Aux Etats-Unis, le débat est lancé très clairement sur les objectifs de la coalition qui en effet ne sont pas clairs : seulement protéger les rebelles? les aider, c'est-à-dire prendre parti pour un camp? faire partir Kadhafi? rester combien de temps? sous quel commandement?
Après l'euphorie humanitaire et consensuelle des premières heures, le trouble s'installe: d'abord sur la détermination de la Ligue Arabe de continuer à soutenir la coalition. Ensuite sur l'implication en première ligne des Américains, qui ne seraient pas fâchés de refiler la direction des opérations aux Européens dont ils disent qu'ils ont plus d'intérêts en jeu qu'eux mêmes dans ce conflit qui ne dit pas son nom.Comment cela "plus d'intérêts"? Il ne s'agit plus de protéger une population d'un massacreur???
Enfin, dans ce pays, les Etats-Unis, très sensible à la séparation des pouvoirs s'installe un débat qui à mon sens n'a eu lieu ni en Grande Bretagne ni en France: comment se fait-il que le Président se soit lancé dans ces opérations sans prévenir le Congrès? Sénateurs et Représentants démocrates comme républicains protestent désormais et veulent des comptes. Apparemment ce débat n'a même pas été évoqué en France où il est vrai, le Parlement n'a pas une place essentielle dans le gouvernement du pays! Mais que je sache pas davantage en Grande Bretagne où la Chambre des Communes est toute puissante et devant laquelle David Cameron est directement responsable.
Alors tout cela veut dire quoi? Que personne n'est d'accord sur le véritable but de cette guerre. Que personne n'est d'accord sur le commandement qui pourrait relayer celui des Américains, visiblement leaders de ces opérations. Que les Américains échaudés par l'Irak et l'Afghanistan voient avec inquiétude une nouvelle guerre s'installer au Moyen Orient. Que les parlementaires voudraient bien être consultés, mais est-ce vraiment le moment dans des situations d'urgence? Que chacun s'interroge sur la "contagion" des Révolutions arabes: les organes de presse les plus honnêtes insistent bien sur le côté laïc et pas intégriste des rebelles à Kadhafi, mais l'inquiétude du renforcement possible d'Al Qaida - particulièrement au Yémen qui s'agite aussi - s'insinue dans toutes les têtes.
Bref, il serait urgent qu'Obama rentre de son voyage en Amérique du Sud, vraiment mal venu, et dise clairement les intentions des puissances occidentales. Ce ne serait pas mauvais quie les Européens aussi s'expriment et qu'on mette partout toutes les questions sur la table: que veut-on? que cherche-t-on? et jusqu'à quand?
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