De retour à Paris. Après vingt-quatre heures en Zambie où l'Internet est rare, puis de nouveau Johannesburg hier soir.
Mercredi matin, avant de quitter Johannesburg pour la première fois, petite étape à Soweto qui fut le town ship le plus emblématique de l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid. On n’y roule pas sur l’or, mais il y a désormais beaucoup de maisons en dur (avec toit de tôle quand même), et on sent que cette vitrine insupportable de l'Afrique australe a reçu de l'agent et beaucoup d'attentions. Ce qui n'est pas le cas du slum de Kibeira à Nairobi dont je vous ai parlé il y a quelques jours…
Rencontre avec l'association « Grassroot soccer » qui, avec de jeunes éducateurs, tente de sensibiliser les enfants de Soweto aux dangers du Sida, à travers des classes de foot réunissant filles et garçons. Ils apprennent à dribbler en passant autour de plots qui ont pour nom: "safe sex", "resist peer pressure" (« résiste à la pression des copains ») etc... Quand on sait les ravages du sida en Afrique, on ne peut que se réjouir que des enfants soient ainsi avertis, même si c'est bien tôt - mais y a-t-il encore de la place pour une enfance épargnée en Afrique? Des sponsors aident cette association, et distribueront des places aux élèves apprentis joueurs, des places dans les stades où se disputera la Coupe du Monde. Etape touchante, joyeuse et footeuse.
Départ ensuite dans la foulée pour la Zambie, à Lusaka.
J'y ai visité hier matin jeudi, une bibliothèque pour enfants - The Lubuto Project Library - à l'intérieur d'un foyer pour « street children », des enfants de la rue. Ce foyer, par son nom même en dit beaucoup: "the Fountain of Hope". Des orphelins dont les parents sont morts du Sida et dont personne ne s'occupe, des enfants fugueurs errants sans toit, ou même des enfants abandonnés par leurs parents trop misérables pour les nourrir, viennent dans ce lieu chercher nourriture, quelques pauvres lits, un semblant d'école pendant quelques semaines ou mois, le temps de comprendre la situation de chacun d'entre eux et de voir s'il peut réintégrer un foyer familial.
Une bibliothèque y a été créée avec quelques 4000 livres en anglais, pour les familiariser avec la langue officielle du pays. Ces livres viennent de prêts et dons divers, allant du conte pour enfant, à des romans plus élaborés, aux livres d'images ou aux atlas. Le plus consulté est le livre Guiness des Records. Mais les Atlas de la National Geographic suivent de près. Ou comment donner un peu de rêve à ceux qui ne s'échapperont pas...
Martin Luther King était le personnage et le thème de la
semaine, les livres illustrés sur ses grandes citations inspirant dessins,
peintures ou saynètes jouées par les enfants à partir de leur lecture. Et ils l'ont fait pour leurs visiteurs avec flamme et fierté.
Je
ne sais pas bien non plus comment on repart tranquillement
vers le Nord, vers ce qui doit leur apparaître comme un paradis
hors de portée, et où nous
sommes focalisés sur ce qui se passe chez nous. Après
10 heures d'avion et l'arrivée dans un monde où l'on parle éducation en péril
ou élections régionales, comment penser encore aux
enfants de Lubuto sans renier pour autant les combats d'ici? Peut-être seulement en
les relativisant un peu?
Une dernière précision peut-être: en Afrique du Sud, le revenu annuel par tête est à peu près de 5.600$. En Zambie, il est autour de 1000$. Au Kenya, de 840$. Il est environ de 42.000$ en France...
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