" Deux ou trois choses vues d'Amérique "

New York, New York

J'y suis pour deux jours, ce que je ne fais pas assez souvent, mais même 2h45 de train me semblent beaucoup tant je ne peux plus voir une gare ou un aéroport en peinture!!! Et le calme paisible de DC m'apaise. Si bien qu'à chaque passage à NY, je suis frappée par cette ville bruyante, polluée, agitée, mais magique. D'autant que le ciel est redevenu bleu sur la côte Est et la douceur de l'été indien s'installe après les trombes d'eau et le froid de la semaine dernière.

Washington est une ville cosmopolite : les grandes institutions internationales, la presse, le personnel diplomatique, les visiteurs de l'Administration lui donnent ce côté international qui en fait le charme. Mais ici, sur trois blocs, j'ai vu trois turbans sikhs, cinq kippas, trois fausses Marilyn platine et cinq rappeurs au jean ultra baggy! Quant à ma vendeuse de chaussures à l'accent russe (j'aime bien faire parler les vendeuses, surtout pour gagner du temps, quand je n'arrive pas à me décider entre trois paires de chaussures toutes aussi superflues les unes  que les autres ☺☺☺☺☺) était kazakh, de mère coréenne, de père juif russe déporté par Staline en Asie Centrale, élevée à Londres et mariée à un texan (!). Oui, quel bol d'air!

Dans le train ce matin (l'Acela, roi des trains "rapides" mais qui est au TGV ce que la vieille Quatre Chevaux de mes parents était à la DS - ou pour faire plus contemporain, ce que le bi-moteur de l'aéro club est à l'Airbus A380), dur dur de se concentrer: tout le monde parle fort, hurle au téléphone, les stewards servent les petits déjeuners en faisant des plaisanteries sonores, et on n'ignore rien des tractations boursières des uns ou des soucis d'une telle avec sa mère qui ne comprend rien aux jeunes générations...

Bref, j'ai quand même dépouillé le Washington Post qui pour le deuxième jour de suite fait l'actualité avec un sondage très complet, cette fois sur les Américains et l'Afghanistan. Autant hier BO semblait gagner des points sur le Health Care, autant il semble en perdre sur sa gestion du conflit en Afghanistan. 63% en avril dernier l'approuvaient sur ce terrain, il n'y en a plus que 45% qui le soutiennent, contre 47 qui désapprouvent. Les plus déçus sont les Républicains qui lui reprochent son atermoiement, mais il va perdre aussi du côté démocrate s'il accorde a Mac Chrystal les 40.000 hommes de renforts demandés (30% pour, 61% opposés). 58 % des Américains  pensent toutefois que l'Afghanistan ne sera pas un nouveau Vietnam et que l'Administration Obama saura l'éviter. Ils sont quand même 35% à le craindre... De quoi assombrir le ciel bleu dur de New York...

Les sondages, le Health Care et l'Afghanistan

Ah si seulement les Américains disposaient de l'arme du référendum! C'est la très belle invention du Général de Gaulle pour contourner le Parlement que doit envier Barack Obama. Mais qui n'existe pas dans la Constitution américaine.

Ce serait bien utile au Potus en ce moment pour bousculer un Congrès qui fait la loi et qui apparemment ne remporte pas l'adhésion des citoyens américains.

Le sondage du jour du Washington Post/ABC est éclairant sur ce point: 57% des Américains sont maintenant en faveur de la "public option" (c'est à dire un plan gouvernemental d'assurance santé qui ferait concurrence à ceux des compagnies d'assurance privée hors de prix) contre 40% qui y sont défavorables!! Et si ce plan public était à la charge des Etats et accessible seulement par ceux qui ne peuvent s'offrir d'assurance privée, l'approbation monterait jusqu'à 76%!

Autant dire que les Démocrates qui renâclent se tirent une balle dans le pied car les électeurs désapprouvent le plan tel qu'il est proposé par le Congrès et sont favorables à la philosophie d'Obama...

Obama, toujours critiqué pour sa stratégie de wait and see en Afghanistan.Pourtant, les Américains ont réussi à "persuader" Karzai de refaire un tour d'élection tant les soupçons de fraude semblaient avérés. Cette nouvelle élection afghane aura lieu le 7 novembre. Après quoi, BO qui disait que rien en pouvait être entrepris - renfort ou non des troupes américaines et alliées sur place - sans un gouvernement légitime en Afghanistan, devra se décider vite.

Back in DC

Je suis de retour à Washington par temps frais (11º), mais grand soleil, ce qui tranche paraît-il avec les derniers jours où il a plu sans discontinuer pendant 5 jours avec un froid hivernal.

Et à regarder la TV, lire les journaux, écouter les gens, je retrouve les problèmes là où je les avais laissés.

Bien sûr, le débat sur la réforme de la santé,  encore et toujours, qui désormais, après le vote du Finance Committee mardi, se concentre plus que jamais autour de la public option dont les officiels disent désormais qu'elle serait nécessaire mais pas incontournable.

Mais surtout le débat sur l’Afghanistan, depuis la publication du rapport de McChrystal, et à propos duquel une décision est prévue pour la fin du mois. D’après les rumeurs, l’administration Obama aurait l’intention de jouer la montre et de conditionner tout éventuel renfort à de nouvelles élections présidentielles en Afghanistan.
cf. John Kerry: "I don't see how President Obama can make a decision about the committing of our additional forces or even the further fulfillment of our mission that's here today without an adequate government in place or knowledge about what that government's going to be."

Et j'entends de nouveau la petite musique lancinante: Obama est-il "tough enough", c'est-à-dire est-il assez dur, coriace, sévère, ou trop faible, à la recherche du consensus qui fâche le moins? Sur le Health Care ou surtout sur l'Afghanistan?

Maureen Dowd, une des éditorialistes du NYTimes à la plume acérée écrivait hier : "F.D.R. asked to be judged by the enemies he had made. But what of a president who strives to keep everyone in some vague middle ground of satisfaction or dissatisfaction, without ever offending anyone?" Traduction: "F.D.Roosevelt demandait à être jugé en fonction des ennemis qu'il s'était fait. Mais quid d'un Président qui s'efforce de rester dans un vague terrain neutre, sans déclencher ni satisfaction ni mécontentement, et sans fâcher personne"?

Je sens que cette musique va s'amplifier. Le pays est en guerre, économique et militaire, et les demandes de décisions rapides et fermes vont aller grandissant.

Fils de...

Hé bien, non, raté, je ne vais pas vous parler de "lui". Mais parler d'une autre candidature de "fils de" (Vice-)Président qui a beaucoup intéressée les médias américains cette semaine : celle de Beau Biden, fils du Vice Président des Etats-Unis, Joe Biden. Avouez que cela tombe bien, non? :-)

À peine rentré d’Irak, ce fils aîné de Joe Biden - et qui n'est plus un gamin, il a 40 ans -  a annoncé qu’il pensait fortement à se présenter aux prochaines sénatoriales dans le Delaware, ce qui l’amènerait, en cas de victoire à remplacer... son propre père au Sénat, qui avait démissionné de ses fonctions après sa nomination à la Maison Blanche.

intw Beau Biden sur ABC

Si cette déclaration emballe tout le petit monde des médias ici, c’est d’une toute autre manière et sur un tout autre ton qu'en France: en effet, Beau Biden a gagné le respect –et même, l’admiration– de tous en faisant ses classes : études de droit  qui l’ont amené jusqu’à l’élection pour le poste d’Attorney General du Delaware, (équivalent de ministre de la justice de l'Etat du Delaware) qu’il a remportée en 2006 ; et surtout engagement sur le front irakien en octobre 2008, que l’ensemble des Américains avait pu suivre au fur et à mesure des visites très médiatisées de son père.

Certes, les commentateurs politiques ne se sont pas privés de faire remarquer que le nom de Biden était un atout considérable pour Beau dans cette élection : d’abord, parce que le père jouit d’un très fort capital sympathie dans cet Etat qui est le point d’ancrage de la famille ;  ensuite, parce que les financements pour la campagne affluent plus facilement (déjà "$853,000 in the bank"). Et, enfin, comme le souligne le WaPo, peu de candidats se voient offrir cinq minutes d’interview sur une chaîne nationale à heure de grande écoute pour venir raconter son année en Irak.

Pourtant, si les Américains sont très friands des dynasties politiques et s’ils reconnaissent aisément qu’en politique, comme dans de nombreux autres milieux, les vocations se transmettent souvent de père en fils, ils mettent d'abord en avant le critère du mérite.

Et c’est le Vice Président qui l’explique encore le mieux : "It is no secret that I believe my son, Attorney General Beau Biden, would make a great United States Senator (…). But Beau has made it clear from the moment he entered public life that any office he sought he would earn on his own. If he chooses to run for the Senate in the future, he will have to run and win on his own. He wouldn't have it any other way."

Traduction: "Ce n'est un secret pour personne que je suis sûr que mon fils Beau, Attorney General ferait un excellent Sénateur des Etats-Unis (...). Mais Beau a toujours dit, à partir du moment où il a choisi la vie publique, que tous les postes qu'il ambitionnerait, il devra concourir et les gagner lui-même. Il serait hors de question qu'il en soit autrement"...

France/Espagne

Non, je ne suis pas en train de me lancer dans un commentaire du dernier match de foot de nos équipes nationales respectives, mais je veux parler ici de deux manifestations aux buts totalement opposés dans deux pays voisins et culturellement proches qui ont, toutes deux, eu lieu aujourd'hui.

Manifestation monstre en effet à Madrid aujourd'hui: une marée humaine a envahi les rues pour protester contre le projet d'extension de la liberté d'avorter, réservée jusqu'ici aux cas de viol, aux risques de malformation du foetus ou de danger pour la santé de la mère. L'objectif du gouvernement étant de calquer la législation espagnole sur celle de la plupart des pays européens. Des centaines de milliers de personnes, un million selon les organisateurs ont envahi les rues de Madrid. La manifestation avait été initiée par des organisations catholiques conservatrices très bien organisées, qui avait fait déjà descendre des centaines de milliers de manifestants dans la rue en 2005 pour protester contre la loi autorisant le mariage homosexuel.

A Paris, la manifestation était plus modeste. Pourtant quelques milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer une vraie égalité entre hommes et femmes : il faut savoir que le salaire des femmes, à niveau égal à celui des hommes leur est de 20% à 25% inférieur et que seuls 34% des cadres d'entreprise sont des femmes. Et à l'opposé de la situation espagnole, ils manifestaient aussi pour protester contre la fermeture de plusieurs centres d'IVG dans des hôpitaux publics...

Etonnante coïncidence des dates. Et apparent paradoxe: c'est au pays de Zapatero que les anti- avortement se déchaînent (et semblent faire basculer l'opinion publique qui semble compter désormais moins de soutiens au projet favorable à l'avortement que d'opposants). Et au pays de Sarkozy où les femmes réclament plus de liberté et d'égalité des droits. Sauf à en conclure que seuls les opposants manifestent, qu'est-ce que cela révèle de nos sociétés respectives? Intéressant d'y réfléchir...

En tous cas une chose me paraît assez évidente. Comme dans toutes les périodes historiques difficiles, au-delà des revendications économiques et sociales, le débat des années qui viennent aura lieu aussi sur les sujets de société et sur les valeurs: conservatrices pour certains, progressistes pour d'autres. Il n'est que de voir en France l'émotion, les débats et le bruit soulevés depuis quelques semaines sur les affaires Polanski, Mitterrand et Jean Sarkozy pour comprendre que ce qui se jouera, en tous cas chez nous, sera aussi une bataille sur la conception des uns et des autres de la société de demain.

Des promesses aux actes

S’il y a une communauté qui attendait beaucoup de l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, c’est celle des homosexuels qui, après avoir été privée de tribune pendant les années Bush, espérait que ce changement d’administration garantirait enfin l’égalité des droits pour lesquels ils se battent depuis des années.

Au cœur de leur bataille se trouve notamment la lutte contre la discrimination exercée au sein de l’armée américaine, qu’on appelle ici le principe du ‘Don’t Ask, Don’t Tell’, qui contraint les gays et les lesbiennes à cacher leur orientation sexuelle sous peine de refus ou de radiation.
(la raison avancée par les autorités militaires est que si les homosexuels servent ‘openly’, la cohésion des troupes en serait affectée…. no comment…! )

Le 13e gala en défense des droits LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans pour ceux qui ne sont pas familiers des Gay prides) organisé par l’association "Human Rights Campaign", espérait donc de BO qu’il traduise son engagement en actes rapides, après les promesses de campagne de l’automne dernier sur l’abolition du ‘Don’t Ask, Don’t Tell’ donc, ainsi que sur l’annulation du ‘Defense of Marriage Act’, loi fédérale de 1996 qui définit strictement le mariage comme une union entre un homme et une femme et dénie aux gays et aux lesbiennes plus de mille avantages et allocations allouées aux seuls couples femme/homme.

WaPo sur "Leadership on Gay Rights"

Cependant, nombreux ont été déçus par le discours sobre et sans surprise d’Obama qui, s’il a réaffirmé son engagement auprès de la communauté LGBT, n’a avancé ni de projet de loi, ni de calendrier. ("President Obama on Saturday renewed his vow to allow gay men and lesbians to serve openly in the military, but failed to offer a timetable for doing so — an omission likely to inflame critics who say he is not fighting aggressively enough for gay rights.")

NYT sur le même sujet

Voici encore un sujet sur lequel Obama, après avoir multiplié les déclarations d’intention, va être sous surveillance.

Afghanistan, le retour

Le retour en tous cas aux dossiers les plus sérieux. Tous les après-midis de la semaine dernière, Obama a tenu réunion sur un seul et même sujet : l’Afghanistan.
En effet, devant l’enlisement des forces américaines sur le terrain et après la révélation, par le Washington Post il y a quelques semaines, du rapport que le général McChrystal , nommé depuis trois mois, avait adressé à BO afin de réclamer le déploiement de nouvelles troupes, la Maison Blanche se voit obligée de redéfinir son engagement en Aghanistan. McChrystal a en effet placé l’administration Obama face à ses propres choix, expliquant que si les Etats-Unis voulaient mener à bien leur mission en Afghanistan, un changement de stratégie s’impose.

Là où l’effort américain se portait en priorité sur la traque d’Al Quaeda et des Talibans, le nouveau général entend mener une véritable guerre de contre-insurrection, plus ciblée sur les réalités du terrain, en engageant l’offensive contre les centres névralgiques talibans afin de mettre fin à leur expansion et d’anéantir l’influence des Talibans. Et c’est afin d’exécuter ce rencentrage stratégique que McChrystal a fait une demande qui a relancé toutes les polémiques : l’envoi de nouveaux renforts sur le terrain, estimés entre 48,000 et 60,000 hommes – en plus des 68,000 soldats déjà sur place.

NYT ce matin

Si toute la classe politique est consciente du danger que représentent ces poches d’insurrection rampante contrôlée par les Talibans à travers le pays et des risques qu’entraineraît une déstabilisation accrue de cette région au moment même où le Pakistan doit faire face à une nouvelle vague d’attentats, de prises d’otage et de violence, l’annonce d’une possible nouvelle mobilisation de troupes n’est pas sans agiter les Républicains.

Et la stratégie du GOP sur ce sujet joue de subtilité et d’ambiguité afin de mettre la pression sur un Obama, en exigeant que ce dernier choisisse définitivement la stratégie qu’il veut suivre en Afghanistan et informe rapidement l’opinion publique de ses intentions et de leurs répercussions.
Ainsi défilent-ils les uns après les autres sur les plateaux télés, à l’image de McCain hier sur CNN, qui a rappelé que, tandis que les Etats-Unis déplorent chaque jour la perte de soldats sur le terrain, Barack Obama doit prendre une décision et s’y tenir :  "Just over the last several days, just a week or so, we lost 10 more young brave Americans. The president has to be deliberate."

La prochaine allocution du président sur le dossier de l’Afghanistan est donc plus que jamais attendue tant du côté des militaires que du côté de ses opposants, sans oublier l’opinion publique publique américaine, qui reste très partagée et majoritairement opposée à l’envoi de nouveaux hommes sur les fronts agfhan ou irakien.
Mais comme se plaisent à le souligner la plupart des journalistes (retour à nos posts précédents), la pression du Nobel est venue s’ajouter sur les épaules d’un Obama qui n’en demandait pas tant. A l’impératif de succès auquel il est tenu en Afghanistan afin de réconcilier les Américains avec leur politique étrangère, vient s’ajouter l’impératif d’un engagement sans faille afin de prouver à la communauté internationale qu’il est à la hauteur des  intentions que les Nobel lui ont prêtées…

Qu'attendre encore des Républicains conservateurs?

De continuer dans l'outrance, bien sûr. Et les plus conservateurs des Républicains s’en donnent à cœur joie.

En effet, loin d’accueillir de manière favorable cet encouragement ou cette reconnaissance de l’évolution des États-Unis vers un visage plus multilatéral  par la communauté internationale, les plus farouches adversaires d’Obama ont ramené le débat autour du prix Nobel sur la scène domestique pour en faire une véritable d’arme d’opposition.
C’était évidemment une mission idéale pour Rush Limbaugh, qui a enchaîné, depuis vendredi, déclarations outrancières et provocations, en affirmant – au choix – qu’Obama esmaculait la nation américaine ("He's basically emasculating this country and they applauded today with this award."), qu’il était la marionnette des UN ("This is a giant manipulation of Obama.  The Peace Prize is making him a puppet [of United Nations]”) ou encore que le comité du Nobel venait de saboter en récompensant un président qui faisait des discours humiliants pour son propre pays ("Obama gives speeches trashing his own country and he gets a prize for it.").

Renouant avec la traditionnelle théorie du complot, Limbaugh a consacré son entière émission à démontrer comment l’attribution du prix Nobel, loin de récompenser la politique d’Obama, symbolisait en fait l’affaiblissement des Etats-Unis, neutralisés, à travers l’UN – dont le prix Nobel est une extension, par les dirigeants européens avides de regagner du pouvoir sur la scène internationale.

le charmant Mr Limbaugh

A l'opposé - il y a décidément de tout dans la presse américaine - voyez l'édito  de Thomas Friedman dans le NYT ce matin , disant qu'à travers Obama, c’est près de cent ans de politique américaine pour la paix qui est reconnue. En effet, plaide-t-il, les Etats-Unis, de la première guerre mondiale aux missions plus récentes de maintien de la paix sous mandat des Nations Unies ou de l’OTAN, sont incontestablement "the world’s most important peacekeepers". Cocorico américain, avec lequel on me permettra de n'être pas d'accord! Il ne faudrait pas pour le coup verser dans l'excès contraire :chapeau en effet pour les boys à Omaha Beach , en  Normandie, ou dans la libération des camps nazis, mais malgré l'habileté de Thomas Friedman , la Baie des Cochons, le Vietnam, la déstabilisation du Chili, l'Irak ne sont pas vraiment  des trophées à brandir... Amérique "peace keeper" parfois, mais aussi - pardonnez moi amis américains - parfois aussi Amérique "war maker"!

le cocorico de Thomas Friedman

Nobel suite...

Philippe et Sélène dans vos commentaires, vous posez évidemment les bonnes questions. Qu'est ce que la paix? Ce n'est à l'évidence ni Pétain qui symbolise la collaboration, ni Munich qui symbolise le "lâche soulagement", ni la "pacification" en Algérie comme on l'appelait et qui n'était autre qu'une guerre contre un peuple réclamant son indépendance. Et la paix peut être évidemment dans certains cas l'emploi de la force pour la protéger. Si vis pacem, etc... disaient déjà les Romains...

En tous cas, le pacifisme n'est pas toujours la bonne réponse et quand Kennedy, De Gaulle ou Mitterrand ont menacé les soviétiques qui eux mêmes nous menaçaient de leurs missiles, c'était de la juste politique. Je me souviens de cette phrase de Mitterrand au Bundestag, un de ses meilleurs discours, contre le pacifisme bêlant de l'Occident : "le pacifisme est à l'Ouest et les euro missiles sont a l'Est"... Bien sûr.

Il reste que dans l'imagerie populaire, la paix se conjugue mal avec faire la guerre. Et si Obama décide de combattre en Afghanistan, il aura beaucoup de forces pacifistes contre lui.
Cela étant, je le crois suffisamment intelligent  - voyez, mon Obama-criticism a été de courte durée ;-)  - pour en avoir conscience et ne pas se laisser entraver.

Le Nobel: précipitation, outrance et piège

Beaucoup de monde sur la planète se réjouit du prix Nobel de la Paix décerné cette année à Barack Obama. D'autres montrent leur surprise. A commencer par le récipiendaire lui-même et ses conseillers à la Maison Blanche, qui ne s'en doutaient nullement et qui ont été tirés du lit par la nouvelle! En tous cas, comme certains d'entre vous, cela me laisse sceptique et mal à l'aise.

Aurait-on voulu lui ficeler les mains qu'on ne s'y serait pas pris autrement: comment décerner un Prix Nobel à un Président qui se demande chaque matin comment se sortir du bourbier irakien ou s'il ne va pas intensifier son effort de guerre en Afghanistan?

Comment décerner un Nobel de la Paix à un Président qui dans le discours aura montré les meilleures des intentions, avec notamment son grand discours du Caire sur le Proche Orient, mais qui n'a jusqu'ici obtenu aucun résultat concret? On ne peut en aucun cas lui en tenir rigueur - la faute incombant notamment aux belligérants qui ne l'écoutent pas - mais de là à le récompenser pour une paix toujours attendue dans la région la plus explosive du globe, il y a un pas difficile à franchir.

Alors, oui, il peut faire beaucoup pour la paix: la paix civile d'abord dans son propre pays, par son action en faveur des Droits Civiques. Il va sans doute jouer un rôle dans le désarmement général de la planète, mais on n'y est pas encore. Il semble vouloir encourager le dialogue avec Cuba, et se battre pour que l'Iran réponde à sa main tendue ou à des menaces de sanction, mais ce n'est pas gagné. Il a l'intention enfin d'oeuvrer contre le réchauffement climatique, ce qui est une autre forme de guerre que les éléments et les hommes font à la planète toute entière, mais attendons les résultats.

Bref, je trouve que le commentaire le plus avisé a été fait par Angela Merkel, pour laquelle cette éminente distinction est un encouragement, une incitation à le faire aller plus loin sur le chemin de la paix. Mais comment dire? Les jurés Nobel se sont-ils précipité et ont-ils cédé à l'Obamania générale (que j'avoue partager d'habitude), ou les autres candidats n'étaient pas vraiment sérieux?

Cela dit, j'en connais un certain nombre qui vont devoir réprimer leur dépit: Lech Walesa, Prix Nobel de la Paix 83 a eu ce cri du coeur "mais il n'a encore rien fait"! D'autres chefs d'Etat vont trouver que 9 mois de mandat pour être couronné, c'est un peu court. Quant à ceux des Républicains qui ferraillent tous les jours contre lui avec les attaques les plus basses, ils vont en mourir de jalousie. Il n'y a pas de petit plaisir...