Contrairement en effet à l’année dernière, où, pour son premier discours devant l’ONU, il était longuement revenu sur les valeurs de l’Amérique et les fondements de son engagement, le Président des Etats-Unis a voulu cette fois muscler son discours, son ton, mais aussi son attitude.
Alors que le sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) venait juste de prendre fin, Barack Obama a d'abord tenu a réitérer l’engagement des Etats-Unis en matière d’aide au développement. Mais très vite, il a encouragé la communauté internationale à adopter une approche différente, à rompre avec la politique de l’assistance à court-terme et à favoriser les pays qui sont prêts à faire des efforts - et des réformes - en matière de démocratie et de croissance économique : Lorsque nous nous réunirons de nouveau ici l’année prochaine, ce devra être avec des engagements précis pour promouvoir la transparence, lutter contre la corruption, encourager l’engagement civique, exploiter les nouvelles technologies afin de renforcer les fondements de la liberté dans chacun de nos pays."
La veille, Barack Obama avait même été plus loin, redéfinissant les cadres de l’aide au développement, expliquant qu’il fallait privilégier les résultats, conditionner l’aide au progrès et "utiliser tous les leviers à notre disposition, de la diplomatie aux accords commerciaux ou aux investissements à l’étranger". "Premièrement, nous devons changer la façon dont nous définissons (l’aide au) développement. Pendant trop longtemps, nous avons mesuré nos efforts en fonction du nombre de dollars dépensés, de la nourriture ou des médicaments distribués. Mais l’aide seule n’est pas du développement. Le (but du) développement est d’aider véritablement les nations à se développer et à passer de la pauvreté à la prospérité. (…) Deuxièmement, il nous faut changer la façon dont nous considérons l’objectif final du développement : (certes) notre politique d’assistance a sauvé des vies à court-terme mais cela n’a pas toujours amélioré les sociétés (de ceux qui recevaient cette assistance). Considérez un instant les millions de personnes qui dépendent de notre assistance en matière de nourriture depuis des décennies. Ce n’est pas du développement, c’est de la dépendance. Et c’est un cycle qu’il nous faut rompre. Au lieu d’essayer de pallier la pauvreté, nous devons offrir aux nations et à leur peuple un chemin pour sortir de la pauvreté."Haussant le ton et les sourcils, Barack Obama a ensuite choisi d’évoquer fermement son engagement pour la paix et la réouverture des négociations directes entre Israël et la Palestine. S'adressant à "ceux qui se considèrent comme les amis d’Israel (…) ou de la Palestine", il les a invités à passer à la prise de responsabilité : "Ceux parmi nous qui sont les amis d'Israel doivent comprendre que la sécurité de l’Etat hébreu requiert une Palestine indépendante, une Palestine qui permet à ses citoyens de vivre dans la dignité. Et ceux parmi nous qui sont les amis des Palestiniens doivent comprendre que les droits du peuple palestinien ne pourront être gagnés que par des moyens pacifiques et par une véritable réconciliation."
Et dans un élan qui se voulait à la fois un sursaut d’espoir et une promesse de choc, Barack Obama n’a pas hésité à déclarer que "l'année prochaine, lorsque nous reviendrons ici, il pourrait y avoir un nouvel accord qui nous mènera à accueillir un nouveau membre des Nations-Unies : un Etat de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israel." ("When we come back here next year, we can have an agreement that will lead to a new member of the United Nations -- an independent, sovereign state of Palestine, living in peace with Israel.")
Enfin, quelques heures avant le – désormais traditionnel – discours de Mahmoud Ahmadinejad, le Président américain a durci sa position vis-a-vis de l’Iran : "Dans le cadre de notre combat contre la prolifération des armes nucléaires, j’ai tendu la main à la République islamique d'Iran l’année dernière, devant cette même assemblée, et j’ai souligné que nous avions tous les mêmes droits mais (aussi) les mêmes responsabilités, en tant que membre de la communauté internationale. Mais j’avais également expliqué, en ce lieu-même, que l’Iran serait tenue comme responsable si elle ne tenait pas ses engagements. (…) Les Etats-Unis et la communauté internationale essaient de résoudre nos différends avec l'Iran, et la porte reste ouverte à la diplomatie, si l'Iran choisit de l'emprunter. Mais le gouvernement iranien doit démontrer un engagement clair et digne de foi, et confirmer au monde la nature pacifique de son programme nucléaire."
Discours de Barack Obama à l'ONU
Obama avait donc prévenu. En passant de la redéfinition des valeurs et des idéaux à la redéfinition des engagements et des actes, il n’accepterait plus de nouvelles provocations de la part du gouvernement iranien. Aussi, lorsque Ahmadinejad est venu déclarer que c’était "les services du gouvernement américain (qui) avaient orchestré les attaques du 11 septembre pour relancer son économie déclinante, asseoir son assise sur le Moyen-Orient et sauver le régime sioniste", c’est l’ensemble de la délégation américaine qui a quitté la salle de l’ONU.
L’année passée, les Etats-Unis avaient choisi de ne pas répondre aux provocations du Président iranien, mais comme l’a dit BO, "cette fois, ce sera (peut-être) différent".
Merci pour le partage, avec impatience la suite de vos essais
Rédigé par : christian louboutin | 12 octobre 2010 à 09:22
vraiment bon article, je l'aime, merci pour le partage
Rédigé par : christian louboutin | 11 octobre 2010 à 09:25
Un retour sur l'ONU, avez vous cette ineptie? ...
http://undispatch.com/media-snookered-by-the-bogus-alien-ambassador-story
Rédigé par : KATLEF | 30 septembre 2010 à 21:35
Evidement cette notion que la politique de développement post colonialiste n'a visiblement pas apporté un réel developement et que peut être il faudrait changer les solutions. En particulier il y a un Jeune économiste Kenyan James Shikwati qui pousse pour une Afrique qui prendrait son destin économique en main. Ci-joint un article sur lui:
http://www.nytimes.com/2006/11/18/us/politics/18thinktank.html?_r=1
Rédigé par : KATLEF | 26 septembre 2010 à 21:57
Je suis mille fois d'accord Michèle... il semble que rien n'arrête ceux qui rêvent de rester dans "l'ancien temps', celui où la vie humaine comptait peu, où le danger était si important qu'il n'était pas question d'autre chose que de "vengeance" pour empêcher les crimes.
Ce temps est révolu dans nos pays en paix intérieure, mais les esprits n'ont pas évolué...
Ceci donne la réponse à la question de votre post, Anne: Oui, il faut penser que demain pourra être différent. Il s'agit d'un postulat de départ nécessaire à toute politique progressiste, envers et contre tout.
Nous ne pouvons renier les changements technologiques, le monde est différent de celui d'il y a 100 ans ou 200 ans, il faut agir sur l'éducation et l'entraînement par quelques grandes voix vers un monde différent, plus humain. Barak Obama est l'une de ces voix, jamais inutile.
Rédigé par : Sélène | 26 septembre 2010 à 19:09
Michèle je suis mille fois d'accord avec vous sur l'exécution de cette femme de Virginie. C'est le paradoxe de ce pays si interessant qui quelquefois nous indigne profondément...
Rédigé par : Anne Sinclair | 26 septembre 2010 à 17:02
je suis toujours émerveillé par les discours du potus et de sa capacité a vouloir prendre beaucoup plus de risques qu'il n'y paraît finalement, notamment avec l'Iran; il y a pourtant d'énormes freins politico-militaires; pourquoi être si prudent alors qu'il n'y a pas d'autre chemin ? un véritable dialogue drect entre B. Obama et Mahmoud Ahmadinejad c'est grandement possible, il faut que le potus puisse faire le véritable premier pas car c'est lui qui a la main et la force; la confiance est essentielle pour tout développement
Rédigé par : claude | 26 septembre 2010 à 16:53
Bonjour Anne, bonjour à tous
Je voulais revenir sur l’exécution de Teresa Lewis en Virginie. Le livre de Robert Badinter "l’abolition " a-t-il été traduit en américain ? Je crois sincèrement que nombre de dirigeants et de citoyens de ce pays devraient le lire !
Je croyais que c’était le Texas qui détenait la sinistre première place des Etats procédant à l’exécution ( c’est le mot adéquat ) des sentences prononçant la peine de mort. A l’occasion de cette affaire j’apprends que c’est en réalité la Virginie, c’est aussi l’Etat le plus prompt à exécuter ces décisions, les condamnés attendent très peu de temps dans "le couloir de la mort" quelle expression.
Cela me fait penser à la Révolution Française où les citoyens étaient arrêtés sans motif particulier et jugés ( ou pas ) de manière plus qu’expéditrice puis attendaient chaque matin l’appel des noms pour savoir s’ils seraient de la prochaine charrette.
Ce qui me fait le plus bondir c’est que les partisans de la peine de mort aux Etats-Unis sont souvent les mêmes que les "pro-life" . S’ils sont autant pour la vie ( qui d’ailleurs est contre la vie ? ) pourquoi alors acceptent-ils que celle-ci soit ôtée à certains de leurs semblables comme sanction pénale ?
Rédigé par : Michèle Doige | 26 septembre 2010 à 11:02
Anne,
Votre lien vers le discours de BO ne marche pas...Here it is again:
http://www.whitehouse.gov/photos-and-video/video/2010/09/23/president-obama-addresses-united-nations
Rédigé par : KATLEF | 25 septembre 2010 à 18:44
Le discours est intéressant mais s'agissant de l'aide aux pays pauvres, comment va-t-il s'y prendre sans affaiblir les entreprises américaines et chinoise (son partenaire financier)?
Par exemple pour aider le petit paysan africain ou indien qui cultive le coton face aux géants ?
Pour empêcher l'achat des terres africaines par les pays plus riches qui évincent encore une fois le petit paysan africain?
Pour qu'un pays comme l'Irak puisse se réorganiser après une guerre étrange qui a détruit tout le pays même si le tyran est mort?
Pour permettre aux Mexicains de pouvoir rester sur leurs terres ?
Sans parler de l'exploitation des richesses du sous-sol de nombreux pays pauvres..
Oui, un discours plein de bonnes intentions...gratuites
Rédigé par : ghislaine | 25 septembre 2010 à 18:16