"I won’t quit." Je ne céderai pas/ je ne renoncerai pas/je ne baisserai pas les bras... Quelle que soit la traduction qu'on adopte, c’est de ce ton ferme, décidé et déterminé qu’Obama s'est adressé mercredi aux membres du Congrès et de la Cour Suprême, réunis pour le traditionnel discours sur l'Etat de l’Union. Et c'est ce ton que, selon toute vraisemblance, il va garder.
Discours traditionnel certes, sauf qu'il a duré 71 minutes, qu'il intervient alors que beaucoup d'eau est passée sous les ponts depuis un an et l'arrivée triomphale à la Maison Blanche, mais que, visiblement - comme il a dit l'autre jour à propos des banques - "si on (le) cherche on (le) trouve".
Dans cette adresse, forte, et dès ce jeudi à Tampa, en Floride, Barack Obama a voulu mettre l'accent sur ce qui est désormais pour lui la priorité absolue dans l'année qui vient : les emplois et l'état de l'économie. Et on peut être sûr que cette thématique, il ne va pas la lâcher.
Sur l’économie, tout d’abord, Barack Obama a annoncé que "l'emploi sera notre priorité numéro une en 2010" . Pressé par ses adversaires et par les plus mécontents de répondre sur les progrès réalisés depuis un an, Obama est revenu sur la crise financière et le plan de relance de $787 milliards de février dernier, expliquant de nouveau pourquoi cette mesure, de plus en plus impopulaire, était indispensable au pays, clarifiant les ambiguïtés sur les conditions d’attribution et de remboursement de ces aides et se démarquant, une nouvelle fois, des banquiers de Wall Street.Et parce que depuis une semaine désormais, les Républicains n’ont cessé de l’attaquer sur le manque de résultats d’un Président qui serait plus affairé à s’occuper des réseaux financiers que des problèmes des vrais Américains, BO ne s’est pas privé de rappeler l’héritage économique désastreux de son prédécesseur "Washington has been telling us to wait for decades, even as the problems have grown worse".
Il a rappelé qu’il n’avait pas été "élu pour faire ce qui serait populaire mais ce qui était nécessaire et que (d’ailleurs) s’il avait laissé ""courir la crise financière, le taux de chômage serait sûrement le double de ce qu’il est aujourd’hui, davantage d’entreprises auraient dû fermer et un plus grand nombre d’Américains encore auraient perdu leur maison."
Il a annoncé ensuite les mesures destinées à rassurer les classes moyennes et leur prouver que contrairement à ce que l’on pouvait entendre un peu partout, il était plus proche des Américains que certains de leurs élus. Comme prévu, il a dévoilé qu'un nouveau plan pour l’économie, à destination principalement des classes moyennes, sera présenté aux membres du Congrès, 30 milliards de dollars, qui seront prélevés sur les fonds remboursés par Wall Street, une dotation supplémentaire allouée aux allocations chômage et surtout - annonce reprise partout dans les medias aujourd’hui : il va réduire significativement les impôts pour ces "familles sandwich", celles qui essaient d’acheter leur première maison, les familles ayant un enfant malade ou un parent à charge, les familles se démenant pour permettre à leur enfant de faire des études supérieures sans oublier, encore une fois les petites entreprises.
"Now, let me repeat: We cut taxes. We cut taxes for 95 percent of working families. (Applause.) We cut taxes for small businesses. We cut taxes for first-time homebuyers. We cut taxes for parents trying to care for their children. We cut taxes for 8 million Americans paying for college. (Applause.)". Toutes ces mesures étant destinées à montrer à ces familles, luttant au quotidien contre les effets de la crise, qu'il ne les avaient pas oubliées.
Dans un second temps, Barack Obama, retrouvant ses élans et ses accents de campagne, a envoyé un message de confiance à l’ensemble de ses concitoyens.
Admettant ses erreurs et ses faux pas, il a une nouvelle fois promis aux Américains qu’il tiendrait bon, qu’il continuerait de se battre pour mettre en place "le changement pour lequel il a été élu".
Et alors qu’il revenait sur l’importance de sa réforme de l’assurance-maladie (à la moitié seulement de son discours), de son projet pour l’éducation, à l’attention qu’il portait au problème de la sécurité, il s’est adressé à ses collègues Démocrates assemblés, les rappelant à leur responsabilité et les exhortant à faire preuve d’audace et d’unité afin de "montrer aux Américains qu’ensemble, ils pouvaient faire changer les choses".
"To Democrats, I would remind you that we still have the largest majority in decades, and the people expect us to solve problems, not run for the hills. And if the Republican leadership is going to insist that 60 votes in the Senate are required to do any business at all in this town -- a supermajority -- then the responsibility to govern is now yours as well. (...) So let's show the American people that we can do it together."
Pas de doute: en se recentrant sur l'économique et le social, la Maison Blanche espère un rebond dans les
sondages. Le Health Care n'est désormais plus le thème central de l'action gouvernementale à venir depuis la défaite du Massachussetts . Obama laisse
désormais le bébé aux Sénateurs et a décidé de se concentrer sur les
soucis majeurs des Américains.
Tout le monde ayant noté son ton offensif, aujourd'hui, à Tampa, il s'est défendu d'adopter une nouvelle tactique: "I just have to do a little rewind here of how we ran our grass-roots campaign," he continued. "Because I've got some news of my own here: I've been fighting for working folks my entire adult life.", soit: "Je fais un retour en arrière, et je rappelle comment nous avons mené une campagne à la base... J'ai juste une chose à dire: je me suis battu pour les travailleurs toute ma vie d'adulte".
Ce n'est sans doute pas nouveau qu'il soit un combattant, "a fighter", mais il a décidé en tous cas de le faire comprendre à tout le monde.
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