" Deux ou trois choses vues d'Amérique "

Mi-chelle, ma belle, ♫♫♫♫

Hier, dans des millions de familles américaines, on a fêté les mamans.  Dans la famille Obama, on a célébré la fête des mères un peu en avance – agenda de First Lady oblige

Vendredi après-midi, Michelle avait donc réuni pour le thé toutes les mères, filles et petites filles des familles qui avaient résidé à la Maison Blanche avant elle, pour rendre hommage "à toutes les femmes extraordinaires de nos vies", à commencer par sa propre mère, Marian Robinson, a qui elle a rendu un hommage vibrant, un brin too much, bref, à l'américaine : "Je ne mesurerai jamais pleinement tout ce que ma maman a fait pour moi. C’est ma maman. Cette femme qui revendique même aucun crédit par rapport à ce que je suis devenue, elle qui m’a relevée quand j’ai trébuché, (…) elle qui m’a poussée à être la meilleure des femmes que je pouvais être, dans mon métier, mais aussi en tant que mère et en tant qu’amie. Et elle a toujours, toujours, toujours été là pour moi."

("We gather to celebrate Mother's Day and honor all of the extraordinary women in our lives (…) And there's no way that I could ever fully measure all that my own mommy has done for me. This is my mommy. This woman who tries to take absolutely no credit for who I am for some reason.  (…) She really does push me to be the best woman that I can be, truly, as a professional, and as a mother, and as a friend. And she has always, always, always been there for me."

Fête des mères à la Maison Blanche

Ce n’est pas la peine d'écouter tout le discours mais, c’est drôle de voir tout ce petit monde des First families réuni: des Obamas, à l’ex-First Lady Rosalynn Carter et sa petite fille, aux deux filles Nixon ou aux petites filles d’Eisenhower… en revanche, pas de Clinton women représentée.)

Allez, un peu de people: le soir, c’est le Président qui emmenait Michelle pour un tête-à-tête dans un restaurant  de Dupont Circle. Moment d’intimité vite écourté par plus de 200 badauds agglutinés devant le trottoir… Comme Michelle O avait dit elle-même quelques heures auparavant  : "Même si nous vivons a la Maison Blanche, notre vie quotidienne familiale n’est pas vraiment différente de celles des familles vivant a Atlanta, Sioux Falls ou Tuscon : on est tous aussi occupés. La nôtre est juste télévisée." Jolie formule, pas forcément exacte, mais belle trouvaille...

Michelle, devenue d'ailleurs une star. Le WaPo s’interroge sur les deux visages de la Première dame, un jour formidable oratrice, un autre mère attentionnée 

Michelle dans le WaPo

Quant au NYT, il remarquait que, telle une star d’Hollywood, le simple prénom de Michelle était devenue une garantie de succès (notant au passage qu’en 15 mois, pas moins de 201 ouvrages avait été écrits sur son nom, de la traditionnelle biographie au livre-conseil pour avoir les mêmes bras toniques que Michelle en 21 jours !)

Bref pour les medias américains toujours à la recherche de superlatifs, Michelle First Lady ou Michelle Super Mommy est décidément "F-A-B-U-L-O-U-S” !

Les Américains aussi sur le front afghan

Obama a dit à la télévision russe combien la situation financière européenne le préoccupait, mais il doit aussi prendre position sur la question Afghane depuis l'attentat manqué de Times Square et à quelques jours de la visite d'Hamid Karzai  à Washington.

En effet, après avoir arrêté le terroriste présumé alors qu’il tentait de quitter le territoire, on apprenait vendredi qu’une équipe spéciale du FBI avait été dépêchée au Pakistan pour remonter le parcours de ce jeune américain, d’origine pakistanaise, dont les motifs restent encore obscurs.

Rien n’a encore filtré de la détention de Faisal Shahzad, si ce n’est quelques éléments de sa vie avant ce fameux samedi soir où il allait dissimuler une bombe artisanale sous une voiture garée en plein cœur de New York. D’autant qu’il aurait tout aussi bien pu incarner - jusqu’alors - le portrait réussi de l’immigration américaine : arrivé pour des études aux Etats-Unis à 19 ans, sorti avec avec deux diplômes en informatique et en administration des affaires à 26, devenu analyste financier à Wall Street, il venait à peine d’être naturalisé américain en avril 2009!

Reste, comme l’a déclaré Barack Obama hier, que la suite de son histoire est un "rappel brutal de l’époque dans laquelle nous vivons" et qu’il faudra de nombreuses heures d’enquête pour comprendre pourquoi deux mois après avoir obtenu la nationalité américaine, il retourne au Pakistan, rejoint le camp d’entrainement au maniement des bombes au Waziristan, avant de rentrer aux Etats-Unis en février dernier.

Si bien que vendredi, à l’exception d’une déclaration publique pour commenter les derniers chiffres du chômage, l’agenda de Barack Obama avait été remanié pour organiser une réunion spéciale ‘Af-Pak’ (comme on appelle ici le dossier de la guerre contre les Talibans en Afghanistan et au Pakistan) qui a duré tout l’après-midi.
C’est donc entouré de tous les acteurs engagés dans la poursuite des combats en Afghanistan, d’Hillary Clinton aux hauts responsables des agences de renseignements et de contre-terrorisme, en passant par le général McChrystal, revenu à DC pour préparer la visite de Karzai mercredi, qu’Obama a donc dû encore une fois se reposer la question de la meilleure stratégie à suivre alors que les troupes américaines peinent à progresser sur le terrain.

Car on revient toujours au même problème : comment vaincre les Talibans, ou plutôt comment isoler de leurs renforts pakistanais voisins les Talibans qui tiennent toujours le nord de l’Afghanistan ? Quelle politique poursuivre vis-à-vis de Kaboul lorsqu’Hamid Karzai peine/ou se refuse ? à mettre en place les réformes nécessaires pour installer la démocratie dans son pays et menace de se rallier aux Talibans ? Comment s’assurer de la collaboration des autorités pakistanaises qui sont en difficulté face aux terroristes dans leur propre pays ?

Ce matin, Eric Holder, l’Attorney General - Ministre de la Justice - d’Obama, a confirmé sur ABC que les enquêteurs américains avaient désormais des preuves de la responsabilité des Talibans du Pakistan dans l’attentat manqué de la semaine dernière : "Nous savons qu’ils ont facilité son organisation. Nous savons qu’ils ont probablement aidé à le financer et qu’il (Faisal Shahzad) agissait sous leurs ordres".

Et Hillary  - dont l'interview doit être diffusée ce soir sur CBS - a dit aujourd'hui que le Pakistan est certes  plus disposé à pourchasser les extrémistes depuis un an, mais que la coopération peut encore être améliorée (en termes diplo, cela veut dire qu'elle est notoirement insuffisante). Elle a ajouté que l'Administration Obama a clairement fait savoir au Pakistan qu'il y aurait de "graves conséquences" pour ce pays si un attentat sur le sol américain se révélait avoir sa source au Pakistan.

C’est donc sous haute pression que se déroulera la venue d’Hamid Karzai mercredi, cet attentat rajoutant de nouvelles tensions à des relations déjà bien dégradées entre les deux Présidents.

Orange mécanique

Je me suis assez moquée de la non efficacité américaine de certains services à la personne à Washington, pour me permettre de critiquer mon jusqu'alors bien aimé opérateur téléphonique Orange, son service client et son service technique.

Arrivée au Maroc, je me suis aperçue que mon portable français, a fonctionné une demi journée puis plus du tout, alors que mon portable américain captait parfaitement les réseaux marocains. Il s'en est suivi deux heures de communication avec les services d'Orange (aux frais exorbitants de mon portable US), quatre interlocuteurs différents, une belle indifférence et quelques réflexions désagréables.

La même mésaventure m'était arrivée il y a exactement un an, exactement au même endroit et avait été résolue en ligne par un opérateur astucieux. Je ne l'ai hélas pas retrouvé.

La première personne m'a dit que je n'avais qu'à enlever et remettre ma carte SIM. Sans résultat.

La deuxième m'a décrété de façon péremptoire que ma carte SIM était tombée en panne de vieillesse. Devant mes arguments qu'elle marchait la veille aux Etats-Unis, comme elle marchait encore le mois dernier en Zambie comme en Roumanie, elle en a conclu "que voulez-vous, cela arrive subitement avec ces choses électroniques-là, ça ne prévient pas". Et d'office, elle m'annonce qu'elle m'envoie par la poste une nouvelle carte SIM à mon adresse parisienne, ce qui n'arrangeait pas mes affaires pendant les huit jours où j'étais au Maroc... Bref...

Comme j'espérais vainement retomber sur l'opérateur malin qui avait résolu exactement le même problème survenu dans le même pays (et uniquement dans celui-là dans les 365 derniers jours), je retente ma chance. Le monsieur que j'ai en ligne cette fois me fait faire les trois manipulations standard que j'avais déjà faites et déclare que non seulement ma carte SIM est "évidemment" hors d'usage, mais que probablement mon téléphone aussi. Et que vu le nombre de mes points, Orange est ravi de m'en envoyer un neuf. Merci.

Ayant vérifié qu'aucune carte SIM n'était arrivée durant ces huit jours à mon adresse parisienne, je rappelle hier après midi, et là, j'ai un quatrième "conseiller client" qui ferait mieux de travailler dans un autre domaine: je lui demande de vérifier que la commande de carte SIM a bien été passée par sa collègue, et quel est son avis sur le moment où elle devrait arriver. "Elle sera livrée avant le 7 mai à 12h" me dit-il. Comme nous étions le 7 mai à 17 h, je lui demande ce qu'il faut faire. "Tout ce que je peux faire, c'est noter votre réclamation qui sera transférée au service compétent" - "Ce qui veut dire que je peux espérer la recevoir samedi?" osé-je? - "Samedi, madame c'est le 8 mai" explique le conseiller à la tarée qui l'a oublié, "et jusqu'à présent on ne travaille pas les jours fériés, mais cela ne durera peut-être pas" - "Ah oui, désolée, mais cela veut donc dire que je n'aurais pas de téléphone à Paris, où je rentre, avant lundi?" remarquai-je avec une pointe d'agacement devant ce feuilleton ridicule  - "Comment ça, pas de téléphone? vous avez bien une ligne fixe, non? alors de quoi vous plaignez-vous, ce n'est pas la fin du monde?" - Certes. Je remercie toutefois ce monsieur pour ses remarques désagréables dont je me rappellerai quand je devrai souscrire un abonnement pour un téléphone mobile!

Hier soir, une minute après l'atterrissage, mon téléphone - définitivement malade - et ma carte SIM - définitivement hors service - ont immédiatement capté le réseau sur la piste d'Orly et depuis, marchent parfaitement bien.

Moralité de cette histoire de vie quotidienne, que chacun d'entre nous expérimente à ses dépens, et juste révélatrice de l'incurie de certains services qui sont au demeurant hors de prix: je ne suis pas technicienne et suis incapable d'expliquer pourquoi en un an, deux fois de suite au Maroc, je n'ai pu capter aucun réseau alors qu'autour de moi, tout le monde y accédait. Pourquoi juste avant et juste après, ma puce et mon portable fonctionnaient partout dans le monde. Mais je sais désormais qu'il faut avoir le coeur bien accroché pour garder l'envie de rester avec l'opérateur historique français, qui vous reçoit si mal et est incapable de résoudre vos problèmes. "Orange à votre service" dit la voix suave enregistrée. Non, "Orange mécanique" conviendrait mieux!

Quand un Prix Nobel rencontre un prix Nobel...

Déjeuner entre deux prix Nobel.

Mardi, Barack Obama a reçu Elie Wiesel pour "un tête à tête entre deux amis, entre deux lauréats du prix Nobel de la Paix, autour d’un bon dejeuner kacher", comme l’a résumé l'écrivain. (“It was a meeting between two friends, two Nobel Peace laureates with a good kosher lunch.”)

Après des mois de tension entre les deux pays, cette rencontre est d’abord venu illustrer la volonté de la Maison Blanche de renouer des relations plus apaisées et plus constructives avec Israël, à la grande satisfaction d’Elie Wiesel, qui après avoir critiqué l’administration Obama le mois dernier, a confirmé à la presse, que "s’il y avait (bien) eu des moments de tension, celle-ci s’était évaporée".

Mais ce déjeuner se veut surtout l’ouverture d’une nouvelle phase dans la relance du dialogue israélo-palestinien. En effet, la veille, la Maison Blanche lançait officiellement un nouveau processus de pourparlers qualifiés d’’indirects’. Au coeur de ces négociations, qui devraient se dérouler sur quatre mois, on retrouvera donc George Mitchell, l’envoyé spécial des Etats-Unis en Israel, dans le rôle de facilitateur, assurant la liaison entre Jérusalem, Ramallah et Washington.

Les derniers préparatifs avaient été réglés le week-end dernier : samedi, George Mitchell annonçait que la Ligue Arabe avait donne son feu vert au Président Mahmoud Abbas pour reprendre les discussions. Le lendemain, c’est le Président Obama lui-même qui appelait le Premier ministre israélien afin d’obtenir la confirmation que "le processus de paix et les discussions de proximité débuteront très vite".

Tout est donc prêt du côté de Washington et c’est maintenant aux deux leaders du Proche-Orient d’officialiser cette reprise des négociations. Pas le plus facile!
Si Benjamin Netanyahou a déjà annoncé qu’il ne nommerait pas d’équipe de négociateurs, préférant suivre lui-même l’avancée des discussions, aidé d'un seul conseiller spécial, Mahmoud Abbas, lui, entend mettre toutes les chances de son côté en déclarant qu’il donnerait son aval au lancement des négociations entouré du comité exécutif de l’Organisation de Liberation de la Palestine (OLP) samedi prochain.

Et alors que certains commentateurs prédisent déjà l’échec de ce nouveau processus, notant que le préalable un temps espéré -le gel des nouvelles constructions - n’a pas été obtenu,  Elie Wiesel veut croire que chacun aura le courage de continuer :  "Rien ne pourra remplacer la paix entre les nations. Chaque parti doit comprendre qu’il n’y a pas de justice absolue, ni de paix absolue dans le monde. Et chacun des deux doit comprendre les demandes de garantie et de respect de l’autre."

(“There is no substitute for peace among nations. Each side must understand there’s no absolute justice in the world, no absolute peace in the world. One side must understand other’s need for reassurance, for respect.”)

Phrase qu'on a déjà entendu tant de fois depuis 60 ans. Mais si un Prix Nobel de la Paix n'y croyait pas plus que les autres, il faudrait ranger les Nobel au vestiaire!

Obama tout sourire et Obama tout sérieux

Tandis que les premières boulettes de pétrole brut touchaient les côtes de la Nouvelle-Orléans, Obama revêtait son smoking des grandes soirées officielles pour rejoindre les invités du dîner annuel des correspondants – un des grands rendez-vous de la vie politique américaine.

Et c’est un BO en très grande forme qui s’est prêté à l’exercice classique des bons mots et de la dérision acérée, multipliant les blagues et petites piques bien envoyées devant un parterre de journalistes et de célébrités très bon public.

Actualité oblige, il est d’abord revenu sur les deux événements du week-end. Il a ainsi expliqué qu’il continuait de suivre la progression de la marée noire, supervisant la coordination entre agences gouvernementales et actions locales, et indiqué qu’il attendait les conclusions de l’enquête sur la voiture piégée, découverte la veille à Time Square et désarmorcée à la dernière minute par le FBI. 

Deux déclarations au ton très sérieux avant de lancer ce jeu de mot gentiment assassin qui a définitivement ouvert les festivités : "je n’étais pas sûr de venir mais Biden m’a convaincu en disant ‘M. le Président, ce n’est pas un diner ordinaire : c’est un p*** de diner !’ (faisant référence au petit mot que le Vice-Président avait glissé à Obama lors de la signature de la loi sur la réforme de la santé le mois dernier).
("I wasn't sure I should comebut Biden talked me into it. He said, 'Mr. President, this in no ordinary dinner: this is a big f**** deal.’")

Puis, il a enchainé les petites phrases, s’en prenant à son rival d’hier, John McCain, et à la politique des Républicains en Arizona : "John McCain dit qu'il ne 's'identifie pas' à un franc-tireur. Or on sait tous ce qui se passe en Arizona quand on n'a pas de carte d'identité. Adios amigo !". Il n’a pas oublié non plus les banquiers de Wall Street, précisant à la manière des spots publicitaires, que "les blagues (de ce soir) vont sont offertes par Goldman Sachs, et ne vous en faites pas pour eux, ils gagneront de l'argent, que les gags vous fassent rire ou pas".
("By the way all the jokes here are brought to you by our friends at Goldman Sachs. But don't worry: They make money whether you laugh or not.")

 Et c’est dans un sourire moqueur que Barack Obama est revenu sur son propre son sort : "J'ai eu mon lot de déceptions l'année dernière : je voulais le Nobel de physique. Mais on ne peut pas tous les gagner", avant de constater ironiquement qu’ "il s’é(tait) passé presque un an depuis que j'ai parlé ici pour la dernière fois. Il y a eu beaucoup de hauts, beaucoup de bas, sauf pour mes sondages de popularité qui n'ont fait que baisser" !

Hier, c’est un Obama plus sérieux qui est venu soutenir les habitants de la Louisiane.
Très sobrement, il a tenu à répondre aux critiques, répétant que tout avait mis en place, depuis le premier jour, pour que la coordination entre les acteurs à Washington et sur place soit la plus efficace possible (“The federal government has coordinated an all-hands-on-deck, relentless response effort since day one… I want to emphasize, from day one, we have prepared and planned for the worst, even as we have hoped for the best.” )

 Et tandis que les experts se déchirent quant aux solutions à mettre en place, il a assuré que le gouvernement resterait mobilisé, tout en soulignant qu’il ne laisserait pas BP, tenu pour premier responsable, se soustraire de ses obligations: "Que ce soit bien clair BP est responsable de cette catastrophe et BP paiera l’addition mais en tant que Président des Etats-Unis, je n’épargnerai aucun effort pour répondre à cette crise, et ce tant qu’elle durera." (“Let me be clear BP is responsible for this leak, BP will be paying the bill but as president of the United States I will spare no effort to respond to this crisis for as long as it continues.")

Pour être franche, il est venu répéter ce qu’il avait déjà déclaré vendredi dans le Rose Garden. Mais faut-il demander à Super Obama de se renouveler à chaque fois?

Mobilisation nationale

Jeudi soir, Obama a interrompu sa fin de journée pour décréter "catastrophe nationale" la marée noire qui se rapproche de plus en plus de la Nouvelle-Orléans et assurer qu’il mobiliserait toutes les ressources du pays ("every single available resource")

C’est en effet une course contre la montre qui s’est engagée face aux nappes de pétrole qui ne cessent de se rapprocher depuis l’explosion, mardi, de la plateforme Deepwater Horizon exploitée par la compagnie BP, à 70km au large de la Nouvelle-Orléans.
Car chaque jour, c’est près de 800.000 litres (selon les autorités, BP parlant eux de 150.000) de pétrole brut qui s’échappent de l’ancienne plateforme (qui a sombré mercredi après avoir brûlé plus de 36 heures durant) et vendredi, c’est une nappe de près de 1.500 km2 de superficie qui était signalée à moins de 20km des côtes de la Louisiane.

Et alors qu’on examine les différentes solutions pour empêcher le pétrole brut de venir ruiner le littoral de la Louisiane, voire du Mississipi et de l’Alabama, les regards critiques et anxieux se tournent désormais vers la Maison Blanche.

En effet, en Louisiane encore traumatisée par Katrina, on scrute les moindres gestes et paroles des autorités.
Déjà les premières critiques s’étaient élevées mercredi quand les gardes côtes, après avoir annoncé qu’aucune fuite n’était à signaler, annonçaient subitement que le puits sous-marin déversait en fait des milliers de litres de pétrole brut par jour. C’est donc avec près de deux jours de retard que les barrages flottants ont été déployés pour essayer de contenir le pétrole.
Mais quand on sait que cette plateforme contenait plus 2,6 millions de litres de pétrole et extrayait près de 1,27 million de litres par jour, on comprend assez pourquoi le gouverneur de Louisiane en colère, a demandé à Obama de décréter d’urgence et sans plus tarder l’état de catastrophe naturelle afin de d’obtenir de nouveaux renforts de l’armée.

Ce matin, la critique a gagné l’opinion publique tout entière.

Au cœur des reproches, un déplacement du Président sur place qui se fait attendre  et la relance des polémiques quant à l’ouverture de nouvelles côtes à l’exploitation pétrolière et gazière annoncée en début du mois. Aussi BO se tourne-t-il à son tour vers BP, accusé de toute part, pour déterminer la responsabilité de la compagnie britannique dans l’accident.

 Mais tandis qu’on annonçait  que les premières nappes de pétrole allaient bien hélas atteindre le rivage de la Louisiane, Barack Obama a tenu à s’adresser aux habitants de la Nouvelle-Orléans - du Rose Garden - pour leur assurer que même "si BP (était) en fin de compte responsable du coût des opérations d'intervention et de nettoyage, (le) gouvernement va continuer à utiliser toutes les ressources à (sa) disposition et assumer ses responsabilités pour venir en aide à toutes les communautés touchées (par la catastrophe".

("BP is ultimately responsible under the law for paying the costs of response and cleanup operations, but we are fully prepared to meet our responsibilities to any and all affected communities.").

BO y va demain dimanche. Il est temps. La désinvolture de Bush vis à vis de Katrina et ce que cela a coûté à la Maison Blanche est dans toutes les mémoires.

"Climate change" or not climate change ?

Hier, concert à DC  pour célébrer le 40ème anniversaire de la journée de la Terre ("Earth Day").

Plus qu’une journée de fête et de musique, ce fut d’abord l’a tentative de remobiliser des Américains de plus en plus divisés sur la question du réchauffement climatique. Profitant d’une journée d’éclaircie au milieu de tous ces jours de pluie, des dizaines de milliers de promeneurs du dimanche ont convergé vers le Mall pour écouter Sting, John Legend ou Jimmy Cliff, venus se relayer pour la cause.

Si ces grandes manifestations ont toujours du succès, l’intérêt et la sensibilisation aux problèmes liés au changement climatique sont en chute libre et l’opinion publique américaine se met a douter. Allègre serait content!
Ainsi le dernier sondage de l’institut Gallup, effectué tous les ans à la même époque, confirmait ce désintérêt de plus en plus marqué, voire ce soupçon grandissant envers des scientifiques ou des politiques jugés alarmistes : 48% des Américains interrogés pensent désormais que le problème du réchauffement climatique est exagéré (contre 41% en 2009, 31% en 2002).

Mais au-delà de l’opinion publique américaine, les responsables politiques eux-mêmes se sont détournés du sujet. Le retour en arrière dans la façon d’aborder la question du changement climatique est frappante : plutôt que de chercher à mettre en place une véritable coordination internationale pour la réduction des émissions de gaz à effets de serre, plutôt que de continuer à investir dans les nouvelles sources d’énergie et repenser le modèle de société américaine, nombreux sont ceux qui reviennent à une approche environnementaliste locale.

Et alors qu’Obama avait fait du ‘climate change’ une des grandes priorités de son début de mandat, les Républicains, de leur côté, sont de plus en plus nombreux à nier la complexité du problème, réduisant ses conséquences à des questions purement écologiques et préférant ouvrir davantage de côtes américaines à l’exploitation pétrolière et gazière plutôt que d’investir dans les énergies renouvelables. Allègre serait -il si content de ces soutiens ?

Si bien que la journée d’hier signait surtout un nouvel appel lancé au Congrès américain afin qu’il reprenne les débats sur le réchauffement climatique et surtout qu’il vote la proposition de loi sur le climat qui devait être présentée en début de semaine par les Démocrates au Sénat.
Avant même son examen, ce texte avait d'ailleurs fait l’objet de vives querelles entre Démocrates et Républicains quant au seuil de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Après six mois de négociations, John Kerry était parvenu à trouver un accord à même de réunir les votes des deux partis, proposant de réduire les émissions de 17% par rapport au niveau de 2005, d’ici 2020. Les Reps étaient d'accord.

Et alors que la Maison Blanche s’apprêtait marquer ce quarantième anniversaire par la reprise des discussions, un nouveau revirement du Républicain Lindsey Graham a conduit la majorité à repousser une nouvelle fois la présentation du projet loi.

Cette fois-ci, l’opposition a invoqué "les calculs politiques cyniques" du chef de file démocrate, Harry Reid, qui oeuvrait la même semaine pour réviser les lois sur l’immigration – une révision qui pourrait nuire aux Républicains avant les élections de mi-mandat, leurs électeurs étant férocement opposés à toute idée de régulation de clandestins installés pourtant depuis des dizaines d'années sur le territoire américain.

Si bien qu’encore une fois hier, tous les regards se tournaient vers la Maison Blanche et Barack Obama afin qu’il reprenne les négociations et le combat annoncé avec une opposition décidée à ne plus faire aucune concession d’ici novembre prochain. On aime pas l'Etat ici, mais dès qu'il y a un problème, c'est Papa, au secours!

Sale temps pour les banques

Tous aux abris, doivent se dire les banques américaines en ce moment.

Goldman Sachs, déjà dans la tourmente en étant accusée de fraude par la Securities and Exchange Commission (SEC) , continue à se voir montrée du doigt. C'est le Sénat et la presse désormais qui font état de mails de dirigeants -dont le PDG - qui se seraient réjouis qu'à la faveur de la crise des subprimes, la banque ait réussi à gagner de l'argent. Ça promet des débats animés cette semaine quand Goldman Sachs sera auditionné devant une sous commission du Sénat!

C'est tout bon pour Obama ça, qui veut moraliser les banques... Jeudi dernier, devant les banquiers de Wall Street - en passe de devenir les hommes les plus détestés de la planète en ce moment - BO les a appelés à cesser leur lobbying pour tenter d'éviter une réforme du secteur bancaire. La moindre des choses non? Après les bonus indécents, tout cet argent dépensé pour faire campagne sur le thème "touche pas à ma banque" choque tout le monde ...

L'ultra gauche a l'air de trouver les positions d'Obama timides, mais dans l'Amérique d'aujourd'hui, elles sont synonymes de révolution: mise en place d'un système de solidarité entre banques qui éviterait d'avoir à se tourner vers l'Etat pour venir les sauver. Mais surtout - horreur pour un trader! -une régulation des marchés des dérivés et des hedge funds, voire une agence chargée de protéger les épargnants.

Ça s'appelle de la ré-gu-la-tion du système bancaire. Enfin! "Un marché libre ne signifie pas que vous pouvez prendre tout ce que vous voulez prendre " a-t-il lancé aux financiers de Wall Street, en rappelant que derrière les opérations de Wall Street, il y avait des conséquences pour chaque famille.

Vous avez dit "contrôle"? Ce ne sera plus Hitler, la référence pour les tea partyers voulant stigmatiser la politique "totalitaire" d'Obama, mais au moins Jean Jaurès auquel on a toujours attribué cette fameuse définition du libéralisme débridé: "un renard libre dans un poulailler libre" ! Et pour eux, Jaurès, c'est sans doute pire... Sauf qu'ils ne doivent pas connaître...

Hispaniques, vos papiers!

Aux Etats-Unis aussi, l'immigration a bon dos.

De fait, l'Arizona, qui comme la Californie, le Nouveau Mexique et le Texas, a une large frontière commune avec le Mexique a beaucoup d'immigration illégale. Les assoc de droits de l'homme réclament depuis longtemps une politique bi-partisane sur le sujet.

Or l'Etat d'Arizona, vient d'annoncer une loi qualifiée de scélérate par beaucoup. Et Obama, plus contrôlé que cela, l'a jugée inappropriée et mal avisée (misguided). Cette loi permettrait à tout policier - sur simple soupçon d'immigration illégale - de perquisitionner maisons, véhicules de tout suspect. Cela signifie des contrôles au faciès, des intrusions dans les vies privées, bref, une sérieuse atteinte aux droits de l'homme que les US aiment tant mettre en avant.

Obama a dû intervenir aujourd'hui pour dénoncer cette initiative et reconnaître l'urgence pour l'Etat fédéral de légiférer : '"Our failure to act responsible at the federal level will only open the door to irresponsibility by others" : "notre échec à l'échelon fédéral ne fera qu'ouvrir la porte aux (décisions) irresponsables prises par d'autres". Il presse donc le Congrès d'agir par une loi globale sur une réforme de l'immigration.

Après la Santé, après les banques qui hurlent comme des malades et sur lesquelles je reviendrai tout à l'heure, l'immigration? Obama réformateur, sûrement! Une tâche immense, sûrement aussi... Heureusement, pas de burqas ici à l'horizon! Vous imaginez la tête des Républicains d'Arizona déjà effrayés par les hispaniques? ☺☺☺

Pas toujours facile d'être Président!

 Barack Obama est rentré hier mardi d’un déplacement qu’il n’avait sans doute pas imaginé aussi mouvementé.

Parti à Los Angeles pour soutenir Barbara Boxer, Sénateur Démocrate depuis plus de 18 ans, qui se retrouve sérieusement en difficulté pour les élections de mi-mandat, la Maison Blanche avait tout prévu. Le déplacement était arrangé depuis deux mois, deux événements privés, réservés aux militants démocrates, avaient été soigneusement organisés - et pour la première fois, il était entendu que BO ne profiterait pas de son passage à Los Angeles pour s’adresser à la nation sur l’économie ou la réforme de la santé, comme il a coutume de le faire depuis quelque temps.

Tout avait été pensé pour satisfaire et encourager les Démocrates à se mobiliser et se battre pour remporter les élections de novembre prochain.

Obama predicts tough fight for Dems in November poll

Mais alors qu’il commençait son discours, Barack Obama a été interrompu pendant plusieurs minutes et à plusieurs reprises par des militants pour les droits des homosexuels qui réclamaient l’abolition du ‘Don’t ask, don’t tell’ (cette fameuse politique interdisant à toute personne homosexuelle de s’engager dans l’armée sous prétexte de constituer un risque pour l’ordre, la discipline et la cohésion sensés y régner – no comment…)

Et à la énième interruption, c’est un Obama visiblement agacé – et un peu embarrassé car il n’avait pas affaire à des Républicains embusqués mais bien à des sympathisants libéraux (gauche) – qu’on a pu voir s’impatienter.
Aussi avant de perdre définitivement son sang-froid a-t-il demandé aux militants de se calmer et surtout, d’être patient sur le sujet : "Hé, attendez deux secondes, deux secondes (…) D’accord, d’accord, je vous ai entendu (…) Hé, les amis, les amis, ok, je suis d’accord, je suis d’accord. (…)
Quand vous avez une alliée telle que Barbara Boxer – et vous avez un autre allié ce soir devant vous puisque je pense la même chose que vous – pourquoi donc venez-vous hurler et brailler ici alors que nous nous sommes déjà engagés pour mener ce combat ? (…) Je veux dire, ce serait plus logique que vous alliez hurler contre les personnes qui sont opposées (à l’abrogation du ‘don’t ask, don’t tell)."
("Hey, hold on a second, hold on a second ! (…) All right -- guys, guys, all right. I agree, I agree. (…) When you've got an ally like Barbara Boxer and you've got an ally like me who are standing for the same thing, then you don't know exactly why you've got to holler, because we already hear you, all right? (…)

I mean, it would have made more sense to holler that at the people who oppose it.")

Vidéo d'Obama chahuté

Mais son appel au calme n’a pas été entendu et à la nouvelle interjection d’un invité décidé à en débattre, c’est un Obama très fâché qui a répondu : "Je ne sais pas pourquoi vous braillez encore ? On va le faire. (…) Et je viens juste de vérifier avec Barbara, donc avis au prochain qui déciderait d’entamer un nouveau chant, sachez que Barbara n’a même pas voté pour le ‘Don’t ask, don’t tell’ à l’époque ! "
("I don't know why you're hollering. (…) I just checked with Barbara, so if anybody else is thinking about starting a chant, Barbara didn't even vote for 'don't ask, don't tell' in the first place.")

Deux ou trois exclamations se sont encore faites entendre mais Obama a continué son discours avant de rejoindre les chanceux (ou plutôt les généreux donateurs!) pour un diner qui s’est prolongé jusque tard dans la soirée.

Ce midi, le porte-parole de la Maison Blanche a annoncé que BO retournerait en Californie, probablement fin mai, pour continuer à aider les Démocrates sur le terrain. Cela dit, si chacune de ses venues rapportent au DNC plus de $3.5 millions comme celle d’hier, cela constitue un sacré trésor de guerre pour les candidats en difficulté ! Et ça vaut bien un chahut!