Premier acte, mardi, juste un peu avant la seconde rafale de neige : Barack Obama revient, lors d’une interview accordée à la chaîne financière Bloomberg, sur les primes de 9 et 17 millions de dollars accordées respectivement aux CEO - PDG - de Goldman Sachs et de JP Morgan pour l’année 2009.
Mais alors qu’en janvier dernier, BO présentait son projet de "taxe sur la responsabilité de la crise financière", et s’indignait contre ces "gras banquiers de Wall Street" (souvenez vous des fat cats) et leur pratique "des bonus obscènes dans les sociétés mêmes qui doivent leur survie au peuple américain", cette fois-ci, le ton s’est fait beaucoup plus compréhensif, en affirmant qu’"il connaissait ces deux (hommes), (qui) sont des hommes d’affaires très doués. Et comme la plupart des Américains, je n'en veux pas aux gens pour leur réussite ou leur richesse. Cela fait partie du système de l'économie de marché."
(''First of all, I know both those guys,'' Obama said. ''They're very savvy businessmen. And I, like most of the American people, don't begrudge people success or wealth. That's part of the free market system.'')
Puis d’une façon un peu malhabile, il a comparé le salaire des hommes d’affaires à ceux des grands sportifs, se disant aussi choqué par les rémunérations de "certains joueurs de base-ball qui sont mieux payés que cela et ne parviennent pas aux phases finales de championnat".
(''Of course, there are some baseball players who are making more than that who don't get to the World Series either. So I'm shocked by that as well.'')
Ces deux déclarations, qui ne constituaient qu’un extrait destiné à promouvoir l’interview, ont suffi à déclencher les polémiques.
Deuxième acte, mercredi, avec une tribune féroce de Krugman, qui s’est indigné d’un "Oh My God (...) We’re doomed" En gros, "Mon Dieu, on est mal barrés"...
Krugman: "Clueless"... Autrement dit, "Nul"....
Et Paul Krugman de rappeler tout d’abord que "l’attitude irresponsable des joueurs de base-ball n’a pas entraîné l’économie mondiale au bord de la faillite, ni coûté à des millions d’Américains leurs emplois et/ou leurs maisons".
Plus sérieusement, il a expliqué qu’il était important pour le Président de continuer à être choqué et à exprimer son indignation car après tout, non seulement les grandes banques de Wall Street ont été sauvées par les contribuables américains, mais en plus, elles continuent à se reposer sur eux pour maintenir leur stabilité.
("And more specifically, not only has the financial industry has been bailed out with taxpayer commitments; it continues to rely on a taxpayer backstop for its stability. (…)
And at the very least, you would think that Obama would understand the importance of acknowledging public anger over what’s happening.")
Troisième acte, hier: la Maison Blanche, embarrassée par tant de réactions, a cherché tout au long de la journée de jeudi à rectifier les propos ainsi rapportés. Dès le matin, une copie de l’interview intégrale a été envoyée aux journalistes ; en début d’après-midi, c’était au tour de Robbert Gibbs de demander à Bloomberg de corriger leur dépêche, qui titrait, en raccourci, "Obama ne s’indigne pas des bonus de Blankfein et Dimon" – les PDG de Goldman Sachs et de JP Morgan. Et comme cela ne suffisait pas à calmer le jeu, un post a été mis en ligne sur le site de la Maison Blanche en début de soirée ”to clear up some confusion”.
Boulette ou changement de ton ? En tout cas, l’interview devait être retransmise en intégralité aujourd’hui.
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