" Deux ou trois choses vues d'Amérique "

Fusillade dans une base militaire au Texas

Fusillade au Texas dans une base militaire: entre 9 et 12 morts selon les sources, 30 blessés. Obama va s'exprimer à la télé...

Selon les dépêches: une fusillade sur une base de l'armée américaine au Texas a tué douze personnes et blessé trente autres, jeudi 5 novembre, selon un responsable du Pentagone. L'armée fait pour l'instant état de sept mort et de douze blessés. La chaîne de télévision CNN fait pour sa part état de neuf morts et de vingt blessés.

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Selon le Wall Street Journal, il y aurait eu en fait deux fusillades simultanées aux environs de 13 h 30 heure locale (20h30 en France) sur la base militaire de Fort Hood, située entre les villes d'Austin et de Waco. L'une d'elles aurait eu lieu dans une salle dans laquelle les soldats se préparent avant de sortir, l'autre dans un théâtre de la base. Une source anonyme a confié au journal qu'une cérémonie de remise de diplômes devait avoir lieu peu après dans ce théâtre. Le quartier a été entièrement sécurisé.

Les tireurs portaient des treillis militaires, mais on ignore encore s'il s'agit réellement de militaires. L'un d'eux aurait été arrêté, un autre serait toujours en fuite. La chaîne MSNBC, qui cite sa chaîne locale texane KCEN, est la seule à faire état d'un troisième tireur. Selon CNN, qui cite un représentant du Pentagone, "au moins un tireur est neutralisé et un second est cerné".

LA PLUS GRANDE BASE AMÉRICAINE DU MONDE

Fort Hood est la plus grande garnison militaire américaine du monde et s'étend sur près de 800 km². En comptant les familles, près de 65 000 personnes vivent sur place. En juin, le commandant de la base expliquait à CNN qu'il essayait de réduire le stress auquel les soldats doivent faire face. Il avait réorganisé leurs emplois du temps pour qu'ils puissent rentrer chez eux à 18 heures et diminué le nombre de week-end travaillés.

Un membre du Congrès américain, John Carter, a en outre précisé sur la chaîne MSNBC que la base accueillait bon nombre de soldats victimes de syndromes de stress post-traumatique après avoir servi en Irak ou en Afghanistan. Des incidents ont déjà été à déplorer sur cette même base. En juillet, un soldat avait tiré sur un autre pendant une fête ; en septembre 2008, un soldat avait tué son supérieur avant de se suicider.

Un responsable de la Maison Blanche a assuré que Barack Obama avait été "informé" et qu'il devrait s'exprimer sous peu. Le ministère de la sécurité intérieure a indiqué qu'il était trop tôt pour déterminer le mobile de la fusillade. Sur son site internet, la base de Fort Hood a indiqué qu'un "état d'urgence" était en place. "Fort Hood est fermé. Toutes les organisations/unités ont l'ordre de faire l'appel de l'ensemble du personnel. Il ne s'agit pas d'un exercice", précise le site.

Surprise à la Maison Blanche

On me dit qu'Obama et ses conseillers auraient été surpris par l'ampleur négative donnée par la presse des résultats de mardi. Ils savaient la Virginie perdue, mais pensaient, du coup, que la victoire dans le 3ème district de NY compenserait la perte du New Jersey. Or ce ne fut pas le cas: les médias ont insisté sur la mise en garde que constituait ce scrutin, un an avant les mid-term élections (les élections de 2010 où est renouvelée la totalité de la Chambre des Réprésentants, le tiers du Sénat et certains  gouverneurs des Etats).

D'ailleurs, tout le monde s'accorde à dire que si le taux de chômage continue de tourner autour de 10%, les Démocrates ont du souci à se faire, notamment ceux qui sont dans les swing states, comme la Virginie, qui a montré que la préoccupation première de ceux qui ont voté Républicain, restait l'état de l'économie.

Si bien qu'il risque d'y avoir une accélération suivie d'une certaine frilosité. BO a intérêt à faire maintenant vite passer son projet de Health care, ce qui peut donner un coup de fouet à la popularité des Démocrates qui auraient, pour la première fois depuis 1965, fait avancer la réforme de la santé dans ce pays. Et c'est en ce sens que le vote aura lieu à la House dès ce samedi (on a appris aujourd'hui le soutien de l'AARP, l'association de seniors la plus importante dans le pays).

Mais un effet de lassitude et de prudence peut avoir raison des réformes d'Obama: une fois le Health Care passé, les Congressmen ne vont-ils pas être repris par leur peur d'être battus dans un an et ne vont-ils pas freiner des quatre fers tout projet de réforme ultérieure (sur le climat ou sur le système financier par exemple)?

Comme quoi, une présidence américaine, aussi glorieuse soit-elle, doit en un an faire avancer le maximum de dossiers. C'est court, très court... Et moi qui m'ébahis parfois devant un système politique qui paraît plus démocratique que notre Vème République où le Président - de droite ou de gauche, pour peu qu'il ait une majorité  à l'Assemblée Nationale -  est tout puissant, je reste parfois assez sceptique: le système américain de contre-pouvoirs poussé à l'extrême, est-il finalement si démocratique que cela, s'il conduit à figer, à paralyser  l'action publique?...

Référendum non, avertissement oui

Ce mardi d'élections partielles aux USA a été plutôt bon pour les républicains et pas très bon pour les démocrates à part le 23ème district de New York.

En effet, on a regardé aujourd'hui à la loupe les résultats notamment des deux sièges de gouverneur en Virginie, et dans le New Jersey, qui ont été gagnés par les Républicains avec une marge importante.

Il ne faut jamais sur interpréter des élections qui ne sont pas nationales, dans une année d'entre-deux. C'est vrai, et c'est évidemment ce qu'a fait valoir tout de suite la Maison Blanche en disant que ce n'était pas un référendum contre Obama, qui demeure populaire, même si sa politique l'est moins.

En revanche, il ne faut pas non plus sous-interpréter ces résultats, qui ne sont pas un sondage, mais une tendance, et un avertissement pour les Démocrates un an avant les élections de mi-mandat, celles de novembre 2010.

Le plus intéressant est de regarder le basculement des électeurs Indépendants qui avaient soutenu nettement Obama il y a un an, et qui se sont tournés vers les Républicains cette fois, inquiets par la réforme du health care, par l'accroissement des dépenses de l'Etat et du déficit. A condition bien sûr que les candidats Républicains jouent plus au centre qu'à l'extrême droite (et ce sera une partie du débat qui va agiter le GOP, qui reste tiraillé entre tendances contradictoires).

Par ailleurs, les "new voters", ceux qui votaient pour la première fois et qui s'étaient dérangés en masse l'année dernière, sont restés chez eux. De même la participation de l'électorat noir, ou celle des électorats de banlieue, qui n'a pas été de loin aussi forte qu'il y a un an.

Ce reflux démocrate s'explique aussi évidemment par la crise économique qui perdure, et qui est devenue moins imputable à Bush après un an de gouvernement Obama. Mais malgré les déclarations rassurantes, ce ne fut pas une bonne journée pour la Maison Blanche, qui aurait tort de sous-estimer un paysage politique devenu plus flou, un an avant les élections de 2010.