Et cette visite s’est déroulée dans un climat de bonne entente réaffirmée, le Président français étant désireux d’afficher sa proximité avec son homologue américain.
Avant son départ déjà, Nicolas Sarkozy avait largement communiqué sur sa venue à la Maison Blanche et sur le privilège d’un dîner en tête-à-tête avec les Obama. Les journaux français en ont d'ailleurs fait dix fois plus que la presse américaine qui n'en a pas beaucoup parlé, (à part un article dans le NY Times, d'aujourd'hui, mais davantage centré sur l'Iran).
Arrivé la veille à New York, le Président français avait réitéré ses déclarations d’amitié et ses appels à une coordination renforcée entre les Etats-Unis et la France : "Le monde a besoin d’une Amérique ouverte, généreuse, d’une Amérique qui montre le chemin, d’une Amérique qui écoute. (…) Je pense que nous pouvons dire que rarement dans l’histoire des relations entre nos deux pays, on a pu observer une communauté de vues/d'idées si proche entre les Etats-Unis et la France."
Car l’organisation de cette rencontre révèle un changement dans la conduite des affaires étrangères de Barack Obama.
Fini le temps où le Président américain multipliait meetings, messages et discours en direction de l’opinion publique étrangère, devant des foules exaltées à Prague ou au Caire, quitte à abréger ses discussions avec des leaders nationaux en mal de reconnaissance.
Barack Obama a compris l’importance de cultiver tête-à-tête et entretiens privés afin d’obtenir de la part de ses homologues des engagements réels.
Ainsi, loin des dénonciations publiques des colonies israéliennes qualifiées à plusieurs reprises d’"illégitimes" dans les medias américains, Obama avait privilégié cette fois un entretien feutré lors de la venue de Netanyahou la semaine dernière, pour lui demander de geler les constructions.
Dans le même esprit, désireux de construire une réponse commune nécessaire face aux provocations répétées de l’Iran, BO a avant tout cherché auprès du Président français un engagement effectif et un accord sur la prise de sanctions en cas de non-coopération de Téhéran : "Mon espoir est de régler cette question d’ici le printemps. Je n’ai pas l’intention d’attendre des mois". ("My hope is we are going to get this done this spring. (…) I'm not interested in waiting months.")
Et tandis que les photographes avaient les yeux rivés sur les retrouvailles entre Carla et Michelle, Nicolas Sarkozy rejoignait BO en déclarant que "le temps était venu de prendre des décisions, l’Iran ne pouvant continuer ainsi sa course folle".
Certes, on est loin de l’esprit de franche camaraderie que W. Bush entretenait avec certains chefs d’Etat, mais l'accueil que Barack Obama a réservé à "son cher ami Nicolas Sarkozy" témoignait bien de ce changement de ton.
Quant aux Américains, ils auront apprécié la petite phrase de gentille ironie que leur chef d’Etat a prononcé en réponse au discours de Sarkozy à New York (qui avait, lui, lancé dans une pointe d’humour assez osée un "Bienvenue dans le club des Etats qui ne tournent pas leur dos aux malades et aux pauvres") : "J’écoute Nicolas tout le temps. Je n’arrête pas de l’écouter." (“I listen to Nicolas all the time. I can’t stop listening to him.”).
Un peu dans le ton, finalement, de ce que Plantu dessine ce soir à la Une du Monde: Sarko debout devant un tableau noir disant "Barack, je vais t'expliquer l'économie américaine". Tandis que Carla, restée à table avec ses hôtes lui dit: "Chouchou, ça va être froid!" ...
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