant les avidités la laissent confinée aux emprises de ce passé qu’elle rejette et en même temps regrette…
Peut être a-t-elle envie seulement d’être aimée pour elle-même…et pas pour un passé ou pour ses richesses !
L’Afrique devra un jour ou l’autre faire sauter ce merveilleux poète qu’est Senghor, il est temps, grand temps !
On ne crée pas un avenir sur des larmes commémoratives, sur des lamentos !
Sans doute est-ce ce qu’ont compris les noirs américains en élisant Obama !
Ils ont cette fierté aujourd’hui de passer à autre chose !

[Rédigé par : Philgood]

'morning ladies and gents...

@ Charlotte
j'ai voté pour la couverture de Vogue, suis pas si fan de son sourire sur la couverture d Ebony ...
Ebony and Ivory ... live together in perfect harmony ♫♫♫

[Rédigé par : Charlotte Goulmy]

http://www.huffingtonpost.com/2009/03/11/michelle-obama-magazine-c_n_174080.html

J'ai voté Ebony, mais c'est dur dur de choisir...

Vous allez bien? Ce silence me fait peur, j ai perdu l'habitude de ne plus entendre votre voix...

[Rédigé par : Robert]

Bonjour !

Vous voilà au coeur des "vrais" problèmes.

Et dire que depuis que je suis arrivé en Bretagne on ne parle que de la France qui réintègre l'OTAN !

[Rédigé par : Blaise d'Ottawa]

Bonjour à toutes et à tous!
Merci, Anne, pour ce son de cloche sur la rencontre de Dar es Salaam. Effectivement, avec la gravité de la crise telle qu'on la vit dans les pays riches, l'Afrique est partie pour être à la peine pour sa survie. À moins que le plaidoyer soit entendu et que le G20 envoie très prochainement des signes qui rassurent.

Comme je m'y attendais, chaque fois qu'on parle du sort tragique de ce continent, deux types de réactions ont tendance à s'opposer, comme si la vérité était dans l'une ou dans l'autre : il y a, comme je le lis ici, ceux qui croient que le drame du continent tient à l'existence des Mobutu, Éyadéma (morts tous les deux depuis belle lurette), Zuma (qui n'a jamais été jusqu'ici qu'un obscur Vice-Président sans grand pouvoir pour une courte période de temps), Kérékou (qu'aucun Béninois ne qualifiera jamais de tyran, cet ancien marxite étant des rares "dictateurs" du temps des partis uniques africains à avoir concédé le pouvoir par des élections transparentes voulues par lui-même, avant d'être élu, puis battu à la régulière, sans qu'il ne tyranise qui que ce soit), et j'en passe. Et puis, il y a les "candides" de bonne foi qui soutiendront à demi mots que c'est la faute aux autres, à l'Occident, occultant là encore les dérives des vrais fossoyeurs de l'Afrique que sont les Mugabe, Déby ou autres Béchir.

Quand ils sont tous Occidentaux (et j'ignore si Gérard, Pseudonymes1 et Marianne le sont), cela traduit, selon moi, deux types de réflexes : le premier est celui du ras-le-bol à l'égard d'un continent dont l'histoire, qu'on le veuille ou non, atteste qu'il a été et continue d'être spolié et pillé par l'Occident, à moins que ca ne soit par un certain Occident (traite des Noirs, colonisation, magouilles foireuses dans des nébuleuses du genre Francafrique - lisez France-à-fric, multinationales financant les guerres pour le contrôle des minerais stratégiques, etc), ce qui à défaut de culpabiliser à rebours, suscite une "diabolisation" sans nuance d'une Afrique qu'on voudrait alors présenter, jusqu'à la caricature, comme "pleunicharde et incapable de s'assumer".

Le second réflexe, pas plus crédible, je le crains, est celui d'une forme consciente ou inconsciente de "paternalisme bien pensant", consistant à prendre en pitié des Africains victimes d'un Occident cupide et faiseur des pauvres. Des gros mômes, en somme.

Il me semble que la vérité soit plus nuancée, qu'il ne faille ni tout mettre sur le dos des uns ni dédouaner totalement les autres. J'aime les mots du Président Botswanais (un pays à forte croissance économique, à la gouvernance remarquable avec, depuis plus d'une décennie, une tradition démocratique qui n'envierait rien à l'Italie), loin de la république bananière de Mugabe, que Jog a repris dans son post : « Tout n'est pas de la faute des étrangers et des intérêts étrangers. Certaines des responsabilités sont les nôtres et nous voulons être en mesure de le dire ». Et quand ce Chef d'État africain respecté dit "certaines des responsabilités", il faut aussi comprendre par là que si les Africains ont une part dans le sort qui est le leur, s'ils doivent absolument être les premiers à mettre la main à la charrue pour sortir de l'ornière sans attendre ni passer leur temps à pointer du doigt les autres, cela ne veut cependant pas dire que l'Occident n'a rien à se reprocher dans le sort actuel de ce continent.

Gérard, les projets de la Banque Mondiale dont vous parlez, ce sont les "éléphants blancs" budgétivores que des dictateurs construisaient pour satisfaire leurs caprices, sur conseil des "Experts" de la Banque Mondiale et avec des contrats léonins qui profitaient à des entreprises occidentales. Je ne vous citerai pas des exemples, vous en connaissez sans doute, puisque vous savez nommer une bonne demi douzaine de leurs commanditaires africains, dont d'immenses fortunes sont fructifiées par des banques suisses ou liechteinsteinoises, deux paradis... occidentaux de la fraude fiscale démocratiquement légalisée. Ce que vous appelez "aides d'urgences" données aux pays Africains par les prédécesseurs de l'Invité de Dar es Salaam, ce sont des milliards de dollars qui sous forme d'une dette usuraire et astronomique, enchaîne ces pays dont les droits fondamentaux des populations ont été sacrifiés sur l'autel des Programmes d'Ajustements Structurels (les ravages macabres des PAS dans les années 80, vous vous souvenez?) et autres trouvailles des "Experts" envoyés par "les prédécesseurs"! Y a-t-il aujourd'hui, tant au FMI qu'à la BM, un seul haut responsable sérieux qui ose encore dire en 2009 que le fameux "Consensus de Washington", présenté naguère comme le remède-miracle contre la pauvreté de l'Afrique ait généré ne serait-ce un début de développement durable dans ces pays? Savez-vous le prix que les enfants des pauvres paysans africains paient en 2009 pour une dette monumentale qu'aurait pu leur éviter les Institutions de Bretton Woods si elles avaient fait preuve d'un peu de rigueur dans leur travail, comme beaucoup à Washington le reconnaissent du bout des lèvres ? Heureusement que depuis, le dogme de l'Infaillibilités de ces deux Monstres Sacrés a été battu en brèche...

Pseudonymes1, je vous concède que considérée globalement, les dirigeants africains ne brillent pas par la bonne gouvernance et que les fonds envoyés par les Africains de la diaspora (dont moi-même) ont le double effet de garder sous perfusion nombre de pauvres sur place et de conforter un tant soit peu les gouvernants dans leur léthargie. Au risque de me répéter, les dirigeants africains ont pour leur grande majorité un bilan qui les condamne devant l'histoire et les Africains, pour n'avoir pas su ou pu renverser le cours de l'histoire telle que nous la déplorons, partagent une responsabilité dans leur sort. Mais quand vous dites que le sort de l'Afrique a pour seule et unique responsable l'Afrique, parlez-vous de ces enfants du Congo ou du Malawi qui ont été exclus des programmes scolaires parce que les budgets de l'éducation ont été réduits comme peau de chagrin pour payer prioritairement une dette odieuse contractée par leurs tyrans, AU SU DES DÉCIDEURS des pays et organismes occidentaux prêteurs ? Parlez-vous du soutien avéré de certaines puissances occidentales à l'image de la Grande Bretagne, à des régimes bellicistes comme celui du Rwanda, à la base de la plus grande poudrière depuis la IIème Guerre Mondiale, dans la sous-région des Grands Lacs ?

Tout cela pour dire qu'elle a bon dos, cette Afrique qui est incapable de s'assumer. Pourtant, entre la mal gouvernance de certains digireants africains (et ils sont nombreux, hélas) et la complicité, voire les erreurs pas toujours assumées des donneurs de lecons occidentaux, la vérité a creusé sa niche. On a beau aligner les bons arguments pour tirer la couverture entre ras-le-bol condescendant et angélisme, les pauvres continuent à trinquer. On l'a rappelé à Dar es Salaam, cette récession survient alors que depuis quelques années le continent accusait un taux de croissance encourageant (malgré les Mobutu et Eyadema déjà morts, malgré les Mugabe, malgré les querelles ethniques, malgré les frontières artificielles - quelqu'un en connaît-il des naturelles ailleurs, hormis certaines îles?). Face aux défis particuliers que génèrent cette crise, ne pas soutenir les efforts de ce continent ne serait pas simplement manquer à une obligation morale de la part de l'Occident, mais contribuer à augmenter les menaces à la paix dans le monde, car une implosion de l'Afrique suite à une crise extrême pourrait transformer le continent entier en une vaste Somalie. Pareil scénario, j'en suis convaincu, ne laisserait aucun pays riche indifférent. Mais faut-il vraiment en arriver là ?
Peace and ♥♥♥

[Rédigé par : Raphaël]

Madame,

Je ne connais pas grand chose à l'Afrique si ce n'est par les livres et par plusieurs voyages mais aux pays du Maghreb.

Il est vrai que l'Afrique va devoir essayer de survivre et que les plans d'ajustements structurels du FMI ont fait beaucoup de mal mais comme le dit à juste titre Gérard, nous ne pouvons nier la corruption, le manque de Démocratie qui entrave un développement de ses pays.

En même temps, la situation semble inextricable, tant les conflits sont nombreux....conflits issus principalement de la colonisation.
Quel comportement à adopter pour les pays occidentaux? Et question qui peut être intéressante pour l'avenir de l'Afrique: comment l'Afrique peut faire face à l'offensive de la Chine...si bien nommée par Serge Michel, Michel Beuret et Paolo Woods; Chinafrique?

@ Marianne,

Par vos différents posts, je ne peux que vous féliciter, vous êtes une femme de valeurs et c'est tout à votre honneur.

[Rédigé par : Charlotte Goulmy]

http://www.youtube.com/watch?v=f_pE0NeRPgY&feature=PlayList&p=D8F77CD5DAC4CC11&index=53

Petit cours de journalisme, suivi d'une explication avec 30 ans d'avance sur les origines de la crise économique... (vers le milieu)Si West Wing vous donner des frissons de déjà vu, cette scène devrait en faire largement autant.

[Rédigé par : Brigitte - Alexandria VA]

Bonjour,
Marianne, parmi tous les commentaires sur l’Afrique en réponse au message d’Anne (merci de mettre le sujet dans le débat!), mais aussi parmi ceux des lecteurs du Monde suite au compte-rendu sur la conférence du FMI en Tanzanie, c’est le vôtre que je préfère. Votre attitude me paraît la plus juste, mêlant révolte, perplexité, curiosité pour l’autre et profond respect pour la dignité humaine.

Beaucoup des autres commentaires (sur Le Monde en particulier) m’attristent par les jugements peu généreux, souvent faits à l'emporte-pièce et que l’on devine injustement indignés. Personnellement, je me réjouis de voir le FMI s’intéresser un peu plus à l’Afrique et essayer d’y intéresser le G20. Même si beaucoup d’argent a déjà été donné. Même si les leaders africains ont leur part de responsabilité dans ce qui arrive à l’Afrique.

En échange de l’aide, je souhaite bien sûr qu’on encourage --fortement s’il le faut-- des règles de bonne gouvernance, d’anti-corruption et de transparence, que cet argent puisse aller directement là où il est nécessaire, dans les micro-entreprises, sans oublier les femmes et que l’on cesse de torturer dans les prisons africaines.
Je souhaiterai tellement entendre la voix des droits de l’homme aussi fort que celles qui se sont élevées lors de l’inauguration des JO ou lors du passage d’Hillary en Chine. On n’entend jamais parler des prisons camerounaises qui, pour la grande majorité, pratiquent le « café du matin », le viol, la torture électrique et tant d’autres horribles choses. Et le Cameroun ne détient pas le monopole. C’est pareil pour tant d’autres pays d’Afrique du Nord et sub-saharienne.

On devrait également imposer des règles éthiques à tous les industriels occidentaux et autres qui exploitent les richesses et la main d’œuvre locale comme cela n’est pas permis. Qui se demande si le kilo de bananes du Cameroun et acheté sur l’étal en France a été cultivé et cueilli par une personne correctement payée ?

[Rédigé par : Charlotte Goulmy]

http://www.changes-challenges.org/images/dominique-strauss-kahn-and-his-wife-anne-sinclair-watch-native-dance-preformed-deaf-students-

I C U !!!

[Rédigé par : David]

D'accord avec Gérard qui a posté le premier. Et pour une fois c'est un Africain qui le dit...
Les occidentaux ont leurs propres problèmes et y consacrent plus de moyens que pour "sauver" l'Afrique. Que cela touche les pays africains, ce sont les circonstances qui le veulent. Je pense qu'il est temps pour beaucoup de peuple de pays d'Afrique de demander un audit interne géant, de se prendre en main et de faire TOUT ce qui est nécessaire pour les programmes et les aides octroyées marchent. Utopique ? Peut être. Mais je suis moi même làs de voir autant de potentiel gâché alors que j'en suis loin. Il est plus que temps qu'un certain éveil s'opère en Afrique.
Dsl, I felt like I had to get it out.

[Rédigé par : Sylvain - New York]

La revue de presse du jour :

Mais si, on parle bien de la conference organisee par le FMI en Tanzanie, c'est sur Radio France International : http://www.rfi.fr/actufr/articles/111/article_79111.asp

Bernard Madoff va techniquement plaider coupable pour eviter de comparaitre devant un jury (mais se sent-il vraiment coupable ?) : http://www.rfi.fr/actufr/articles/111/article_79121.asp

Des militaires ont tentes d'appliquer (en vain et contre l'avis de l'administration Bush) la convention de Geneve pendant les 100 premiers jours de Guantanamo (depeche Reuters) : http://actualite.portail.free.fr/monde/11-03-2009/le-vain-combat-pour-l-ethique-de-militaires-us-a-guantanamo/

Warren Buffett met en garde contre un certain flou actuel sur l'utilisation des fonds pour redresser les comptes des banques americaines (depeche Reuters) : http://actualite.portail.free.fr/monde/11-03-2009/la-machine-a-communiquer-obama-s-est-elle-grippee/

Certes, encore faudrait-il expliquer a monsieur Buffett que le redressement ne peut pas etre que mecanique c-a-d economique mais sans une nouvelle ethique, aucun plan de relance ne parviendra a bout de la crise.

D'une rive a l'autre : une bise de Valentin a Douala pour Anne a Dar es Salaam.

[Rédigé par : Charlotte Goulmy]

Peine de mort dans le traité européen de Lisbonne

Article II-62
"1. Toute personne a droit à la vie."
"2.Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté."

Mais nous lisons aussi dans les dernières lignes du préambule de la partie II :

"La Charte sera interprétée par les juridictions de l'Union et des États membres en prenant dûment en considération les explications établies sous l'autorité du Praesidium de la Convention qui a élaboré la Charte et mises à jour sous la responsabilité du Praesidium de la Convention européenne."

Les explications du Praesidium se trouvent dans le Titre I, article 2 du Préambule aux explications relatives à la Charte :

[...] "les définitions «négatives » qui figurent dans la "CEDH" doivent être considérées comme figurant également dans la Charte :
a) l'article 2, paragraphe 2, de la " CEDH" :
La mort n'est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d'un recours à la force rendu absolument nécessaire:
c) pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection.
[...]
b) l'article 2 du protocole n° 6 annexé à la " CEDH" :
Un Etat peut prévoir dans sa législation la peine de mort pour des actes commis en temps de guerre ou de danger imminent de guerre..."

Voir explications article II-62 à l'adresse suivante :
http://gandalf.aksis.uib.no/~brit/EU-CONST-FR-cc/12
Commentaire :

Toute personne a droit à la vie, nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté.
Mais lors d'une émeute, d'une manifestation, il sera possible de tirer dans la foule et les tribunaux militaires auront droits à la peine de mort avant, pendant et après la guerre ; et pourquoi pas à la torture tant que vous y êtes !

La peine de mort doit être abolie définitivement et il n'est pas concevable de laisser à la police ou à l'armée le droit de rétablir la peine de mort quelque soient les circonstances, guerre ou pas guerre, émeute, grève ou manifestation !

C'est même précisément dans les cas de guerre ou d'émeute qu'il faut que la peine de mort soit interdite, sans cela, on va droit à la dictature du plus fort !

C'est la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qu'il aurait fallut suivre et non pas la Convention européenne des Droits de l’Homme, à laquelle l'Europe adhère.

En voici une nouvelle qui ne risque pas de plaire à tout le monde...

http://have-it.com/denonciation/pages/europe/peine_de_mort.html#EUROPE

C'est tellement gros que je me demande si c'est vrai....