Barack Obama, porté aux nues comme un demi-dieu il y a vingt deux mois, est devenu "Mister Unpopular", tel que le titrait le magazine Time cette semaine.
Pourra-t-il renverser la tendance et permettre à son camp de conserver sa majorité au Congrès le 2 novembre prochain? C'est la question du moment depuis mardi et la publication d’une nouvelle série de sondages de plus en plus défavorables aux Démocrates.
La cote du président, toujours en baisse, est loin d’être un signe de bon augure. Hier, selon le dernier sondage ABC-Washington Post, plus d’un Américain interrogé sur deux désapprouve la politique de Barack Obama (52% contre 46%), notamment en matière d'économie et plus particulièrement concernant sa gestion du déficit (avec, respectivement, 57% et 58% d'avis défavorables).
Si bien que les élus démocrates de la Chambre et du Sénat se demandent désormais comment la Maison Blanche, qui a toujours autant de mal à convaincre sur des décisions prises en tout début de mandat, va pouvoir les aider dans la bataille de novembre. Car l’incompréhension et le mécontentement des Américains envers leur président ne les épargnent pas : les dernières études d’opinion prédisent une victoire des Républicains à la Chambre, mais peut-être même au Sénat. En effet, toujours, selon le même sondage, près de 53% des électeurs déclarent désormais qu’ils voteront républicain (contre 40% seulement pour les Démocrates), soit un écart qu’on n’avait pas vu depuis 1981. Familièrement dit, la tasse.
Selon un autre sondage, cette fois commandé par le Wall Street Journal/ NBC News, quand on interroge, parmi les électeurs, ceux qui ont véritablement l’intention d’aller voter, les Républicains creusent définitivement l’écart, par plus de 9 points (à 49% d’intentions de vote contre 40% pour les Démocrates. Dans le même esprit, les Américains sont désormais plus de 61% à penser que le pays va vers la mauvaise direction, contre 48% il y a un an.
Pour une fois donc, experts politiques et médias semblent être tous d’accord : à mesure que la cote des Républicains progresse, celle des Démocrates, elle, ne cesse de s’effondrer.Pour autant, les démocrates optimistes (il en reste!) disent que la partie n'est pas jouée car si les électeurs sont déçus par leurs représentants démocrates, ils ne sont souvent guère plus satisfaits des élus de l’opposition.
Et si, jusque la, la stratégie de Barack Obama consistait avant tout à aller à la rencontre des électeurs sur le terrain, pour défendre et expliquer sa politique économique, l’heure est aujourd’hui aux coups rendus et à la montée en agressivité.
En effet, pour la première fois depuis le début de cette campagne, Barack Obama cible ses ennemis et les vise sans sourciller.
En meeting dans l’Ohio avant-hier, il a cité pas moins de 8 fois le nom de John Boehner, actuellement chef de la minorité à la Chambre, et qui pourrait en devenir le leader en cas de victoire républicaine : "Il y a quelques semaines, le chef de file des Républicains à la Chambre est venu ici, à Cleveland, (vous) présenter la solution que propose son parti en matière de politique économique. Maintenant, ce serait déjà un grand pas de franchi s’il reconnaissait les erreurs commises par son parti pendant les huit années passées au pouvoir ; s’il admettait qu’ils ont laissé (la situation) filer ; s’il tirait une leçon de ces erreurs et revenait avec une nouvelle approche crédible pour sortir notre pays de la crise.
Mais il n’en est rien. Il n’y a rien de nouveau dans les propositions de M. Boehner. Pas de nouvelles idées, juste la même vieille politique qu’ils ont essayée depuis plus de dix ans lorsqu’ils étaient au pouvoir – cette même politique qui nous a menés (tout droit) à la situation d'aujourd’hui : diminuer les impôts des millionnaires et les règles pour les corporations."
("A few weeks ago, the Republican leader of the House came here to Cleveland and offered his party’s answer to our economic challenges. Now, it would be one thing if he had admitted his party’s mistakes during the eight years that they were in power, if they had gone off for a while and meditated, and come back and offered a credible new approach to solving our country’s problems.
But that’s not what happened. There were no new policies from Mr. Boehner. There were no new ideas. There was just the same philosophy that we had already tried during the decade that they were in power -- the same philosophy that led to this mess in the first place: Cut more taxes for millionaires and cut more rules for corporations.")
A ceux qui prédisent un raz-de-marée républicain sans précédent, le président a donc décidé de monter au créneau et rappelé qu'on a enterré un peu trop tôt la pugnacité, l’esprit de compétition, la formidable machine de guerre que peut représenter un Barack Obama provoqué en pleine campagne.
Reste qu'il a moins de deux mois pour renverser la tendance... Et le tout est de savoir si c'est l'usure normale de celui qui gouverne, la crise qui perdure, ou un rejet réel...
de bien jolies contributions aujourd'hui: Voltaire/Rousseau, j'aime cette citation d'Emerson; Gérard, de tres belles lignes sur le 11 septembre;Sequina, c'est exactement cela: vive les avions qui peuvent nous emmener dans nos pays de liberté; Sélène, oui, je suis d'accord sur les références...
Rédigé par : Anne Sinclair | 12 septembre 2010 à 22:28
En novembre 1992, Bill Clinton a été brillamment élu Président des Etats-Unis avec une confortable majorité. Deux plus tard aux élections du mid-term il a perdu la majorité à ces élections. Le parti démocrate a concédé 54 sièges au parti républicain à la chambre des Représentants. Ce résultat ne l’a pas empêché de faire un deuxième mandat et de d’exercer la plus longue et la plus belle présidence démocrate depuis Franklin Delano Roosevelt. Les pères fondateurs des Etats-Unis ont construit l’une des plus enviables constitutions au monde avec un équilibre presque parfait entre les trois pouvoirs. Elle est un des socles sur lequel repose la puissance de ce pays.
En soit, l’élection de Barack Hussein Obama est un miracle comme seuls les Etats-Unis peuvent en offrir au monde. Il n’y a pas si longtemps en 1963, Martin Luther King ne rêvait que de voir des enfants blanc et noirs assis à la même table. Le 9 juin 1966 en Afrique du Sud devant des étudiants noirs, Bob Kennedy déclarait : « Supposons que Dieu soit noir ! Que nous arrivera-t-il là-haut si, durant notre vie, nous avons traité les Noirs comme des hommes inférieurs ? Que Dieu soit là en face de nous et qu’il ne soit pas un Blanc ? Que pourrons-nous lui dire ?
Quand je vois le long cheminent au terme duquel Obama est parvenu à la tête des Etats-Unis d’Amérique je pense que l’éventuelle défaite aux élections du mid terme n’est qu’une péripétie. Peut-être cette perte de la majorité lui sera salutaire ? Par expérience, on sait que les grands hommes politiques trouvent dans l’adversité les moyens de rebondir. Cette cohabitation pas dans le sens français puisqu’il s’agit ici d’un régime présidentiel et non mixte lui permettra de montrer face une chambre hostile toute la mesure des ses talents. L’arsenal juridique et constitutionnel dont il dispose est immense.
Dans le Newsweek daté du 17 novembre 2008, l’éditorialiste Fareed Zakaria, rapporte que l’auteur préféré de Barack Obama est le philosophe, essayiste et poète américain, Ralph Waldo Emerson (1802-1883). Outre le fait qu’Emerson est connu pour avoir été un fervent partisan de l’abolition de l’esclavage. C’est un chantre de la volonté. Deux de ces citations pour illustrer ce que le Président Obama peut puiser chez son auteur favori.
« N'allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n'y a pas de chemin et laissez une trace ». Ou bien « Accroche ton chariot à une étoile ». J’espère et je souhaite qu’Obama continuera à nous surprendre et ce pour un monde meilleur.
Il est l’exemple vivant de « l’Audace d’Espérer » titre de sa biographie.
Enfin, il faut aussi qu’il agisse pour que les indicateurs économiques virent au vert, eux seuls en fin de compte détermineront le destin d’Obama. Les choix économiques qu’il fera durant les deux prochaines années seront décisifs.
Voltaire.Rousseau
Rédigé par : Voltaire.Rousseau | 12 septembre 2010 à 21:01
@Sélène, merci pour ce petit mot !
Je ne sais si ce texte peut apporter aux autres, l’écrire sur le moment fut l’assaut invasif de souvenirs, le lire aujourd’hui fait qu’ils ne peuvent plus s’évanouir !
@Yul je pense que nous sommes quelques uns ici à partager vos pratiques respectueuses et respectables !
@Françoise, je vous envie d’avoir été les oreilles du ruisseau confident !
Au sujet de bach, le ruisseau en teuton comme vous le rappelez, je déconne j’aime cette langue qui fait passer un castra pour un camionneur ou un déménageur, cela me fait penser que je n’ai pas donné le nom de la Tête de l’Art dont je vous ai parlé dernièrement !
Quel idiot tu es Jog !
Jean Sébastien est tombé dedans, celui de la musique évidemment car c’est lui le vilain qui fit de la taule pour avoir tenu tête à son esclavagiste de boss !
Ne le plaignez pas, cela lui à donner l’audace de le quitter.
@Mélanie Castro a avoué dernièrement que le communisme ne marchait plus sur son ile, même pour la nomenklatura. Sans doute est il soudain lucide sur la merde qu’il a installée et fait perdurer dans son pays, et en défense trouve à mélanger les genres espérant ainsi trouver quelques indulgences !
Je ne voudrais pas avoir un jour à expertiser le cerveau du bonhomme, ça doit ressembler à du gloubiboulga...
@MiDo pas de blème, une édition originale m'ira très bien!
Je repars en libellule…
Je ne fiche rien que dalle, et c'est doux, tout juste si j’ai le courage de lever mon cul du fauteuil pour aller pisser !
Les deux pieds sur le bureau, le casque sur les oreilles…je plane au naturel, j’aime pas le synthétique, je crois vous l’avoir déjà dit !
Rédigé par : Account Deleted | 12 septembre 2010 à 18:31
Combien de générations avnt d'oublier le 11 septembre demande Charlotte. Pour moi qui en a été le témoin à Washington, cela restera à jamais marqué dans mon esprit. Pour la g.nération de monfils dont les amis se sont engagé dans les marines par douzaines, ça ne disparaitra pas de sitôt je le crains. Je me souviens de voir cet énorme nuage noir au dessus du Pentagone couronné de flammes rouge vif. Je me souviens de cette immense foule silencieuse évacuant Washington à pied. Je me souviens que tous, dans cet exode, srutions anxieusement le ciel cristallin pour voir un éventuel avion destructeur, comme ma mère 61 ans plutôt....Le me souviendrai toujours de mon passage sur la 395 le lendemain, alors que le Pentagone brûlait toujours. J'avais cru que les sauveteurs avaient établi une caféteria. Parce qu'il y avait une telle odeur de chairs grillées. il y a aujourd'hui un monument aux 7 morts de Springfield, ma banlieue, 5 femmes et deux hommes. Et pendant une semaine, j'ai longé les voitures parquées près d'une station de covoiturage, dont les propriétaires s'étaient évaporés et qui se couvraient lentement de poussière.
Alors bien sûr, il faut condamner l'intolérance de ce pasteur ignare. Mais il ne faut pas accepter comme réaction naturelle, que la ``rue arabe`` se révolte et menace de mettre le monde à feu et à sang en cas d'autodafé. Sinon quelle marche arrière de la civilisation si on accorde le droit à toute une culture de menacer l'``autre`` en permanence.
Rédigé par : Gerard le Lorrain | 12 septembre 2010 à 18:05
Bonjour Anne, bonjour à tous
@ Ghislaine
Vous êtes tout excusée ! Eh oui il est des femmes capitaine "d’un bateau vert et blanc ".
Obama qui gère son pays en bon père de famille, ça fait un peu Code Civil ☺☺
Je pense qu’il ne manque ni d’envie, ni d’ambition, ni de punch pour reprendre vos termes. Il peut lui être reproché de trop réfléchir, de s’entourer de trop d’avis avant de prendre une décision. C’est difficile de trouver le juste équilibre car il était reproché à son prédécesseur de trop agir sur des coups de tête.
@ Jog
Josef Strauss et ses polkas-mazurkas me mettent de bonne humeur, j’aime beaucoup leur rythme.
Et puis ne retrouvons-nous pas ces trois temps dans nombre de danses bretonnes ou niçoises ?
Après la libellule de Josef, ne pourrions-nous pas avoir la
chauve-souris ( certes l’animal aurait du mal à être qualifié de belle demoiselle ) de son frère Johann ?
Quant à la réunion d’Oslo qui pourrait faire évoquer Grieg et son magnifique Peer Gynt, j’ai le souvenir ému de la visite de sa maison "troldhaugen" ( le tertre des trolls ) près de Bergen, ville magnifique, j’en aurai des échos par mes trois amies
"osloiennes ".
Rédigé par : Michèle Doige | 12 septembre 2010 à 17:23
Pour répondre à Yul (poste précédent) et à d'autres ....
Nous sommes dans le "niveau de vêtements" comme nous sommes dans le 'niveau de langage".... l’incompréhension entre les catégories sociales vient souvent du fait qu'ils ne parlent pas le même langage, que le "niveau de langage", ou de vêtement(langage du corps) est différent.
Autant nous pouvons parler "rap" en banlieue si nous sommes banlieusard, absolument pas si nous sommes un visiteur de passage, autant un banlieusard ne pourra pas rester "rap" pour être admis dans d'autres endroits. Il y a des références géographiques pour le langage (les langues etc.. ) et pour le vêtement. A mon avis, c'est la même chose...
Porter un Niqab ou un Tchador dans l'endroit où on ne l'attend pas est volontairement insultant pour les "locaux".
Si je vais en Afghanistan, je mettrai un foulard pour ne pas choquer. Ne peut on en attendre autant des visiteurs en France?
Rédigé par : Sélène | 12 septembre 2010 à 17:16
@Céline
merci pour votre gentillesse, j'adhère à votre écrit, oui nous ne sommes pas tenus d'etre en accord sur tout...
àYul "Quelle belle rhétorique, dites vous"J'ignore si vous etes condescendant", mais ...Oui pour respecter les pays et leurs traditions et coutumes, d'autant que les voyages et/ou séjours sont par définition, de courte durée.Nous avons le droit de revendiquer aussi, le respect de notre laïcité et si je ne peux pas fumer à Marrakech ou ailleurs en période de ramadan ou parce que cela choque, je persiste et signe à dire que la burka et le niqab dans ma rue m'insupportent...
Quand à Monte-carlo, en touriste, je n'ai pas eu de problème, il y a dix ans, aujourd'hui, je ne sais pas. Dans les pays, que vous citez, les femmes vivent un cauchemar, que j'ai partagé un temps: c'est tolérable, lorsqu'un avion, nous attend pour rentrer dans nos pays ou la liberté a un sens
Rédigé par : sequina zeroulou | 12 septembre 2010 à 17:08
@ Michèle Doige
Toutes mes excuses pour cette erreur de frappe car je savais que vous étiez une femme. Il y a d'ailleurs des femmes capitaines.
S'il a fallu aux Américains attendre l'investiture de B.O. pour se rendre compte de l'étendue de la crise, alors, ils sont bien moins informés que les Français ! Mais j'en doute :http://annesinclair.typepad.fr/journal/2008/10/le-soutien-dcis/comments/page/2/
L'économie américaine ne se remet toujours pas peut être parce que les investisseurs, les banquiers n'ont plus confiance, n'ont plus envie.
L'envie, l'ambition, le punch, voilà ce qui manque à cet homme jeune mais à l'image de bon père de famille qui accumule des erreurs simplistes mais symboliques.
Rédigé par : ghislaine | 12 septembre 2010 à 14:26
Mon humeur est volante aujourd’hui, aussi légère que le vol d’une libellule.
Et ce Josef Strauss, qui n’était pas Khan, une histoire de h mal roulé sans doute, vu que c’était son père le chef de famille a dans cette petite composition reproduit à la perfection le vol de cet insecte gracieux au dessus de son univers aquatique, dans cette grâce légère et véloce qui lui est propre.
Le Vienne, dirigé par ce chef d’une sincère modestie, génial, toujours le sourire aux lèvres, Carlos Kleiber, cet inquiet permanent qui n’accepta pas de succéder à Karajan invoquant son répertoire restreint plus orienté vers les opéras dont chaque représentation fut digne des plus grands éloges pour ne pas dire mémorable, restitue à cette libellule musicale toute sa vérité.
Alors si vous avez l’envie de planer comme moi, sans h fumant…écoutez et bonne journée !
http://joglesconneries.typepad.com/files/la-libellule-carlos-kleiber-philharmonique-de-vienne.mp3
Rédigé par : Account Deleted | 12 septembre 2010 à 11:33
Bonjour Anne Toutes et Tous,
Il y a dans ces commémorations du 11 septembre un embryon de ce que nous tous devrions avoir en tête et nous forcer à tendre vers lui nos esprits.
Je ne parle pas ici des contremanifestations sectaires qui ont fleuri de part les USA.
Dans ces reportages que j’ai regardé sur ces manifestions du souvenir, il m’a semblé apercevoir, entendre, le babillage d’un certain œcuménisme, pas au sens de Vatican 2 qui faisait de cette approche sage l’union de toutes les églises chrétienne mais, au sens littéral allant au delà de cette chrétienté dont certains se plaisent à hurler au loup pour la défendre et verrai bien à l’occasion se développer une guerre dite de civilisation.
Je ne puis m’empêcher de penser qu’à la doucement fallacieuse hypnose de la tolérance il serait hautement salutaire pour tous qu’effectivement cette union allant au-delà de nos diverses manières de penser nous mettrait sur le chemin d’une conciliation plus affermie, et éloignerait la lourde tentation que nous avons tous à vouloir dominer l’Autre, pour ne pas dire notre terrible nature à vouloir asservir l’Autre à nos dogmes.
Cet œcuménisme devrait se faire par les responsables de toutes les confessions, s'il il le faut être poussés par leur base respective !..
Les obliger à se parler plus qu’ils ne le font actuellement, et à dénoncer communément l’odieux !
Oslo demain sera le centre d’une réunion importante entre l’OIT et le FMI.
Demandons-nous mes Sœurs et Frères à quelle sauce nous allons être mangés !
Verrons-nous ces observateurs, dits objectifs, avouer enfin que le fil tendu sur lequel nous marchons peut se rompre à tout instant.
La croissance pour sortir de la crise (est-ce la seule solution, depuis le temps que l’on court après et que le chômage augmente? La machine fut une cause, Sauvy ne fut pas un bon futurologue, ses boules étaient rachitiques, maintenant ce sont les pays émergents qui remplacent les fautifs d’antan) et de l’autre l’inflation des déficits rendent peu probable une sortie de crise prochaine sans amplification de la casse humaine.
A moins de trouver à s’adapter par le partage des richesses, ceci en douceur, nous ne sommes pas au bout de nos peines.
Fabius hier dans l’émission de Ruquier aurait dû se contenter de parler que de son livre !
Car des conneries il en a dit en justification de l’abaissement de l’âge de la retraite en début d’ère du sphinx, un salmigondis de conneries !
Si il est spécialiste de l’économie en tant qu’ancien ministre des finances, comme il l’a rappelé, il devrait avant de parler se remémorer les tables de mortalité de cette époque montrant déjà l'allongement de la vie bien au delà des chiffres annoncés par lui.
Sans doute n’a-t-il pas lu le rapport des années 70 d’un jeune politique barbu….Moins encore le Livre Blanc de Rocard !
La droite ne semble pas non plus l'avoir lu, mais comme on lui a donné lâchement à faire le travail, ( dans cette affaire le sphinx et la gauche furent des Ponce Pilate) elle en profite un max et nous rabote à moindre frais nos avantages!
Rédigé par : Account Deleted | 12 septembre 2010 à 10:49
Bonsoir Anne, bonsoir à tous
La tragédie du 11 septembre 2001 a occulté depuis neuf ans déjà un autre événement qui m'avait bouleversé en son temps, à savoir la mort de Salvador Allende, l'espoir de tout un peuple, même s'il fut par la suite contesté, dans son palais de la Moneda en flammes. Et Pablo Neruda, le poète ambassadeur ne survécut pas longtemps.
"Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir."
Extraits de "j'avoue que j'ai vécu". C'est plus que jamais d'actualité.
@ Jog
Je vous suis pour Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu. "de l'esprit des lois" et sa théorie de la séparation des pouvoirs a servi de base à la rédaction de la constitution de 1791.
Le pays de Gex avec Ferney-Voltaire est effectivement un monde à part . Lorsque j'habitais Annemasse, je m'y rendais parfois en traversant Genève ce qui est le chemin le plus court, c'est assez étrange au demeurant que cette espèce d'enclave qui n'a pas grand chose à voir avec le reste du département de l'Ain.
Et comme le disait Montesquieu "L’air, les raisins et le vin des bords de Garonne sont d’excellents antidotes contre la mélancolie"
A consommer avec modération pour le vin toutefois !!
Rédigé par : Michèle Doige | 12 septembre 2010 à 00:15
@ Jog : c'était dans l'orangerie du parc de Sceaux ; j'étais très bien placée et ai profité au maximum de ce poème mis en musique où on évoque beaucoup en effet le ruisseau (qui se dit bach ....). Jacqueline Lowenguth toujours fidèle et à l'oeuvre pour cette 41ème saison où j'ai eu de si grands moments.
@ sequina rezoulou : en effet, être foulardisée à Paris, on ne risque pas grand chose car la laïcarde que je suis n'a aucune violence réelle envers elles et elles peuvent vraiment se promener tranquille ; j'en ai encore croisé quelques unes aujourd'hui dans Paris. Juste, je sais que dès que l'on oouvre la tête des femmes, c'est toujours pour mieux la soumettre et c'est contre cette soumission que je me bats. Si je me sens demain dimanche, j'irai peut-être place de la République à 14h.
Je sais aussi que pour écrire ce que j'écris, dans certains pays, je ne serais déjà plus là.
Rédigé par : Françoise Dumont | 11 septembre 2010 à 21:31
Le 11 septembre... ça va prendre combien d'années avant que cela ne se ressente plus comme le 11 septembre? Quelques générations?
Rédigé par : Charlotte Goulmy | 11 septembre 2010 à 21:30
"Pour les épris d'angélisme et de tolérance, face à cette question : "Qu'ils tentent de se balader en maillot de bain ou autre tenue légère dans certains pays arabo-musulmans."
Ah ! la bonne rhétorique
En bon citoyen d'un pays capitaliste, je vous répondrai; " je dépense mon fric où je me sens "invitée" . J'ai le choix de tirer un trait sur l'Algérie ou l'Arabie Saoudite ou l'Iran et aller ailleurs pour le tourisme ou vacances.
Pour affaires on n'a pas le choix. et l'achat d'un abaya et foulard est primordial et on les porte avant de toucher le sol du pays. On arrive, on conforme , on est respectueux de ses hôtes et on décolle.
Par contre , c'est respectueux de ma part d'être habillée conservateur quand je visite le Vatican , les temples Boudhistes , églises ou mosqués , les lieux sacrés . C'est pas la tolérance - c'est le respect d'autrui et le bon sens. Tout comme un hôtel de bonne réputation verrait d'un mauvais oeil une starlette à demi-nue ( elle peut avoir tout le fric du monde) dans son établissement dans n'importe quel métropole . Essayez d'entrer dans le casino de Monte Carlo comme simple touriste :-)
Rédigé par : Yul | 11 septembre 2010 à 18:27
@ Sequina Zeroulou : Je vous adore !!! En tout bien tout honneur, cela va de soi ☺. Mais j'entends tellement de gens autour de moi...tellement de notions auxquelles j'adhère aussi. Comment font les gens qui entendent certaines voix plus fortes que d'autres pour se faire une raison ? Comment peut-on encore en ce monde être soi quand être soi c'est juste savoir faire la part de toutes les choses ? Comment faire entendre la voix des sages (que j'aime Noah, ah oui !) qui voudraient l'être quand ceux-là même sont perdus dans les vox populi et les médiatisations stupides qui créent les conflits et les incompréhensions ?
Vous savez pourquoi j'aime ce blog ? Parce qu'il va plus loin que les médias et les vox populi. Il va chez nous et nous parlons entre nous. Nous savons nous entendre à défaut de toujours nous comprendre. Au moins nous essayons. Nous ne sommes pas toujours d'accord ? Et après ? J'ai de bons rapports merveilleux avec des gens qui ne sont pas d'accord avec moi politiquement mais qui, humainement, sont de mon bord : celui de l'autre. Toujours celui de l'autre. Parce que Sartre avait tort : l'autre n'est pas l'enfer mais le paradis. Il nous offre ce que nous ne sommes pas. Il nous donne les compléments d'âme qui nous manquent toujours.
Je me fous bien de ce pasteur à la manque. De tout ce que les médias lui ont donné comme tribune. J'ai dit dès le départ ce que j'en pensais.
Mais je m'inquiète du pourquoi un tel illuminé a pu avoir autant d'écho et ce que cela peut avoir comme conséquence. Il suffit d'un ou deux illuminés....
Rédigé par : CelineElias | 11 septembre 2010 à 17:49
beyond pitoyable...:-(
après le pasteur demeuré, voici un dictateur en survêtement d'une marque bien-connue qui refait l'horrible amalgame, hélas, mille fois hélas: castro, fidel à lui-même, un autre timonier du peuple, mélange le renvoi des gitans avec le Holocauste!!! ses opposants, ses indésirables, il les envoyait directement au peloton d'exécution à la mode pinochet! et les familles de ses ex-camarades tombés en disgrâce savent qqchose de "l'humanisme si délicat" du guide suprême!!! eh, bien maintenant même les dictateurs "nous" trouvent trop barbares... bientôt los amigos Poutine, khaddafi, la Corée du nord?!
peut-on tirer sur une ambulance qui emploie les mots "holocauste" et "racial" sans connaître le sens?! ...:-(((
Rédigé par : Mélanie | 11 septembre 2010 à 17:39
à Sélène : j'approuve votre billet sur les femmes embrigadées...Je me sens également agressée et il m'arrive d'avoir des réactions épidermiques. Au risque de me répéter : "Le courage n'est pas de mettre un foulard à paris, mais de l'enlever à Alger ou Téhéran ou Ryad etc...(mort assurée) Ces femmes enfoulardées en Europe sont l'insulte suprême pour leurs soeurs d'infortune qui se battent, au péril de leur vie, pour juste un ersatz de liberté...Arrêtons l'angélisme, cela devient urgent!
Pour les épris d'angélisme et de tolérance, face à cette question : "Qu'ils tentent de se balader en maillot de bain ou autre tenue légère dans certains pays arabo-musulmans.
J'assume, y compris le fait de ne pas être publiée
ps : pour ces combats là et à cause de ces combats là, je garderais toujours mon estime à BHL...qui pourrait se la "couler douce" dans un palace ou sur un yacht et qui ne cesse de combattre tous les fanatismes.
Inutile de préciser mes origines...
Rédigé par : sequina zeroulou | 11 septembre 2010 à 16:43
Jog, ce fleuve est tendre et magnifique...il peut sans doute parler au jeune homme ou à la jeune fille qui survit en chacun de nous.
Un bien agréable moment en tous les cas!
De même l'approbation du peuple Américain à Barack Obama ne peut s'achever si aisément ni aussi soudainement. Ce n'est pas possible!!!
Rédigé par : Sélène | 11 septembre 2010 à 14:41
Bonjour de sunny Toulouse!
9/11 ou 11/9...
réjouissons-nous: le pasteur moustachu floridien, un master-manipulator aka "mister nobody" a renoncé à son idée démente, après avoir eu ses plus de 15' de "gloire" mondiale: environ 150 interviews, une super-pub, dont le pasteur doit se régaler, en ricanant dans ses moustaches, après avoir suscité un tel débat dans la plupart des rédactions du monde entier...
N.B. 7000 fidèles se sont réunis hier à la mosquée de Harlem pour fêter la fin du ramadan et montrer que "l'islam rime avec amour, paix et unité..."
===
@yul,
je vous cite:"à la BELPHEGOR des années 60..."
Vous m'avez fait sourire nostalgiquement:
un de mes cousins avait surnommé mon feu-père "Belphégor", nickname qui lui est resté jusqu'à sa mort...
===
Un weekend serein à tous!
Rédigé par : Mélanie | 11 septembre 2010 à 12:06
Françoise,
"l'accompagnement schubertien en n'est pas un, il fait corps avec la voix"
C'est tout à fait vrai et c'est tout Schubert d'inscrire dans une mélodie voix et piano, et je vous sens heureuse de ce concert!
Le fil du ruisseau vous a été agréable?^
La salle doit être de taille intime pour ne pas perdre les nuances de l'oeuvre...Mais elle est indispensable!
Rédigé par : Account Deleted | 11 septembre 2010 à 12:04
MiDo,
Merci de penser déjà à mon cadeau de la noyelle!
Vous avez raison n'en faites rien, je l'ai lu il y a belle burette..Je ne nie pas l'actualité des sujets traités dans cet ouvrage, mais cet homme que je n'aime guère (l'auteur) l'a si peu pratiqué la tolérance, ou bien tolérait il tout et ainsi est il devenu indifférent à ce tout, sauf à lui-même !!!
Je rigole, je rigole!
Pensez plus pour un cadeau à Montesquieu, je suis plus sensible à ceci:
« C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser (...) Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »
Et puis à Ferney, si proche de la Suisse où je n'ai pas encore de compte bancaire, je préfère la Bréde c'est plus mon coin et passer d'Yquem à Margaux me convient mieux que de passer du coffre bancaire au labo pharmaceutique!
Je suis heureux comme vous de voir les gestes de conciliation des uns envers les autres...C'est pour cela que je ne veux pas m'endormir, je veux rester éveiller!
Rédigé par : Account Deleted | 11 septembre 2010 à 11:06
J'ai remarqué que la mentalité des américains étaient différente que la notre, globalement on peux dire que les américains ne sont pas "sociales" mais plutôt "conservateur", je trouve aussi que beaucoup sont croyant et mettre une forte place a la religion alors qu'en France maintenant plus personne n'est croyant a part quelques illuminés.
Rédigé par : FloorFilla | 11 septembre 2010 à 10:08
Petit hors sujet destiné aux mélomanes de ce blog : petit moment suspendu hier soir à Sceaux ; Mark Padmore (que je découvrais plus qu'agréablement) accompagné (l'accompagnement schubertien en n'est pas un, il fait corps avec la voix) de Christian Zacharias dans "la belle meunière" de Schubert. Beaucoup plus jeune, j'écoutais toutes ces oeuvres avec des vinyls que je passais en boucle ; mais je reconnais que la salle de concert est irremplaçable. C'était ma première virée à Sceaux de l'été. Que cela fait du bien au milieu de toutes ces nouvelles si sinistres, difficiles auxquelles ns avons droit de par le monde.
Voilà ce que j'avais à vs dire pour ce 11 septembre ; loin de ce foin islamo-chrétien.
Rédigé par : Françoise Dumont | 11 septembre 2010 à 10:02
Le long du fleuve tranquille.
http://joglesconneries.typepad.com/files/brahms-curzon-czell-lpo.mp3
Il est des souvenirs comme des douleurs, ils nous reviennent comme elles se rappellent à nous tout au long de notre existence.
Il est des lieux féeriques, enchanteurs où, fermant les yeux notre être se retourne sur son passé éteint, dissout dans les brumes du quotidien, nous faisant remonter le cours lointain d’une journée particulière.
Les ondoiements irisés de l’eau me transportent vers ces saisons fragiles de mes jeunes années, qu’effiloche ma mémoire. Elle est rétive et semble vouloir garder ce souvenir pour elle, mais une brise légère dans un doux frisson la fait céder à mes instances.
Alors comme du dévidoir, la laine sur le rouet file vers les doigts agités et savants, l’image du passé se distingue, se précise dans l’instant.
Les clapotis des vaguelettes s’unit au carillon de l’abbaye aux Dames. Saint Pierre et Saint Eutrope clament les heures et sous l’Arc de Triomphe romain un couple hébété contemple les bas reliefs. Palissy réinvente une fois encore les émaux, et mon cœur attendri libére le visage tant aimé.
Les portes de merveilles, monumentales et brillantes me séparant de l’invisible monde s’entrouvrent, portes d’ivoire et de corne tant chéries de de Nerval.
Tu avais tout juste dix sept ans et moi seize passés.
Je te vois me sourire tendrement mon Amour, comme lorsque tu vins me prendre par la main pour me sortir de mes rangements routiniers dans la pharmacie de ton père. Tes parents s’étaient absentés pour deux jours et t’avaient laissée seule sous la garde de notre adorable chaperon. Comme elle fut notre complice durant cette année, nous préservant des foudres de tes parents. Je me souviens de son « soyez sages ! » lorsque nous franchîmes la porte de l’escalier qui menait à l’appartement.
J’étais bouleversé de te voir monter les marches dans cette robe bleue matisse, aux plis amples. Elle te laissait les épaules nues, le bustier maintenu par deux fines bretelles de tissu. Elle dansait avec grâce dans un léger bruissement d’étoffe au gré du mouvement délicat de tes hanches.
Mon impatience inquiète grandissait à l’approche de la découverte de ton lieu de vie.
Tout avait commencé par ce premier baiser sur la joue que tu me fis un soir rentrant du lycée. Il me rendait indestructible. M’offrait une puissance incroyable, au point de me faire Titan. Cela avait surpris ton père, il t’avait regardé avec insistance. Tu l’avais toisé avec une telle assurance, une telle volonté émanait de Toi, qu’il s’était maintenu dans le silence. Après ce baiser, tu montais te mettre au piano, et jouais cette sonate de Scarlatti : la vingt-septième. Alors j’allais me percher sur l’échelle de bois qui m’attendait dans la réserve de l’officine, et je faisais semblant de ranger les paquets de plantes médicinales. Jamais ils ne furent aussi bien ordonnés. Je leurrais mon monde car je t’écoutais, séparé seulement de Toi par le seul plafond. Il arrivait souvent à ton père de venir me tirer par le talon, avec ce sourire un peu ironique et mordant qui me faisait le maudire. Il semblait dans son silence me nier ton amour. J’avais honte qu’il eut pu ainsi aussi facilement lire en moi. Je descendais l’âme flétrie par sa morgue.
Parfois, tu restais avec moi derrière le comptoir vitrine qui nous dissimulait aux autres. Ta main cherchait la mienne, venait l’effleurer comme une aile de papillon caresse le vent. Je n’étais guère hardi, et je rougissais de te voir rosir de tes intentions. Que de troubles j’ai ressentis. Ta présence était pour moi qu’émois révélés. Je te regardais, te voyais Toi aussi parcourue des mêmes saisissements. Nous chuchotions du regard, sans un mot on se susurrait des « je t’aime » Nous frémissions d’amour.
Lorsque nous pénétrâmes chez Toi, tu me fis visiter la maison. Le salon était immense, entre deux fenêtres dominait ton piano. C’était le tout premier piano à queue que je voyais. Tout était hors des proportions qui m’étaient familières. J’étais intimidé par le luxe qui emplissait la demeure. Moi le rustre, mal dégauchi, j’avais peur en marchant d’abîmer les tapis de la manufacture de la Savonnerie, lègue de la famille de ta mère. Au moment même où survenait en moi cette gêne, tu la ressentis et me pris par la main m’invitant à ne pas faire attention à tous ces objets qui embellissaient cette cage dorée.
Les choses qu’il t’importait de me montrer étaient ton piano et ta chambre. Il y a des lieux, qui en certaines circonstances, se transforment en sanctuaire. Ta chambre en fut un pour moi. J’étais de tes secrets, ils devenaient les miens, je m’entrevoyais devenant le tien. De toutes les découvertes que la vie m’offrit par ailleurs, il fut le seul endroit où la douceur de vivre et ton affection rayonnante furent miennes. Je n’aurai pu imaginer autrement ce lieu d’intimité où tu dormais, lisais, étudiais et rêvais. Nulle babiole stupide, ni poster extravagant ne venait rompre la pleine quiétude qui y régnait. Ta chambre te ressemblait mon Amour, simple, les murs couverts de livres et de partitions. Sur ta table de travail se dressaient en maîtresses indiscutées de tes goûts, les œuvres de Byron.
Nous retournâmes au salon, et tu vins t’asseoir devant le piano. Tes doigts déjà s’agitaient sur les touches noires et blanches. Ta musique m’interrogeait, sans attendre ma réponse, déjà, elle me donnait à recevoir ta tendresse : une fugue légère suivie d’une tendre invitation au bonheur.
Je vins me mettre tout près de toi sur le tabouret. Tu cessas de jouer, te tournant vers moi, je vis tes yeux brillants, étincelants comme jamais ils ne le furent avant. Nos visages se rapprochèrent, ce fût notre premier baiser. Nos mains restèrent pendantes au bout de nos bras ballants soudain pris d’une frénésie d’étreintes réciproques.
Nous étions tellement gourds, et novices à la fois, nos bras en se levant ripèrent sur le bord des touches, faisant un raffut insolite stoppant net notre élan.
Oh ton regard! Comme je l’ai aimé, et comme je l’aime encore. Comme il passa d’une infinie douceur à l’éclat de rire!
Tu m’enserras dans tes bras en riant. Je riais avec Toi, un peu penaud de ce premier ratage.
Nos rires commentaient notre inexpérience.
Ils passèrent. Je te tenais enfin contre moi. Je perçus au travers de ma chemise la tiédeur de ta peau. Comme le vent léger soulève les feuilles d’un arbre, tes cheveux longs glissèrent sur le devant de mes bras en une caresse voluptueuse. Mes mains prirent ton visage et je collai mes lèvres aux tiennes : fraîches et tendres. Nous nous abandonnâmes à nos enlacements.
Lorsque vers midi notre gardienne vint nous rejoindre, pour te préparer le déjeuner. Elle eut, en nous voyant un peu agités, le regard le plus inquisiteur qu’il me fallut subir. Alors qu’il me semblait qu’elle avait tout deviné, elle espéra que tu n’aies pas fait « de bêtises ». Au rougissement instantané de ton visage, je compris ce qu’elle entendait par là. Je m’empressai de la rassurer, qu’il ne s’était rien passé ! Elle eut un petit sourire pincé.
L’après-midi, nous prîmes le chemin de halage qui sinue le long du fleuve.
Nous jouâmes à toutes sortes de jeux amoureux et câlins. Tu me parlas de tes rêves. Je te voyais déjà soliste, devant un piano de concert, jouant ton concerto préféré, celui que tu m’appris à aimer. Comme il est devenu vital pour moi de l’écouter depuis. Son deuxième mouvement tout particulièrement.
Tu sais! Le moment où tout semble devenir si fort, si plein d’amour, si plein de Toi et que tout s’anéantit sans aucune clémence pour moi….
Je suis ton cénotaphe mon Amour.
La vie m’a fait renoncer à Toi, elle ne me fera pas renoncer à Ton cher souvenir Françoise. Il fut de toutes mes joies, et me consola si souvent.
Sais tu que je n’ai nul objet de Toi ?
Je n’ai jamais eu le courage de voler Ton portrait sur le bureau de ton père. J’ai perdu cette petite figurine en biscuit que nous avions trouvé en nous promenant sur les bords de la rivière. Mais j’ai en moi ces heures d’amour que nous passâmes ensemble.
Sans doute ne veux-je pas vieillir !
Tu étais allongée sur l’herbe fauchée, et moi debout je m’obstinais tel un imbécile heureux à faire des ronds dans l’eau.
A chaque ramassage de pierre plate, je t’admirais étendue les yeux clos. Plutôt que de répondre à mes questions tu te faisais taciturne, sauf ce petit sourire amoureux.
Cela t’amusait, cela me rendait sot !
Ce n’est qu’après quelques jets de cailloux loupés que je compris ton silence.
Tu attendais que je vinsse vers Toi. Tu t’offrais à moi.
Quel don plus merveilleux peut faire un être à un autre ?
Je m’agenouillais le long de ton corps abandonné au délice de l’espérance ravie. Je me penchai sur ton visage. Je perçus ta respiration. Tes bras m’enlacèrent le cou et doucement m’attirèrent vers Toi. Mes lèvres vinrent se poser sur les tiennes.
Je fus désemparé par l’intensité de ton désir. Il accentua le mien. La tendre carnation rosie de ton visage m’attendrit plus encore, je le couvris de baisers. Nos corps un peu affolés, chamboulés, nous déconcertèrent par leurs inédits appétits. Nos gestes malhabiles trouvèrent le rythme de nos sens, dans la douceur de la première découverte de l’autre.
Ma main se souvient encore du velouté de ta peau, celui d’un satin de soie marié à la fraîcheur d’une perle précieuse, lorsque doucement elle remonta ta jambe sous l’effleurement délicat de ton jupon.
Que de ‘’je t’aime’’ murmurés, envolés au vent. Ils me reviennent dans le friselis des joncs, lorsque mes pas me ramènent le long des berges du fleuve.
Des voix au loin que l’eau portait, brisèrent nos ardeurs.
Nous fûmes pris par cette peur des adultes qui souvent nous hantait, et notre jeu de caresses cessa.
Dans la courbure du fleuve nous vîmes marchant vers nous un couple de promeneurs enlacés. Nous restâmes allongés l’un contre l’autre, immobiles et fébriles. Ils nous croisèrent sans nous regarder. Nous nous levâmes tremblant et quittâmes ce recoin de berge entouré de joncs et d’iris d’eau en fleurs.
Malgré tout nous rîmes de notre panique et, je repris bêtement mes ronds dans l’eau.
Ce fut après cette tendre et fragile effusion que nous trouvâmes la miniature de porcelaine: tu marchais devant moi et ton reflet dans l’eau vibrait.
Après nos derniers baisers, éloignés encore de la ville, je te pris la main et découvris combien celle-ci répondait à mon étreinte.
La main bien souvent est plus sincère que ne le sont les yeux ou les mots. Elle ne sait pas tricher, elle est à l’unisson de nos esprits. Comme il me fut heureux de le comprendre.
Nous rentrâmes en fin d’après midi.
Notre ange gardien était tout heureux de nous voir revenir.
Nous avions fait attention à ne pas nous faire dénoncer par un de ces brins d’herbe retors qui se serait accroché sournoisement à nos vêtements. Tu étais si adorable, si radieuse et moi sans doute tout aussi heureux, que notre bonheur apparent satisfit notre gentil gendarme. Je devais te quitter pour rentrer chez mes grands parents.
Ce que nous lui cachâmes était mon retour prévu dès la fermeture de la pharmacie.
Je dus mentir à Grand’mère. Elle me connaissait si bien. Le bonheur qui me transformait la fit plus insistante. Je n’ai jamais pu la duper bien longtemps, alors après lui avoir fait promettre de ne jamais en parler à quiconque, je lui racontai partiellement ma journée. Je la mystifiai par omission, lui lâchant quelques brides de vérité et brodant autour. Elle m’autorisa à retourner en ville et à dormir chez un copain. Ma conversation avec elle m’avait mis en retard, et pour ne pas te faire trop attendre je parcourus les trois kilomètres de campagne en courant.
J’arrivais haletant à la porte d’entrée, inquiet de m’y faire remarquer par tes voisins. Mais celle-ci s’ouvrit d’un coup et je te vis gaie, magnifiquement éblouissante. Je pénétrais dans le vestibule et te pris dans mes bras.
Notre soirée fut partagée entre baisers, conversations et musique.
Tu m’entraînas sur tes sentiers préférés : Byron.
Tu étais intarissable, si généreuse
Tu me donnais à partager tes goûts.
Tu me faisais découvrir cet écorché vif au travers de ses amours, de ses provocations et de ses voyages.
Mon amour de Venise je le tiens de Toi et de ce diable de libertin. Pour que j’aimasse le Boiteux, tu me lus des vers du Chevalier Harold, et de son Don Juan.
J’ai découvert depuis son Prisonnier de Chillon.
Pareillement à Toi je le considère comme l’un des plus grands poètes, bien qu’Hugo tienne toujours une place prééminente dans ma vie.
Même aux toilettes je lis les Contemplations. Cela te fais sourire mon Amour ?
Tu as raison, je suis trop iconoclaste !
Nous oubliâmes de manger, et ce n’est que tard dans la nuit que la faim nous prit, au cours d’un échange un peu ardent, au sujet de ton interprétation du 1er concerto de Brahms.
Trop lente dans le premier mouvement, exaltée dans le second. Le troisième nous mit d’accord.
Après avoir goûté à tout le contenu du réfrigérateur, tu revins te mettre au piano et repris ce second mouvement. J’étais appuyé, le menton sur les mains, face à Toi à l’extrémité de l’instrument. Nous avions mis sur la chaîne stéréo le disque de Clifford Curzon et Georges Szell, suffisamment fort pour entendre l’orchestre, pas assez pour couvrir ton interprétation. Le Symphonique de Londres entama l’adagio et tu vins note après note superposer les tiennes à celles du soliste.
Ce fut le plus beau récital auquel il me fut donné d’assister. Je te regardais admiratif et plein d’amour pour Toi. Je sus à la première des notes confiées au clavier, combien te transfigurait ton amour pour moi.
Vint ce moment vers le milieu de l’adagio qui parait être à certain la Maison du Maître, mais qui demeure pour moi celui de nos corps enlacés cette nuit là, deux corps au plus fort de leur bonheur, pressentant leur aliénation prochaine, ne pouvant s’assouvir.
Le reliquat de nuit, nous le vécûmes côte à côte, embrassés par cette douceur si nouvelle pour nous. Nous fûmes à ce moment là, l’un et l’autre.
Je ne pus dormir, et te regardais dans la pénombre bleutée et assoupie de ta chambre.
Mon plus grand enchantement fut l’instant précieux où tu ouvris les yeux:
il illumine encore aujourd’hui ma vie.
La larme qui perla à la commissure de tes paupières, vint franchir le frêle obstacle de ton nez pour se joindre aux autres, ébranla mon ravissement.
Tu le vis, tes bras m’enlacèrent en venant te serrer contre moi. Je sentis tes larmes couler sur ma joue.
- Pourquoi ? Te demandai-je.
Ta voix douce, emplie de bonheur me répondit :
- Parce que je t’aime !
Je découvrais qu’il pouvait aussi exister des larmes de joie. Je ne connaissais d’elles que leur tristesse.
Je mesure aujourd’hui l’immense fortune que j’ai eu d’être aimé de Toi.
Tu m’as modelé, façonné, éveillé comme aucun être après Toi ne put le faire.
Mes attraits, mes emballements, naquirent de cette année merveilleuse où, j’épousais ta confiance donnée. Ces quelques heures que nous eûmes de vie commune, nous les avions volées. Ce tempo rubato que nous jouâmes ensemble donnât à ma vie l’émerveillement qui lui manquait.
Je dus te quitter précipitamment pour revenir juste à l’ouverture de l’officine. Je regagnais l’appartement précédé de notre gardienne, silencieusement et terriblement joyeux de te retrouver.
Elle alla directement dans ta chambre et te trouva endormie.
Elle te caressa la joue tendrement comme si tu eus été sa fille.
Lorsque tu te réveillas, elle t’annonça une surprise : c’était moi en retrait.
Je fus intimidé par sa présence, Toi non, tu me tendis les bras en t’asseyant. J’eus toutes les peines du monde à me contenir tellement tu étais belle. Tes yeux m’éblouirent une fois encore.
Elle nous laissa seuls.
Les heures qui suivirent, nous firent appréhender notre manque futur.
Nous eûmes l’aperception de notre désarroi à venir.
Plus la journée nous menait vers la séparation plus la tristesse détruisait notre joie d’être l’un avec l’autre. Nous n’osions regarder nos montres. Nous voulions étirer le temps, l’immobiliser, en devenir les maîtres. Mais Kronos est cruel et engloutit nos instants comme il dévora ses enfants. Nous étions confrontés à la cruauté de l’absence révélée. La gaieté de la veille faisait place insidieusement à la gravité. Nos silences n’étaient plus ces doux aveux faits l’un à l’autre, mais source du jaillissement de nos larmes prochaines. Ton absence a recouvert ma vie, elle m’est devenue une compagne fidèle et me reste encore aujourd’hui douloureuse.
La brume recouvre le fil de l’eau. A l’ouest dans les méandres du fleuve, entre les aulnes et les saules, le soleil étend une colonne de feu. La lumière aurifère se mire sur l’eau calme.Dans une dernière étreinte du vent, je reçois ton dernier baiser asséchant mes larmes et les tendres images de mon passé s’évanouissent lentement.
Il est tard, je m’en retourne à mon quotidien.
Je sais, quelque part dans la ville, une pierre sombre et luisante où brille dans l’or du couchant ton prénom.
Les Enclos extrait fev 2005
Rédigé par : Account Deleted | 11 septembre 2010 à 09:22
This is true Liberty when free born men
Having to advise the public may speak free,
Which he who can, and will, deserv's high praise,
Who neither can nor will, may hold his peace;
What can be juster in a State then this?
Euripides
Milton s’en servit en introduction de son pamphlet édité spécialement pour les parlementaires anglois de l’époque, sur le droit de publier sans autorisation ni censure.
Se rapportant au Grecs anciens, nous pouvons croire le fait que leurs publications étaient fondées sur une déontologie découlant de l’éthique, comme une Dame ici présente sut nous le montrer au long de sa carrière, et non comme il me semble dans ce monde si peu apaisé, que bon nombre de médias eux aussi si peu paisible à l’image de notre monde, poussent leurs journalistes à se bâtir une éthique toute personnelle à partir d’une déontologie.
L’inversement de la source conduit trop souvent à ne plus se poser les bonnes questions !
Pour en finir avec la tolérance et ce en quoi elle m’est exécrable, ce petit rappel de ce que nous avons été monstrueusement tolérants avec les gens de confession judaïque, tellement notre tolérance fut complète d’indifférence qu’au matin d’un certain mois de juillet 1942 nous avons deux fois repris du rutabaga pendant que nos voisins partaient en voyage.
Voilà ce qu’est la tolérance, où elle mène !
Je sais le sujet chaud et je n’aime guère en parler, la polémique vient très vite et d’autres en ont mieux parlé que je ne saurais le faire !
Voilà pourquoi entre autres chose je mettais cette phrase :
La tolérance constitutive de l’indifférence est déchirure du lien social et perte d'authenticité de l'individu et de la véritable relation à l'Autre..
Je vais reviendre avec de la musique est une nouvelle histoire, si la Dame le veut bien!
Rédigé par : Account Deleted | 11 septembre 2010 à 08:12