Il était intéressant de suivre les émissions politiques du dimanche matin (c'est fou ce qu'il y en a, ici, à la différence de la France où elle sont rares maintenant!)
Les commentateurs, sénateurs, journalistes sont encore sous le choc de l'émotion.
Même les éditorialistes républicains, qui avec beaucoup de fair play, reconnaissent qu'il s'est passé un événement historique mardi dernier, et qu'il faut en donner crédit au Président élu Obama (c'est drôle de voir la plupart dire "sénateur Obama" avant de se reprendre).
Ce n'est pas être bêtement béat devant les Etats-Unis que noter que le Président est considéré - pour l'instant -comme le Président de tous. Alors que tant de fois en France, la première semaine passée, les polémiques auraient déjà repris sur les promesses de campagne qu'il pourra ou non tenir.
Ca ne va pas durer et c'est sain qu'un pays ne soit pas dans l'adoration permanente, mais je trouve que cette pause démocratique ne manque pas d'allure.
Alors, cela dit, quel est le sens des commentaires ici? Il va gouverner au centre avec tout le monde sur le pont. Avec des Républicains de bonne volonté aussi. Avec la volonté d'avoir dans son équipe rapprochée des gens qui le contrediront ( le feront -ils vraiment ou seront -ils séduits avant d'être critiques?). Cela n'aura pas le même sens qu'en France où les ralliements sont perçus comme un "débauchage" politicien (une bonne prise chez l'adversaire) de la part de celui qui est au pouvoir, et comme un comportement opportuniste de la part de ceux qui acceptent de travailler avec une nouvelle administration.
Ce n'est pas vécu ici comme un "coup politique", mais comme "soyons dans le sens de l'histoire, on a besoin de toutes les cultures politiques".
Je n'aime pas les unanimismes habituellement. Je trouve qu'ici, il n'a pas tout à fait le même sens...
En swahili une des langues du Kenya aussi paraît il !! une langue qui apparemment a beaucoup emprunté à l'arabe...
Il en aura besoin...la limousine blindée d'hier après les murs de vitre de Chicago montrent les mesures de sécurité drastiques mises en place.
Rédigé par : Michèle Doige | 11 novembre 2008 à 10:57
Oui, Nathalie ces photos sont impressionnantes!
De votre mazel tov et de votre good luck, il va en avoir sacrément besoin Barack. En arabe et en hébreu, barak, baroukh ou baraka ont à peu près la même racine: celui qui est beni...
Rédigé par : Anne Sinclair | 10 novembre 2008 à 02:02
Oui, Michèle, c'est exactement cela dans les faits.
Mais dans l'esprit, c'est aussi différent: entre un démocrate "de droite" et un républicain "de gauche", il n'y a surtout pas un grand fossé idéologique. Un anti-capitaliste, ça n'existe que dans les franges de l'électorat ultra libéral (au sens américain du terme). Un Besancenot à 10% est impensable ici!
A l'inverse, beaucoup de démocrates sont réservés sur la régulation de l'économie, les services publics et l'intervention de l'Etat, tandis que nos hommes de droite n'osent pas vraiment, même s'ils sont très libéraux (au sens français cette fois du terme!) remettre fondamentalement en cause la Sécu ou le financement public des hopitaux. Les hurlements seraient trop fort en France.
Pendant les primaires, j'étais frappée par le débat entre Hillary et Obama sur le Health Care, l'assurance maladie, qui est un sujet que tous les pays européens ont traité depuis 50 ans, depuis la guerre. On sait qu'il faut qu'un système repose sur des cotisations contraignantes (ce que proposait Hillary) et non pas volontaires (ce qui était la position d'Obama), sinon, des pans entiers de la société ne cotisent pas et ne sont pas couverts.
Par parenthèse, je ne sais pas si Obama a évolué sur ce point: ce serait formidable qu'il confie ce dossier à Hillary!
Mais on reprendra, si vous le voulez ce débat sur le service public ici: Je regarde attentivement les jours de grand vent, si le poteau électrique qui est en face de ma maison et qui penche légèrement, ne va pas tomber sur nous! En France, je ne connais plus un seul coin d'Auvergne (ce n'est pas négatif, mais je prends un exemple de région enclavée) où les fils électriques ne soient pas enterrés! En tous cas pas dans les grandes villes, alors qu'ici, on est en plein Washington!
Rédigé par : Anne Sinclair | 10 novembre 2008 à 01:18
Le législatif est totalement différent aux USA et en France. Il est courant, aux USA, de voir s'allier des Démocrates et des Républicains pour présenter une loi (impensable en France de voir un député PS et un député UMP présenter une proposition de loi, sachant qu'il leur est interdit de présenter un projet de loi, réduisant les députés et sénateurs au rang de figurants ou de valets de l'exécutif).
Ainsi, par exemple, une des deux lois majeures qui ont fait la "gloire" de McCain est celle sur le financement des campagnes, qu'il a présenté avec un démocrate.
De même, Clinton a gouverné avec un congrès républicain et Bush avec un congrès démocrate
A la différence de la France, il n'y a pas de débauchage véritablement, le Républicain qui vient travailler avec le Président reste républicain. Il ne vient pas travailler pour les Démocrates, il vient travailler pour son pays.
Donc il y a toujours une gouvernance avec toutes les bonnes volontés. C'est le principe même du législatif aux USA et de son rapport avec l'exécutif : ce sont des individualités qui s'expriment et non des appareils. Evidemment, le revers de la médaille c'est que chaque vote se monnaye finissant en véritable échange de marchands de tapis.
Rédigé par : Michèle | 09 novembre 2008 à 21:28
@ Julie, je ne sais pas si nous voyons cela comme de la trahison -- peut-être une petite partie de la population le voit comme tel, certes -- et je pense comme vous que c'est effectivement très sain mais la vraie question c'est est-ce que ça marche? Is it workable? Trop souvent des intérêts autres que ceux du pays sont en jeu, des dissenssions personnelles et des combats pour le pouvoir. Nous ne voyons hélas (ou pas hélas d'ailleurs...) que la partie émergée de l'iceberg et nous n'en sommes pas encore au point où tous, hommes politiques et autres, oeuvreront pour le bien de tous. Il faut pour cela de sérieux changements au sein de la société et non, nous n'en sommes pas encore là. Je ne suis pas pessimiste car je pense que c'est quelque chose de possible. Mais quel travail !
Rédigé par : Nathalie | 09 novembre 2008 à 20:51
@ Julie: notamment Meet the Press of course!
Rédigé par : Anne Sinclair | 09 novembre 2008 à 20:15
Puisqu'on est un pays divise en deux, presque, sur le plan politique - je pense que son seul moyen de faire ce qu' il a a faire et d'unir le pays c'est de mettre en tete des ministeres des hommes/femmes de tres qualifies en provenance des deux cotes (republicains/democrates), ou possible.
Il a promis de travailler avec les deux partis; il a promis d'entendre les deux cotes; et il a promis d'etre le President de tous. Alors, pourquoi ne pas faire les choses autrement cette fois-ci? Il a le pouvoir a faire exactement ce qu'il doit faire (vu sa majorite democrate) - mais si on va de l'extreme gauche a l'extreme droite tous les quatre ou huits ans - c'est ou le progres? Les democrates se rejouissent de se retrouver avec BO comme President mais il a qq part fallu payer ca avec l'administration Bush et ses guerres et ses scandales et sa crise economique.
Je ne vois pas ca comme de la trahison. Je sais qu' en France c'est vu comme ca et c'est tres precaire pour les personnes qui le fassent. C'est bon de faire travailler ensemble des "cultures" et opinions differents.
Par curiosite et si je peux, vous avez regarde quelles emissions ce matin, Anne? C'est une de mes choses preferees a faire le dimanche matin!
Rédigé par : Julie | 09 novembre 2008 à 19:54
Rien à voir avec votre article mais je regardais aujourd'hui les quelques milliers de photos sur le site "flickr" (il y en a littérallement des milliers) et je ne pouvais m'empêcher de penser aux épisodes variés de 24 HEURES, de ce président noir, de sa famille, ses amis, ses conseillers. Espérons seulement qu'il n'aura jamais à prendre le type de décisions prises par le Président dans cette série. Il en aura certes de très difficiles à prendre, des décisions vitales pour le pays et pour la démocratie. Souhaitons-lui Mazel Tov comme on dit chez moi, good luck Mr. President, the world is watching you.
Rédigé par : Nathalie | 09 novembre 2008 à 19:41
Thank you! Mais y a pas le feu! On est dimanche, oubliez ce site et profitez un peu votre repos dominiqual! Coquille voulue
Rédigé par : Charlotte Goulmy | 09 novembre 2008 à 19:28
Charlotte, il n'est pas sur le site, je ne sais pas pourquoi, mais sur le journal en PDF ( et il faut payer pour avoir le journal complet).
je n'ai pas encore eu le temps, occupée à vous repondre, mais je vais le mettre en ligne... Merci!
Rédigé par : Anne Sinclair | 09 novembre 2008 à 19:21
The polder model is a term with uncertain origin that was first used to describe the internationally acclaimed Dutch version of consensus policy in economics, specifically in the 1980s and 1990s.[citation needed] However, the term was quickly adopted for a much wider meaning, for similar cases of consensus decision-making, which are supposedly typically Dutch. It is described with phrases like 'a pragmatic recognition of pluriformity' and 'cooperation despite differences'.
PS Madame Sinclair, sur le site du JDD je ne trouve votre article nulle part... Je suis pas très douée, pourriez vous s.v.p nous donner le lien direct?
Rédigé par : Charlotte Goulmy | 09 novembre 2008 à 19:06
On sent comme un regret dans votre texte!!!
Mais c'est vrai qu'ici en France on parle de trahison...
Lang que l'on aurait voulu voir voter contre son propre travail etc...
Sur ce point je le reconnais on est lamentable...
Nous avons le choix le foot ou la messe....le dimanche matin...
Alors je ramesse les feuilles dans le jardin de mon chêne qui chaque automne me fiche les boules...
Bon brunch à vous!
Rédigé par : Jog | 09 novembre 2008 à 19:02
Mille fois bravo !
Vous avez tout compris.
J'ajouterais, pour que le tableau soit complet, qu'il y va de l'intérêt bien compris de chacun d'avoir quelques-uns des siens dans l'équipe d'en face...
Rédigé par : Robert | 09 novembre 2008 à 18:52