" Deux ou trois choses vues d'Amérique "

Loi a minima? Suite...

Ça ne s'arrange pas chez les Démocrates.

Le débat dont je parlais hier soir continue. Howard Dean, le chef du Parti démocrate a piqué une grosse colère hier, suivi me semble-t-il par beaucoup de Démocrates libéraux (habituez vous, cela veut dire "de gauche" ici aux US!): il serait prêt à voter contre la loi si elle lui semble dénaturée...

Alors, là, c'est la fin des haricots, si les Démocrates se divisent au point que certains veulent voter contre la loi voulue par la Maison Blanche! C'est en effet ce que certains reprochent à mots couverts - et même découverts - à Obama: de vouloir à tout prix un vote pour des raisons politiques, pour pouvoir dire "on a fait un grand pas en avant", au prix de concessions insupportables qui en détournent complètement le sens. Certains vont même jusqu'à dire que cette loi aggraverait les choses...

Je crois qu'ils attendent d'Obama qu'il ne remballe pas sans combattre son projet d'assurance publique qui pourrait entrer en compétition avec les assurances privées. Ils lui reprochent de compromettre au-delà du nécessaire en capitulant dès que les opposants combattent une des idées progressistes du texte. Ce n'est pas une négociation, disent-ils, mais un retrait en rase campagne...

Bref, comme on dit chez nous, ça craint...

Vaut-il mieux une loi a minima ou pas de loi du tout?

Apparemment, c'est la question qui est posée aux Démocrates qui vont devoir remballer leur projet d'assurance santé publique au profit d'un consensus minimum qui permette à une loi d'être votée. Le Sénateur, Joe Libermann souvent accusé de traîtrise pour son comportement ondoyant (l'année dernière encore en soutenant John McCain alors qu'il se disait toujours Démocrate), tient la majorité à la gorge en refusant de voter tout ce qui pourrait contenir le début du commencement d'une public option.

Si bien que oui, le dilemme est celui-là: Une loi a minima ou pas de loi du tout!

Obama a semble-t-il choisi. Il a reçu pour la deuxième fois  en 15 jours les sénateurs démocrates pour leur dire qu'ils n'avaient plus que 9 jours avant la pose de Noël pour tenir les délais. " Now, lets be clear. The final bill won't include everything that everybody wants. No bill can do that". "Disons-le franchement: la loi définitive ne comportera pas tout ce que chacun voudrait qu'elle comporte".

Le tout est de savoir ce qui restera... Et s'il y a encore réforme ou simulacre.

D'après le Président américain, "prudemment optimiste" selon ses termes après le meeting, les compagnies d'assurance privées ne pourront plus refuser de couvrir les citoyens qui auraient une maladie préexistante à leur demande d'assurance comme c'est le cas aujourd'hui. Pas plus qu'elles ne pourront résilier le contrat en cas de maladie de l'assuré. Et affirme-t-il, tout en réduisant le coût des dépenses de santé...

D'après lui, cette réforme pourra quand même apporter une couverture santé à 30 millions d'Américains qui n'en ont pas, en devenant le pas en avant le plus important depuis le vote du programme Medicare pour les personnes âgées dans les années 60.

Il a intérêt à positiver de toutes façons, sinon, les Républicains, et une poignée de Démocrates conservateurs, finiront par réduire en pièces le projet initial.

D'où le vieux débat que connaissent tous les réformistes du monde: vaut-il mieux un projet réduit dans ses ambitions, mais qui peut apporter du progrès à certains, ou vaut-il mieux le jeter aux orties en imputant la faute aux immobilistes qui ont dépecé un projet ambitieux?... Tout dépendra de la taille du compromis, sans doute...