"Je préfère être un vrai bon Président sur un mandat qu'un Président médiocre sur deux mandats" . Il l'a dit à la télévision dans une interview punchy. Mais non, je parle d'Obama bien sûr! Qu'alliez vous donc imaginer d'autre?...☺☺☺☺
"I'd rather be a really good one-term president than a mediocre two-term president": c’est en effet ainsi que BO a résumé hier son intention de poursuivre jusqu'au bout le programme pour lequel il a été élu. A deux jours du Discours sur l’Etat de l’Union, qui sera retransmis sur toutes les chaines américaines demain soir, Barack Obama a choisi d’accorder une interview spéciale à la grande reine des journalistes politiques, Diane Sawyer.
Juste une parenthèse un peu hors sujet, quoique... Je ne commenterai pas l'émission de Nicolas Sarkozy sur TF1 hier soir, vous vous en doutez bien. Juste une remarque périphérique qui me venait à l'esprit, remarque de forme (et de fond en même temps sur le métier que nous faisons, nous, journalistes). Ce métier est d'être précisément les médiateurs avec les citoyens, d'être le relai des problèmes qui se posent dans la société, avec la faculté que nous donne notre profession (sinon, il faut nous supprimer tout de suite!) de pouvoir librement contredire, pousser dans ses retranchements, revenir sur ce qui a été dit, mettre en perspective bref, faire exercer notre rôle de questionneur sans agressivité ni complaisance.
Je trouve dommage que les journalistes français aient à ce point perdu tout crédit dans l'opinion qu'ils se fassent désormais remplacer par de "vrais Français" comme on dit de manière assez populiste, pour suggérer que les journalistes - comme les politiques, ou tout ce qui relève de la démocratie dite représentative - sont déconnectés de la société, ou pour montrer combien les politiques sont proches du peuple en leur répondant directement. Je suis nostalgique non pas d'un pouvoir qui nous échapperait, mais du rôle qui doit demeurer le nôtre quand je vois des journalistes n'être plus que des passeurs de parole...
Fin de la parenthèse. Revenons à Obama, qui lui, a choisi une manière traditionnelle, mais non sans danger de répondre à une journaliste chevronnée dont on dit qu'elle peut faire ou défaire une carrière. (Diane Sawyer a 64 ans, a commencé son métier dans les années 1967/70 et a fait toutes les interviews et les reportages les plus renommés du monde journalistique).
Et comme un avant-goût de ce discours dont il a été annoncé qu’il sera centré en grande partie sur l’économie et l’emploi, Barack Obama a détaillé une série de mesures, qui seront présentées la semaine prochaine au Congres, destinées à rassurer et aider les classes moyennes.
- Il est revenu tout d’abord sur son plan pour "
renverser l’érosion de la sécurité dans les classes moyennes".Pour aider ce que le Vice President Biden appelle la "sandwich generation", ces familles qui luttent au quotidien pour pouvoir à la fois envoyer leurs enfants à l’école et s’occuper de leurs parents vieillissants, Obama a annoncé que parmi ses propositions figurent des aides très concrètes, comme le doublement du crédit d'impôt pour les soins des enfants, l’augmentation des abattements fiscaux pour les gardes d'enfants et les retraites, le renforcement des aides aux familles ayant à charge des personnes âgées ainsi que le plafonnement des remboursements des prêts étudiants.
Mais plus qu’une succession de mesures, Barack Obama a insisté sur le fait qu’il s’agissait là d’une "
nouvelle fondation pour l’économie américaine", soulignant là le fait qu’il avait bien pris la mesure des besoins de cette majorité d’Américains qui "
ont vécu leur propre et douloureuse récession, longtemps avant que les économistes déclarent notre économie en récession".
- Dans un second temps, Barack Obama a expliqué son intention de proposer un gel des dépenses
budgétaires sur trois ans, afin de réduire les déficits.
Ce gel des dépenses, qui ne toucherait toutefois pas les portefeuilles de la Defense, de la Sécurité Interieure et des Anciens Combattants (pour que la mesure ait une chance de passer dans le clan Républicain) ainsi que les programmes de couverture santé Medicare et Medicaid (et là, c’est pour les Démocrates), permettrait d’economiser 10 a 15 milliards des 2011.
Et si les experts estiment dejà que les économies ainsi réalisées ne couvriraient qu’a peine 3% des 9 milliards de dollars - soit le coût estimé des dépenses prévues sur la même période - cette annonce d’Obama vise de nouveau à rassurer une opinion publique américaine de plus en plus impatiente et méfiante.
En effet, alors qu’un peu partout dans le pays, des groupes d’Américains manifestent dans les rues pour réclamer a Wall Street les dollars prêtés ("Give our money back"), un sondage de CNN, publié lundi, révélait que 3 Américains interrogés sur 4 pensaient qu’ "au moins la moitié de l’argent du stimulus plan avait été gâché" et surtout, 63% des sondés déclaraient qu’ils n’avaient vu aucun bénéfice économique sortir de ce plan dans leur quotidien.
Sondage CNN
Cette première série d’annonces n’est que le début de la réponse du Président Obama à ses concitoyens, qui lui ont envoyé mardi dernier, au Massachusetts, un signal clair et fort de frustration et d’impatience. Nul ne sait si cette contre offensive va prendre sur le terrain pour regagner une confiance et un crédit érodés. On verra mercredi soir après le speech.
Est-ce, comme il le dit, la poursuite de la réforme en profondeur de la société américaine pour laquelle il a été élu, ou cette "nouvelle fondation pour l’économie américaine", un an après une victoire triomphante, n’est-elle qu'une sorte de "tournant de la rigueur" masqué, comme on dirait chez nous? Que doit faire un Président quand il voit que ses promesses de campagne peuvent se fracasser sur les doutes de l'opinion?
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