Le matin, Barack Obama recevait son homologue afghan pour un long entretien en tête-à-tête, suivi d’une conférence de presse et d’un déjeuner officiel, "une opportunité de rendre l’hospitalité que le président Karzai (lui) avait témoignée durant (sa) récente visite en Afghanistan, notamment un merveilleux dîner afghan qu’Hamid Karzai avait partagé avec l’ensemble de la délégation américaine (sur place)".
("This visit is an opportunity to return the hospitality that President Karzai showed me during my recent visit to Afghanistan. That included a wonderful Afghan dinner that the President shared with us, and where we were joined by members of his delegation.")
L’après-midi, c’était au tour du Vice-Président Biden de prendre le relai et de recevoir Hamid Karzai.
Beaucoup de fleurs, qui tranchaient avec le discours musclé et pressant des mois précédents.
Ainsi, Obama a pris le soin de reconnaître la responsabilité des États-Unis dans les morts des civils afghans dont le nombre a augmenté ces dernières semaines, rompant avec le vocabulaire militaire des pertes collatérales accidentelles : "Ce n’est pas juste un problème politique pour moi. À la fin de la journée, je suis celui qui est responsable, de même que Général McChrystal est responsable (…). Et c’est un sentiment que je dois porter avec moi de la même manière que tout soldat qui est engagé sur le front porte avec lui à chaque instant." (When there is a civilian casualty, that is not just a political problem for me. I am ultimately accountable, just as General McChrystal is (…). And that something that I have to carry with me, and that anybody who is involved in a military operation has to carry with them".)
Et n’a cessé de répéter que les deux gouvernements avaient les mêmes objectifs : combattre le terrorisme, garantir le bon fonctionnement des institutions démocratiques, restaurer la sécurité et relancer le développement économique du pays. Faisant un pas de plus en avant vers l’apaisement des relations, il a reconnu que "l’existence de périodes de tension était inévitable tant la situation quotidienne était difficile et complexe (et que) c’était la fonction-même du président afghan que de représenter son pays et de défendre sa souveraineté".
Bref, des kilos d'amabilités.
Du coup, Karzai, qui ne pouvait qu’être satisfait de ce changement de ton, a répondu dans un parfait écho, affirmant que "l’Afghanistan était reconnaissant (…) (et qu’il) était bien déterminé à prendre les bonnes décisions afin d’apporter aux Afghans un meilleur gouvernement". ("Afghanistan is grateful. (…) Afghanistan will assure you, Mr. President, that it will take the right steps in bringing a better government to Afghanistan for the benefit of the Afghan people and in partnership with the United States of America.")Mais tandis que les deux leaders se congratulaient, journalistes et observateurs étaient bien plus incrédules sur les réelles avancées de cette rencontre.
Ainsi le NYT, qui ne pouvait pas s’empêcher de remarquer que "cette conférence de presse hautement chorégraphiée avait davantage été marquée par ce qui avait été (sagement) omis plutôt que par ce qui avait été (véritablement) dit".
Obama et Karzai ont-ils réussi à renouer leurs relations avant la prochaine offensive contre les Talibans repliés à Kandahar? On verra. Reste que le chemin pour les Américains est étroit, car de toutes façons, pour le moment, ils ne peuvent pas faire autrement qu’avec Karzai …
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