Bon, c'est pas le Pérou, mais franchement, c'est mieux que rien!
Il n’en restait plus qu’un… plus qu’un à convaincre afin de rallier tous les Démocrates derrière le projet de réforme de la santé et s’assurer les 60 votes nécessaires pour faire basculer le Sénat.
Depuis trois jours, l’homme à persuader s’appelait Ben Nelson, Sénateur du Nebraska, Démocrate fermement opposé à l’avortement ("anti-abortion" comme on dit ici) et qui se déclarait toujours indécis, justement du fait de la prise en charge de l’avortement contenue à l’origine dans le projet de loi.
Aussi, ce n’est pas sans un certain soulagement qu’Harry Reid, le chef de file du parti démocrate au Sénat, est venu annoncer, devant les caméras – après avoir avisé BO d’un très majestueux "We did it, Mr. President" – qu’un compromis avait été enfin trouvé et que le 60e vote venait d’être sécurisé.
Pour s’assurer du vote de Nelson (qui entre nous a bien su tirer avantage de la situation), il a fallu des heures de négociation, l’ajout d’une nouvelle une disposition interdisant l'utilisation de fonds publics pour financer les procédures d'avortement (hélas, les Américains vont rester à la traîne là-dessus), la promesse – hors cadre – de nouvelles aides fédérales pour son Etat, sans oublier la pression renouvelée de Rahm Emmanuel qui veillait à l’avancement ainsi qu'à l’équilibre des pourparlers, comme le rapporte, à la manière d’une journée-feuilleton, le WaPo de ce dimanche.
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/12/19/AR2009121902383.html
Hier, dans le clan démocrate enfin réuni, l’heure était aux derniers réglages : selon la dernière conférence de presse de samedi, qui était d’ailleurs très stratégiquement orientée sur le volet économique, le projet de loi, estimé à $871 milliards, réduirait dans les dix ans le coût global de la santé aux États-Unis (les économies et réorientations qui seraient faites selon ce plan abaisseraient ainsi le déficit de $ 130 milliards sur dix ans, puis de $ 650 milliards les dix années suivantes). Et s’il ne comporte toujours pas, faute de consensus, la ‘public option’ chère à Obama et aux démocrates progressistes, le plan du Sénat contient des avancements très importants quand même en matière de protection du malade, dont le plus important est sans doute l’interdiction qui sera faite aux assureurs de refuser une couverture sous prétexte de problème de santé pré-existants.
http://www.nytimes.com/2009/12/20/health/policy/20health.html
Certes, ce n’est pas la fin du marathon législatif. Mais les Démocrates ont remporté la première mi-temps en réunissant le quorum des 60: les Républicains ne pourront donc plus user des habituelles manœuvres d’obstruction pour prolonger et reporter sine die le vote de la loi.
Et en attendant le vote du 24 et la trêve de Noël, Obama, tout juste rentré de Copenhague, pouvait déjà annoncer, lors de son traditionnel message hebdomadaire du samedi, que "
désormais, pour la première fois, se dégageait une nette majorité au Sénat pour se dresser contre le lobby des assureurs (privés) et adopter enfin la réforme nécessaire de la couverture maladie à laquelle nous nous sommes soustraits depuis des générations".(
"Now – for the first time – there is a clear majority in the Senate that’s willing to stand up to the insurance lobby and embrace lasting health insurance reforms that have eluded us for generations. ")La video de BO samedi : http://www.whitehouse.gov/blog/2009/12/18/weekly-address-patients-bill-rights-and-health-reform
Dans la même veine l'Op-ed (la tribune) de Biden, le Vice-Potus, dans le NYTimes.
http://www.nytimes.com/2009/12/20/opinion/20biden.html
La Maison Blanche pavoise donc. Pas autant qu'ils auraient pu, mais considérant d'où ils viennent, c'est une petite révolution!
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