Je ne sais pas si vous avez écouté Radio France aujourd'hui qui diffusait un programme unique de Berlin.
Prise dans des embouteillages grandioses comme Paris sait en créer, j'ai entendu de grandes plages horaires, des témoignages passionnants et des débats de grande qualité animés par Ali Badou que j'aime beaucoup.
Il en ressort la surprise, l'émerveillement, la liberté inconnue, les illusions suivies par la désillusion, des salaires toujours inférieurs de 25% en Allemagne de l'Est par rapport à l'Ouest, et la nostalgie des plus vieux.
Un des sujets les plus intéressant étant de savoir ce que signifie ce 9 novembre: il marque non pas la fin de l'Histoire comme a dit Fukuyama, mais à l'évidence l'effondrement du système communiste, et la croyance un peu rapide que le libéralisme économique avait gagné et était invincible. Ce qui a abouti à la folie du marché bancaire et aux dérives qu'on connaît.
Ce qui est intéressant, c'est de savoir si on aurait pu faire autrement, si aujourd'hui, on pourrait réfléchir autrement, si la crise aidant, la régulation du système qui aurait dû prendre place alors ne se met peut-être en place que maintenant.
A condition que les pays industrialisés aient compris la crise, qu'il n'aient pas déjà balayé leurs peurs et ne reprennent pas le "business as usual"...
Beaux textes, Philippe et Michèle. Le 9 novembre vous a inspirés!
Vous m'apprenez Michèle ce qu'a dit Angela Merkel. Moi aussi je la trouve formidable cette femme, et formidable la capacité du peuple allemand à regarder son histoire...
Rédigé par : Anne Sinclair | 10 novembre 2009 à 00:21
Bonsoir Anne, bonsoir à tous
Non je n’ai pas écouté aujourd’hui le programme unique des différentes chaînes de radio France, unicité qui a crée la polémique, mais que serait la France si un sujet ne prêtait pas à polémique ?
J’ai zappé sur la télévision entre France 2, les chaînes d’infos et les chaînes allemande. Trop de blabla à mon goût sur France 2 même si certains témoignages étaient intéressants mais parler sur le concert dirigé par Daniel Barenboïm ou le chant de Placido Domingo, m’a choquée…et puis entendre les discours des chefs d’Etat et de gouvernent traduits par dessus me pose toujours un problème d’ouie même si c’est parfois nécessaire comme pour Menvedev car je ne connais point le russe !
Je ne suis pas particulièrement fan des commémorations, je préfère me tourner résolument vers l’avenir plutôt que ressasser le passé, mais là j’avoue que je fus émue, sans doute car il a fallu attendre 20 ans pour que l’Allemagne puisse célébrer cette chute du mur, les 10 ans ne furent pas célébrés, c’était trop tôt par rapport à l’unification !
Angela Merkel accompagné de son époux ce qui est rare était très émue, elle qui a vécu en RDA, c’était significatif de la voir passer le Bornholm Brücke, premier point de passage ouvert suite à la « bourde » de Schabowsky qui s’est emmêlé les pinceaux lors de sa conférence de presse en annonçant que le passage était possible dès le soir du 9 novembre !
Le passage sous la porte de Brandebourg restée toutes ces années dans le no man’s land entre les deux murs en fait qui existaient par les chefs d’Etat et de gouvernement était un beau symbole aussi.
Les dominos, c’était aussi du domaine du symbole quoi que l’on ne puisse dire si c’est la chute du mur qui a entraîné la chute du communisme ou bien si ce sontles lézardes dans l’édifice soviétique qui a permis la chute du mur, je pencherai plutôt pour la seconde affirmation, ce qui met par terre l’image symbolique de la théorie des dominos, peut importe, c’était beau.
Et Angela Merkel a rappelé dans son discours que s’il fallait se réjouir de ce 9 novembre là, il ne fallait pas oublier un autre 9 novembre dramatique, la nuit de cristal. Je suis admirative de l’Allemagne qui arrive à regarder son passé, à l’assumer et à le condamner sans appel quand il le faut, un bel exemple à suivre…
Et puisque comme je le disais au début de ce post la France est friande de polémique, il a fallu en remettre une couche sur les tergiversations, hésitations supposées de Mitterrand face à la réunification !
Mitterrand avait deux objectifs en tête l’avancement de l’union européenne et la monnaie unique, demander à l’Allemagne de renoncer à son Mark, symbole de sa force économique ce n’était pas rien, et garantir l’intangibilité des frontières en particulier de celle avec la Pologne la fameuse ligne Oder Neisse. Kohl craignait de perdre les élections avec une montée de l’extrême droite vis à vis de l’abandon de minorités allemandes situées outre fleuve ! les deux thèses sont compréhensibles, un compromis a eu lieu et tout est rentré dans l’ordre.
A quand maintenant la chute du mur séparant les deux parties grecques et turques de Chypre, pays d’Union Européenne tout de même, je sais que la république turque n’est reconnue que par la Turquie juridiquement et n’a donc pas d’existence internationale mais de fait, la pays est divisé. A quand la démolition du mur séparant Israël et les territoires palestiniens qualifié de « provisoire », etc…et que dire des murs créés dans nos têtes face à l’Autre, mais ceci est un autre débat qui nous mènerait au bout de la nuit.
Rédigé par : Michèle Doige | 09 novembre 2009 à 23:30
Anne, sommes-nous capables de maîtriser le fil de l’Histoire, de ce quotidien qui nous semble à la fois si difficile et si nécessaire.
Le 9 novembre 1989, c’est la liberté qui, ce jour là, a triomphé pour des milliers de femmes et d’hommes, prisonniers du joug communiste qui les asservissait depuis plus d’un demi siècle.
Des femmes, des hommes qui aspiraient à cette liberté sont morts, en franchissant le mur de la honte, abattus sans sommation dans ce" no man’s land", le fameux couloir entre le"monde libre" et la dictature.
Comme le dit si bien Jean Christophe Cambadélis « s’il y a une leçon à retenir, c’est que rien n’est immuable, lorsque les peuples s’emparent de leur histoire. »
Alors, vous avez raison, en se retournant sur ces vingt dernières années, c’est la capitalisme triomphant qui dicte sa loi, dans une mondialisation qui écrase les plus faibles et gratifie les spéculateurs et autres profiteurs du système.
Notre société occidentale est devenue de plus en plus égoïste, individualiste alors qu’à ses portes l’Afrique crève de faim et les intégrismes religieux en tout genre, tentent de dicter leur loi par la violence aveugle.
Chez nous, on pourrait se sentir plus privilégiés qu’ailleurs, sauf que tout dépend où l’on se situe dans l’échelle sociale.
La crise se fait lourdement sentir pour celles et ceux, qui ont faim, ont froid, sont sans emploi ou sont totalement exclus d’une société qui les ignore, si ce n’est les méprise.
La crise fragilise encore plus ces classes moyennes qui n’aspirent qu’à vivre dignement, à défaut de survivre.
La crise , enfin, renforce l’arrogance et le mépris de ces rentiers de la finance et autres spéculateurs en tout genre qui tels des charognards se repaissent du système qu’ils ont eux même créé à leur suffisance et se vautrent dans le superflu .
Voilà le monde en ce 9 novembre 2009.
Alors que faire ?
Sommes-nous capables de tirer les leçons du passé, de cette Histoire qui grandit les peuples lorsqu'ils se battent pour la liberté et la démocratie.
Sommes-nous capables de sortir de nos petites querelles qui n'amusent plus que leurs auteurs , les oisifs et autres médias peu scrupuleux?
Sommes-nous capables, finalement, d'intégrer l'Histoire pour bâtir le "monde d'après" ?
Rédigé par : Philippe Pugnet | 09 novembre 2009 à 23:18