Les images de liesse autour de la maison Blanche ou à Ground Zero ce matin, sont trompeuses. Oui, le symbole est mort mais le terrorisme ne l'est pas, pas encore. Sans doute survit-il aussi par zônes autonomes: qui peut dire que les 16 morts de la semaine dernière à Marrakech avaient été décidées par Ben Laden lui-même de cette résidence pakistanaise, luxueuse, fortifiée, mais dépourvue de téléphone, d'internet, et reliée au monde uniquement par des messagers?
Ce matin c'est vrai, toutes les télés, les gens entre eux ici, à DC, ne parlent que de cela, c'est évidemment le "breaking news" du jour. Comptons sur les images pour être mille fois rediffusées et pour Obama d'en tirer grand profit politique. Et de fait, c'est un événement.
J'ai juste du mal à sauter de joie. Même la mort d'un tueur ne m'enchante guère, et je trouve toujours plus efficaces et édifiantes les images d'un procès (Nuremberg, Eichmann, ou Milosevic) que celles de danse autour du bûcher. Ce matin je pense aux morts de New York, à ceux de Bali, à ceux de Madrid ou de Londres, enfin à ceux de Marrakech, et ceci ne rattrape pas cela.
Mais n'en demandons pas trop: les commandos qui traquaient Ben Laden depuis 10 ans n'avaient peut-être pas le choix. Il reste, que la White House aimerait bien apporter une preuve concrète, une photo, une vidéo. Le corps jeté vite en haute mer soulève aussi des questions, même si on peut penser qu'on a voulu éviter des pélérinages futurs et dangereux autour d'une tombe symbole.
On a le sentiment qu'on est à la fin tout de même d'un chapitre, sinon d'une histoire. Le terrorisme survivra-t-il à Ben Laden? Y aura-t-il des représailles? Sans doute. La traque des tueurs de l'ombre sera plus difficile que celle du sanguinaire barbu caché longtemps dans ses montagne afghanes.
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