Michelle Obama a lancé sa nouvelle campagne contre l’obésité des enfants, "Let’s Move" (www.letsmove.gov), vendredi à Philadelphie.
La lumière est mise sur ce qu’on appelle ici les "food deserts", c’est-à-dire des endroits où les supermarchés et autres épiceries sont inexistantes ou trop lointains pour permettre aux familles qui y habitent de s’y rendre régulierement.
Puis aujourd'hui, c’est devant l’Association des Gouverneurs que Michelle doit dévoiler son grand plan national pour "éliminer l’épidemie d’obésité qui touche nos enfants"
Le but de cette grande initiative est de combiner programmes volontaires et mesures gouvernementales pour débarrasser les écoles américaines de la ‘junk food’ servies trop souvent dans les cantines, augmenter le nombre d’activités physiques dans l’emploi du temps des enfants et inciter les industries à proposer une offre plus saine et éduquer les familles afin qu’elles fassent les bons choix en matière d’alimentation.
"L’obésite n’est pas une maladie où l’on dépend de la découverte d’un traitement. Nous savons quel est le remède pour en venir a bout. Ce n’est pas comme si on cherchait à envoyer un homme sur la lune ou à inventer l’internet. Il ne faut pas être un génie de la technologie. Nous avons tout ce dont nous avons besoin pour aider dès maintenant nos enfants à mener des vies saines" a-t-elle déclaré récemment.
C'est vrai. Il ne s'agit pas que de mauvaises habitudes alimentaires. Il s'agit d'abord de revenus: les familles où il y a des gens en surpoids (comme on dit quand on est PC - politically correct), sont généralement les plus modestes. Car les KFC et les chips, cela coûte moins cher qu'un steak grillé et des légumes! La mode est au bio aux US, à tout ce qui est organique, comme ce qu'on trouve dans les magasins d'alimentation "Whole Food". Mais c'est très cher! La bonne santé, cela coûte, et encore une fois, les plus pauvres n'ont pas les moyens de manger sans sucre, sans sel, sans produits ajoutés qui masquent le goût et font grossir. Voilà pourquoi les efforts qu'elle demande aux industriels ou aux cantines sont importants.
Elle en profite aussi - et c'est très intéressant - pour faire passer un message sur la question raciale qu'elle aborde de front - ce que son mari ne peut pas toujours faire, au risque - tant ses adversaires sont à l'affût - de laisser penser qu'il favorise la communauté dont il est issu. Elle sert ainsi de passerelle entre la communauté noire et la présidence. Dans cette croisade contre l'obésité, elle n'hésite pas à souligner - ce qui rejoint mon point précédent - qu'elle a des effets disproportionnés sur les Noirs et les Hispaniques. "Si un tiers de nos enfants sont frappés par le problème, dans les communautés noires ou hispaniques, il s'agit d'un enfant sur deux" a-t-elle dit. Et suit un message destiné aux populations urbaines où il ne s'agit pas que d'un problème d'alimentation bâclée. Mais aussi de celui des quartiers qui ne sont pas sûrs, où les enfants prennent le bus plutôt que de marcher pour aller à l'école, et que les parents ne renvoient pas jouer dehors quand ils rentrent de classe.
C'est un beau rôle intelligent que Michelle Obama endosse ainsi intelligemment aux côtés de son mari: celui de mise en lumière des problèmes sociaux de l'Amérique: pauvreté, question raciale, développement des quartiers dangereux. Un rôle de vigie, en quelque sorte, d'une Amérique des laissés pour compte.
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