Il règne toujours une atmosphère étrange la veille des élections.
Il y a d’abord l’excitation des medias qui rivalisent de sondages et prognostics, traquant les dernières tendances et analysant les derniers arguments lancés par des partis toujours au coude-à-coude dans plus d’une dizaine d’Etats.
Tous avancent désormais que la Chambre est bel et bien perdue pour les Démocrates, avec au moins 231 sieges donnés sûrement gagnés par les Républicains. En revanche, le Sénat resterait sous le contrôle de la majorité démocrate mais avec une marge de manœuvre encore plus etroite que précédemment (avec, selon les sondages, 52 sieges contre 48 pour l’opposition, ou 53/47).
Si bien que les medias se concentrent désormais sur ces Etats qui risquent de basculer dans le camp de l’opposition et considérablement altérer les projets de l’administration Obama au Sénat : le Colorado, l’Illinois, l’Ohio, le Nevada, la Pennsylvanie et l’Etat de Washington.
Il y a l’opposition qui fait désormais de cette élection un referendum anti-Obama, reprenant au mot près les arguments des Démocrates pour expliquer que si le changement n’est pas intervenu hier, il interviendra encore moins demain et que "Obama The Snob" a fourvoyé les Americains avec deux ans de fausses promesses et de mauvaise gestion économique.
Ainsi, s’écriait Sarah Palin exaltée : "Vous avez tout gâché, M. le président. Nous vous avions donné deux ans pour tenir votre promesse et relancer notre économie". Et la Mama Grizzly en chef de predire un veritable séisme politique pour demain et le réveil en force des Républicains pour 2012.
(“You blew it, President Obama,” Mrs Palin said in a Sunday morning television appearance. “We gave you two years to fulfill your promise of making sure our economy starts roaring back to life again”.)
Sans oublier l’agitation qui secoue le camp démocrate, qui multiplie meetings et messages de dernière minute pour remobiliser son électorat.
Après une dernière virée-eclair du Président à travers la Pennsylvanie, l’Illinois, le Connecticut et l’Ohio pour exhorter les électeurs à "continuer à construire un mouvement pour le changement", c’était au tour de Michelle aujourd’hui de se rendre dans le Nevada pour apporter son soutien à Harry Reid, toujours donné perdant face a Sharron Angle.
Hier, un nouveau message radio ainsi qu’une nouvelle vidéo de Barack et Michelle Obama, côte à côte, ont été diffusés pour appeler les Américains à voter.
Car les seuls qui ne semblent hélas pas être gagnés par la fièvre des veilles d’élections sont les électeurs eux-mêmes. 38% des Américains déclarent ne toujours pas avoir décidé s’ils allaient se rendre aux urnes demain. Un chiffre encore plus alarmant encore si on considère les jeunes (de 18 a 29 ans) puisque seulement un jeune sur trois, soit 27%, affirme son intention d’aller voter (alors qu’ils etaient 51% a s’être deplacés en 2008).
Et lorsque 51% des Americains déclarent qu’ils voteront pour les Republicains (contre 44% pour les Démocrates), les deux partis redoublent d’efforts pour envoyer le maximum de leurs militants faire du porte-à-porte jusqu’au dernier moment. (“What I need this weekend is 20,000 doors knocked by all the volunteers who are here today.’’)
Enfin, comme dans toutes les élections, il y a ceux qui pensent dejà à demain. Ainsi, côté démocrate, ils se remontent le moral en disant qu’un revers en 2010 permettrait une réélection plus facile en 2012. Peut-être. Quant aux Républicains, le mot d’ordre du jour n’était pas à la victoire, mais à la vigilance car la prochaine bataille sera interne et aura pour cible Sarah Palin que le Vieux Grand Parti ne veut pas voir candidate pour les prochaines élections…
Anne, une page de moi dans l'Obs de demain. Vous "m'achetez" :) ?
Rédigé par : Clara | 03 novembre 2010 à 11:46
Stanislas merci pour le plaidoyer pro baseball que j'aurais bien été incapable de faire! Et vous avez sûrement raison, c'est un point important de la relation conviviale avec les Américains! Alors, j'ai des leçons à prendre, car je n'y comprends rien à ce jeu qui s'arrête toutes les minutes...
Rédigé par : Anne Sinclair | 02 novembre 2010 à 21:05
Bonsoir à tous,
Je voudrais rebondir sur le commentaire de François à propos du base-ball "LE" sport des américains.
Qu'il trouve cela ennuyeux est son affaire, moi je trouve cela au contraire fabuleux et passionnant à suivre ce qui est un peu différent de simplement regarder un match à la télévision même si c'est la finale des "World Series" !. Pour aimer le base ball il faut s'impliquer et dépasser le seul spectacle sportif, aimer entre autre la stratégie et les statistiques !!! Mais tout cela est secondaire au regard de ce que représente le base-ball aux USA.
De ma propre expérience, quand je vivais aux USA (Stamford CT) je peux vous assurer que connaître un peu le base ball et pouvoir en discuter d'égal à égal avec mes interlocuteurs locaux a été pour moi un sésame fabuleux pour établir avec eux des relations beaucoup plus fortes et différentes que celles que la plupart des mes confrères européens avaient établies. Surtout mes compatriotes n'ont jamais compris pas comment cela pouvait être possible.
Evidement j'évoluais dans un milieu proche du commerce et de l'industrie loin des cercles intellectuels ou de la politique qui n'ont probablement que peu d'intérêt pour le sport en général ou le base ball en particulier, mais je reste convaincu qu'il est difficile d' appréhender le mode de vie des américains sans essayer de comprendre l'implication du sport professionnel ou amateur dans leur quotidien. Cela est vrai pour le base ball mais aussi pour ke football américain (celui des Colleges en particulier) et pour le basket (notamment celui du monde universitaire). Il est très fréquent d'entendre dans la conversation des américains des expressions ou des images liées au sport qui sont souvent des révélateurs intéressants de leur centre d'intérêt et de certains aspect de leur personnalité.
Enfin, que Barry Bonds soit encore poursuivi aujourd'hui pour des comportements anti sportifs et l'usage supposé de produits dopants reste assez secondaire pour la majorité des américains et ne porte en aucun cas préjudice au prestige dont jouit toujours le base-ball aux USA. Il n'y a qu'à voir le nombre de pages que le NYT consacre chaque jour au sport favori des Américains.
Bonsoir à tous et bonne chance au Potus qui risque d'avoir à passer deux années bien difficile avec ces "midterm elections" dont on attend avec intérêt les résultats et les conséquences.
Stanislas Le Charpentier
Rédigé par : Stanislas Brossollet | 02 novembre 2010 à 20:42
Oui Philippe, c'est de plus en plus difficile de gouverner sans décevoir les espoirs fous qui ont été mis en un Président qui n'est pas un magicien. Et le discours populiste et facile des Républicains sait capter toutes les frustrations...
Et en effet, la logique voudrait que même s'il perd les élections d'aujourd'hui, il soit réélu en 2012. Mais la logique et l'humeur des électeurs ne font pas toujours bon ménage.
Rédigé par : Anne Sinclair | 02 novembre 2010 à 20:33
SERA-T-IL CANDIDAT EN 2012
En janvier, avant le passage de la réforme de la santé, Barack Obama a laissé échapper qu'il préférerait être un " très bon président qui ne ferait qu'un mandat " qu'un " médiocre président qui en ferait deux ". Les conservateurs ayant sauté sur l'occasion de propager l'idée du mandat unique, il a préféré arrêter les spéculations. Dans une interview au National Journal, fin octobre, il a laissé entendre qu'il se représenterait en 2012. Et Joe Biden, le vice-président, inquiet probablement des rumeurs selon lesquelles Hillary Clinton serait sur le " ticket ", s'est empressé d'annoncer qu'il avait été sollicité par son patron pour être de nouveau son colistier.
Selon un sondage du Pew Research Center, 47 % des Américains souhaitent que Barack Obama se représente, contre 43 % qui ne le souhaitent pas. (En 1982, 36 % seulement des citoyens souhaitaient que Ronald Reagan soit de nouveau candidat. Il a remporté l'élection avec 18 points d'avance.)
Barack Obama n'ignore pas qu'il a la démographie pour lui. L'électorat blanc, qui lui fait défaut aujourd'hui, à part chez les jeunes, est condamné à rétrécir. " En 2012, Obama pourrait ne remporter que 40 % du vote blanc et gagner quand même, grâce aux minorités ", expliquait récemment Ron Brownstein, du National Journal. Les électeurs non " anglos " étaient 14 % en 1994, 25 % en 2008. Ils sont moins pessimistes sur l'avenir du pays. Ils continuent de penser que leurs enfants connaîtront un sort meilleur que le leur. Et ils croient dans les bienfaits du gouvernement. Ceux-là vivent encore le rêve américain.
(Source Le Monde)
Anne, je ne suis pas un spécialiste de la politique américaine ni un observateur averti de la présidence Obama, malgré les très bons articles que vous faîtes sur le sujet.
Mais il me semble que BO est aujourd'hui au creux de la vague et qu'il demeure un redoutable politique capable de renverser la tendance en 2012...à la condition d'avoir le plein entier soutien de son parti et de retrouver la confiance de cette partie du peuple américain qui semble l'avoir abandonné.
Et puis ces élections à mi-mandat, peut-être que la parti démocrate n'a pas toujours investi les bons candidats, ici ou là ?
On a tendance à tout attendre d'un Président comme BO et peut-être a-t-il déçu sur certains dossiers ? Et les résultats n'arrivant pas assez vite aux yeux de certains, le populisme conservateur à coup de milliards de $ a fait le reste.
S'il y avait une leçon à retenir, ne serait-ce pas qu'il est de plus en plus difficile de gouverner et de satisfaire tout le monde ?
Le populisme et la surenchère idéologique ne restent-ils pas des adversaires redoutables face à la volonté de réformer dans un esprit de justice sociale et de crédibilité économique !
Quoiqu'il advienne, il y a des Hommes politiques qui forcent le respect et qui donnent envie de "mouiller la chemise" pour ce qu'ils sont et la volonté politique qui les anime : Barack Obama est de ceux là.
J'en connais un autre...mais ce n'est pas le sujet !
Rédigé par : Philippe Pugnet | 02 novembre 2010 à 16:52
The democrats got what they deserved in the first place. A good wake-up call for the democrats on the Hill .
C'est le temps de retourner le Governeur Howard Dean, soit à la tête du parti ou dans l'enceinte de l'administration à la Maison Blanche comme conseiller au Président.
Soit que les démocrates supportent le président, que les citoyens ont voté pour et l'aident à accomplir son mandat ou ils vont se casser la figure en Novembre prochain.
Rédigé par : Yul | 20 janvier 2010 à 15:44
-----------------------------------
C'est ce que j'avais écrit en janvier quand le siège de Teddy Kennedy est allé à un Républicain
Obama doit revoir les conseillers qui sont dans son cabinet à la Maison Blanche ( Rahm et Summers sont partis mais il y a d'autres comme je l'ai mentionné à maintes reprises)
La perte des sièges à la chambre des Représentants sera une bonne affaire- que les vrais démocrates ( et non les opportunistes) et les indépendants vont en guerre dans les 18 prochains mois contre les élus des GOP. Les Américains verront que les GOPs et les Tea baggers are all talk and no action.
D'autres commentaires après les résultats de ce soir.........
Rédigé par : Yul | 02 novembre 2010 à 16:40
mardi 2 novembre
Jour et nuit d'élection,
Avant la grande soirée électorale l'Amérique a pu se passionner pour ce qui fut historiquement son sport favori. Le base-ball.
San Francisco chante et exulte. Ses Géants ont gagné pour la première fois depuis que la franchise a quitté New York en 1958.
Le premier fan de leur adversaire texan qui a jeté la première balle est triste, cependant il pense pouvoir se consoler avec les résultats électoraux qui l'espère-t-il vont bouster les ventes de son livre et sa réaparition dans le cirque médiatique.
J'avoue que si j'arrive à suivre et parfois me passionner pour un match de foot ball, je ne trouve rien de plus ennuyeux qu'une soirée télé passée devant un match de base-ball à égalité avec son frère cricket.
Je crois que c'est exprès ce sont deux puissants marqueurs d'identités et donc d'exclusion de ce qui n'est pas eux.
Au base ball on était fan à vie de père en fils de la même équipe, celle du lieu d'où l'on était originaire et on le restait quelque soit ses pérégrinations ultérieures dans le reste du pays durant sa vie.
L'argent roi a un peu gâché la fête quand les propriétaires ont commencé à déménager leur équipe comme ce fut le cas pour ces géants de San Francisco venus de NY dans les années 50. Les supporters ne sachant plus à quel saint se vouer. Bon ils se sont adaptés.
La culture américaine n'est-elle pas à l'individualisme, ils se sont mis à mettre en avant l'exploit individuel.
Et avec le sacrifice total du collectif le diable a fini par sorti de sa boite et il a un nom Barry Bonds.
Pendant des années ce fut l'immense vedette des vainqueurs de cette année les Géants.
Géant il le fut dans sa quête de record contre les gloires du passé, le légendaire Babe Ruth et ses 60 home run dans les années vingt puis dans les années 50 la chute du record par Roger Maris et 'Hank Aaron.
Pour enfin le saut dans l'ère moderne dans les années 2000, le duel Mc Guire/ Samy Sosa et le chiffre 70 le quantum leap.
Puis ce fut l'ère Bonds celle de tous les records.
Un site internet avait promis un million de dollars au fan qui arriverait à attraper la balle du record absolu. Devant la menace d'émeute il a dut se désister. IL n'empêche le fan qui a réussi à l'avoir a du être protégé par la police de San Francisco et a touché 700.000 $ après sa mise au enchères. Quant à Bonds 43 ans il aurait touché pendant ces vingt ans de carrière environ 170 millions de $, la somme que vient de brûler en une campagne la milliardaire d'Ebay, le monde est petit, le site où se sont faites les enchères de la balle de base ball.
Mais si Bonds écrasait tout sur son passage il faudra attendre sa disparition de l'équipe pour dès l'année suivante la voir gagner. Une histoire morale, Bonds sent le souffre.
Même s'il continue à farouchement nier il a été pris par la patrouille dans le scandale BALCO. La plus grande affaire de dopage au US qui touche tout les sports, de l'athlétisme au base-ball et qui fait paraître nos affaires de cyclisme comme de la petite bière.
Depuis 2003 Barry est sur la sellette. Il a tout tenté pour échapper à la justice et comme dans notre affaire Bettancourt il y a une histoire de cassette enregistrée à son insu et de violation de ses droits à sa vie privée. Bref après de multiples délais et épisodes le procès pour avoir menti au grand jury est fixé pour mars prochain, huit ans après le début de l'affaire.
Et ce sera le procès, n'en doutons pas, de l'individualisme américain au cœur de l'élection d'aujourd'hui et de sa propension à ne reculer devant aucun moyen pour gagner.
Rédigé par : François Fonlac | 02 novembre 2010 à 15:17
Bonjour !
Comme vous le décrivez très justement, la situation se complique pour les Dems et pour le GOP. Sans oublier le Tea Party, Sarah et les oursonnes !
Selon l'ampleur de la "défaite" de mi-mandat, on verra se dessiner (ou pas) une stratégie de réélection de BO en tant que contrepoids.
Ah la logique des institutions USA !
Rédigé par : Robert | 02 novembre 2010 à 13:06