" Deux ou trois choses vues d'Amérique "

Encore une histoire américaine

Ce blog s'endort un peu, les amis... La faute aux ponts/viaducs de ce mois de mai et à mon absence de quelques jours!

J'espère vous réveiller un peu avec cette nouvelle Juge à la Cour Suprême, décision éminemment importante d'Obama. Elle a l'air elle aussi, d'une sacrée personnalité avec un parcours emblématique.
Elle s'appelle donc Sonia Sotomayor, elle est à la une de tous les journaux, troisième femme seulement nommée juge à la Cour Suprême et première femme issue de la communauté hispanique élevée à ce poste.

Mais à peine un jour s'est-il écoulé depuis sa nomination que voilà qu'elle reçoit déjà les premiers coups des Républicains - toutefois un peu gênés pour trouver le bon angle d'opposition.
WaPo sur Sonia Sotomayor
Ah, ce n'est pas toujours simple de verser dans l'opposition  systématique. Il vaut mieux avoir des biscuits et attendre un peu ...

Et que peuvent-ils d'ailleurs trouver a redire au parcours de cette femme  - qui n'est pas sans rappeler celui de notre POTUS - de parents portoricains, élevée dans le East Bronx par sa mère, a single mum (son père est mort quand elle avait 9 ans), diplomée des meilleures universités et avec une carrière de magistrate exemplaire?

En tout cas, du côté de la Maison Blanche, on a pris les devants pour ne pas retomber dans une nouvelle semaine de polémique. Le traditionnel discours d'annonce dans lequel Obama a savamment entremêlé le portrait de Sonia Sotomayor et sa conception de la justice, a été accompagné d'une com' intelligente.

J'ai trouvé très habilement construit et très bien joué le communiqué envoyé par la suite aux médias, où à la place du CV habituel, on a eu le droit a une biographie-argumentaire, faite d'extraits de journaux qui retracent chacune des étapes de sa carrière et en les articulant autour des valeurs fondamentales de la sociéte américaine : 'An American Story', 'A champion of Law', 'A Sharp and Fearless Trial Judge'...

Evidemment, la longueur épouvantable du processus de confirmation va être un inconvénient: pensez que cela va prendre 72...jours! Elle sera en fonction le 7 août! Nous y reviendrons, mais c'est probablement le blocage le plus important pour toute nominationdans l'administration américaine. (Je vérifierai, mais alors que nous sommes en pleine crise économique mondiale, je crois que le malheureux Tim Geithner n'a pas encore tous ses adjoints et équivalents secrétaires d'Etat nommés!!)

Evidemment, notre délicieux Rush Limbaugh n'a pu s'empêcher de stigmatiser Sonia comme une "reverse racist" parce qu'elle a toujours défendu l'affirmative action. Mais trop c'est trop. Que dirait George Clooney :"what else"?

Un Parti Républicain à l'offensive

Ce fut une dure semaine de polémiques. Mais qu'avait-il pris au GOP et au cher Dick Cheney?
Le NY Times lève une partie du voile.
Il révèle en effet que le Parti Républicain préparait depuis longtemps sa levée de boucliers et son offensive pour déplacer le débat sur le terrain de la sécurité nationale et agiter la peur  de dangereux terroristes entrant sur le sol national: "Republicans in Congress started laying plans even before the inauguration to make the debate a question of local safety instead of one about national principles."

Quant à Dick Cheney, le NYTimes nous apprend aussi qu'il cherche activement un éditeur pour ses Mémoires. Alors, désintéressé, et soucieux que du bien des Etats-Unis? Sans doute, quoique...

NYT sur la stratégie du GOP
Cheney cherche éditeur désepérément

Et un peu de lecture, aussi. La première intw de BO depuis les debats sur l'avortement, les mémos sur l'utilisation de la torture, la polémique sur Gitmo...

Barack Obama parle

Je vous laisse pas mal de lecture, car je ne vais pas pouvoir intervenir sur ce blog facilement pendant deux ou trois jours, alors je vous charge en munitions pour patienter et alimenter entre vous vos débats.

A très vite.

Prison Break

Fermer Guantanamo? Depuis hier, la fronde et la passion se sont emparés de Washington.
Les Sénateurs ont d'abord refusé les 80 millions de dollars qu'il faudrait pour fermer Gitmo et assurer le transfert des prisonniers vers de prisons américaines.
Plus inquiétant : les Démocrates eux-mêmes se sont déclarés soucieux et le chef de la majorité Démocrate, Harry Reid, a trouvé qu'Obama ne présentait pas comme alternative un plan de sécurité suffisamment convaincant (ah qu'il est confortable le système français de la Vème République où la majorité quelle qu'elle soit exécute ce que le Président décide!)

A tout cela s'ajoute un climat de psychose où le directeur du FBI fait part de sa préoccupation sur le sujet, où l'on apprend qu'un ancien prisonnier de Guantanamo sur 7 est déjà retourné combattre :
NYT sur les anciens prionniers de Gitmo
Mais surtout, bien sûr,  la révélation du jour selon laquelle le FBI a arrêté en plein NY quatre terroristes présumés qui projetaient des attentats notamment contre des synagogues du Bronx, a fini par clore une journée marquée par deux questions agitées par les sénateurs:  "que faire des anciens détenus?" suivis par "même si on les transfert dans une vraie prison, ils mettent l'Amérique en danger"

C'est à cette pression qu'Obama répondait ce matin avec son discours très attendu sur la sécurité, et annoncé déjà depuis plusieurs jours. Son but: convaincre les Américains que le transfert des détenus de Gitmo vers des prisons de haute sécurité à l'intérieur du territoire américain ne remettait pas en cause la sécurité nationale.
BO a dit clairement que Guantanamo avait davantage miné la sécurité de l'Amérique qu'il ne l'a renforcée. Et que transférer les prisonniers était non seulement plus pratique, mais surtout conforme au droit et aux traditions américaines.
Par ailleurs, " Nobody has ever escaped from one of our federal supermax prisons, which hold hundreds of convicted terrorists,” a-t-il  affirmé à des Américains qui croient trop à des scénarios de type Prison Break et qui oublient que les forteresses de béton et d'acier des prisons américaines ne sont pas le paradis des monte-en-l'air!
Il a répété que la fidélité aux valeurs américaines n'était pas un luxe de temps paisibles mais la boussole qui devait guider le pays au temps même du terrorisme.

Ce discours intelligent, réaliste, humaniste va-t-il tenir face à l'offensive des Républicains déchaînés et de Dick Cheney dont j'ai du mal à comprendre pourquoi la télévision - sinon par goût du sensationalisme -  persiste à l'inviter...?
Et quelques minutes après le discours d'Obama le voilà qui sur toutes les chaînes se répand immédiatement en accusations classiques mais qui dans le climat actuel prennent plus de relief "There is never a good time to compromise when the lives and the safety of the American people are in the balance" disait-il sentencieux, avec son habituel regard dédaigneux à l'abri de ses lunettes.

Heureusement qu'un interessant sondage (realisé en pleine polémique BO-Cheney, et en plein débat sur l'avortement de ces derniers jours) affirme que 63% des Américains interrogés pensaient que "the president's policies are moving the country in the right direction". Ouf... Jusques à quand?

Raison et Sentiments

Je croyais que le titre du beau livre de Jane Austen ne s'appliquait qu'à la littérature. Depuis hier, on peut le plaquer sur un discours politique. Celui que fit Obama à l'Université Notre-Dame hier où il recevait un diplôme honorifique et où surtout il a abordé sans fards le sujet tant attendu de l'avortement, fut un modèle du genre.

Prudent, archi prudent le Potus. Mais ne cédant pas sur ses convictions, même s'il y met les formes pour ne pas heurter de front une population sensible.
"Maybe we won’t agree on abortion, but we can still agree that this is a heart-wrenching decision for any woman to make, with both moral and spiritual dimensions".
Malgré quelques huées (des "boo" comme disent les Américains) qui étaient c'est vrai une première, mais vite maîtrisées, il a su déclencher les applaudissements en faisant appel à la tolérance avec ces mots repris partout : "open hearts, open minds, fair-minded words" : coeur et esprit ouverts,  mots justes, son appel à l'apaisement semble avoir été salué, sauf par les excités du camp d'en face.

Plutôt que plaider sur le fond du dossier - ce qui aurait fragilisé sa position en montrant qu'elle pouvait être débattue - il a choisi de surtout de développer la façon de parler du sujet. Très habile et sans doute sincère.
"Because no matter how much we may want to fudge it — indeed, while we know that the views of most Americans on the subject are complex and even contradictory — the fact is that at some level, the views of the two camps are irreconcilable. Each side will continue to make its case to the public with passion and conviction. But surely we can do so without reducing those with differing views to caricature."

 Bref, un modèle du genre, ou comment dédramatiser un sujet ultra chaud. Cela dit, toute cette polémique en dit long sur la tentation du peuple américain sur la marche arrière en matière de moeurs. Bush, sa morale et les évangéliques ont vraiment gagné du terrain.

Discours d'Obama à l'Université Notre-Dame

Et maintenant, l'avortement!

Il y a des moments, comme cette semaine bien difficile pour Obama, où il doit se demander si ça valait le coup de tellement vouloir gouverner les Etats-Unis.

Le voilà rattrapé par le débat sur l'avortement qu'il espérait tant éviter. D'abord parce qu'il se rend demain dimanche à la cérémonie de fin d'études des étudiants de l'Université très catholique de Notre -Dame dans l'Indiana. Et que par ailleurs, il y a en suspens l'enjeu du remplacement d'un juge à la Cour Suprême, et que chacun s'attend à ce qu'il nomme un "pro-choice", c'est-à-dire un homme favorable au fameux arrêt Roe vs Wade de 1973 qui a rendu l'avortement conforme à la Constitution.

Sur ce sujet aussi, il n'est pas très à l'aise. Il a un peu louvoyé pendant la campagne. Disons que sur la question, c’est un modéré. Il a dit pendant la campagne que c’était un problème moral qu’il valait mieux laisser aux femmes et aux médecins, et qu'il aimerait mieux se battre sur des enjeux autres comme la limitation des grossesses non désirées, l’adoption, ou les cellules souches. Les batailles sur l’avortement a-t-il dit « font très années 90 » ( tiens, encore un sujet de moeurs sur lequel nous étions 20 ans en avance sur les Etats-Unis ).
Il avait même dit en 2007 , qu’une de ses priorités serait de signer le Freedom of Choice Act, qui de fait, codifierait Roe v. Wade dans la loi. Maintenant, il admet que ce n'est pas sa plus grande priorité: la crise, le système de santé et les guerres sont passées par là.

Mais ce qui est troublant, c'est combien les opinions favorable à l'avortement sont en recul aux Etats-Unis. Les conservateurs et les évangéliques ont gagné en quelques années cette bataille culturelle et philosophique.
En 1995, 60% des Américains étaient pour la légalisation dans la plupart des cas. Cette semaine, un sondage Gallup dit pour la première fois qu'une majorité de  51% de citoyens américains se considèrent comme pro-life (contre l'avortement).
NYT: l'Amérique est devenue hostile à l'avortement

Certains ont conseillé à Obama de parler du sujet ce dimanche d'entrée de jeu. Le fera-t-il et surtout pourra-t-il dépasser cette guerre rallumée entre pro choice et pro life ? Comme disait le NYT aujourd'hui, le seul qui peut le faire c'est lui, mais c'est loin d'être gagné.

Thanks but no thanks

Le débat, houleux, continue aux Etats-Unis: le Président s'est-il renié hier en refusant de publier les photos prouvant les tortures engagées contre les détenus de Guantanamo,  d'Irak ou d'Afghanistan? Le Président s'est-il à nouveau renié aujourd'hui en réactivant les tribunaux militaires d'exception pour juger les présumés terroristes alors qu'il les avait condamnés durant la campagne et suspendus dès son entrée à la Maison Blanche?

Il faut dire que l'explication paraît embarrassée: selon la White House, Obama se serait en fait élevé contre les règles de fonctionnement de ces tribunaux qui de fait, vont être changées... Cette explication ne satisfait pas vraiment la gauche des démocrates et Barack Obama semble s'être laissé convaincre par le Pentagone que ces prisonniers ne pourraient pas être jugés par des tribunaux ordinaires.

Et la polémique continue sur le "qui savait quoi". De la Maison Blanche à Nancy Pelosi, Présidente de la Chambre des Représentants,  le malaise paraît évident.
Celui qui fait ses choux gras médiatiques de la polémique, c'est Dick Cheney, le Dark Vador de l'Administration Bush. On ne voit que lui sur les plateaux de télévision, répétant à l'envi qu'Obama depuis qu'il est "in charge", met en péril la sécurité des Etats-Unis.
Mais l'ancien Vice-Président qu'on qualifie souvent de mauvais génie de George W Bush, ne convainc pas les Américains sur ce terrain-là: seuls 38% lui donnent raison selon le sondage du jour. S'il est médiatiquement présent, il reste très impopulaire et beaucoup d'Américains ont envie désormais de lui tourner le dos avec la formule familière "thanks, but no thanks". Merci, Monsieur Cheney, on a déjà donné.

Le piège

Alertée par l'un de vos posts (Michèle je crois, plus vigilante que moi sur les Etats-Unis), j'ai regardé d'un peu plus près ce qui fait l'objet d'une telle polémique aujourd'hui aux Amériques.
BO a annoncé en effet sa décision de ne pas divulguer les photos des exactions US en Iraq et en Afghanistan, [which] would  "further inflame anti-American opinion and endanger troops in two war zones".

L'argument fait sens mais la polémique ne cesse d'enfler car aux plaintes des associations de défense des libertés est venu s'ajouter aujourd'hui le jeu des ricochets partisans entre politiques qui se renvoient la responsabilité des faits  - entre ceux qui connaissaient les pratiques de la CIA, ceux qui affirment avoir été trompés, comme Pelosi aujourd'hui, et les autres qui rejoignent le NYT (voir l'article ci joint) pour dire que tout ce qu'ils veulent, dans cette affaire, ce ne sont pas des têtes à couper mais dire qu'il est juste temps de gouverner proprement.
Comme dit la très bonne éditorialiste du NYT, Gail Collins, "It’d be great for the national mental health if we set aside one day in which everybody could admit everything they regret doing or failing to do about the now-renamed war on terror."

Coming Clean

Si jamais, ajoute-t-elle, Hillary pouvait reconnaître qu'elle a eu tort de voter pour la guerre, si Colin Powell pouvait regretter de n'avoir pas démissionné, si Nancy Pelosi pouvait dire qu'elle a eu vent des vilaines pratiques mais que tout le monde avait peur du terrorisme, etc...
Peut-être que Gail Collins exagère, et que gouverner n'est pas passer son temps à battre sa coulpe, mais reconnaître qu'un pays s'est collectivement trompé peut être salutaire, quand la blessure est si profonde qu'elle atteint le moral de la nation.
Mais c'est vrai que c'est dangereux politiquement. Comment Obama va-t-il se sortir de ce piège qui le poursuit en son début de mandat?

Slam à la Maison Blanche

Pas de doute, la White House change radicalement aussi sur le plan culturel.
Il y avait hier soir une soirée slam, poésie et musique.
Je ne sais pas s'ils étaient tous des artistes de talent, ni s'ils méritaient cette exposition, mais cela témoigne d'un effort pour ouvrir la Maison Blanche  à des formes d'expression venues de toutes les parties de l'Amérique.

Je vous livre les simples mots de BO tels qu'il les a prononcés hier soir pour accueillir les artistes. Ce sont des mots d'un Président qui aime les différentes formes de culture y compris celle des arts vivants. Et cela fait du bien après des années d'obscurantisme et dans un monde où ce n'est pas la qualité la mieux partagée!

"It is a great pleasure to welcome all of you to the White House for an evening of music and poetry and spoken word -- (applause) -- from some of our nation's most gifted performers, both distinguished veterans and up and coming young talents.
 
     We're here tonight not just to enjoy the works of these artists, but also to highlight the importance of the arts in our life and in our nation -- in our nation's history.  We're here to celebrate the power of words and music to help us appreciate beauty, but also to understand pain; to inspire us to action, and to spur us on when we start to lose hope; to lift us up out of our daily existence -- even if it's just for a few moments -- and return us with hearts that are a little bit bigger and fuller than they were before.
 
     The great jazz musician, Louis Armstrong, once said simply, "What we play is life."  What we play is life.  And that is what these artists do -- they express the joys and hardships of life and remind us how much all of us have in common. It's a great gift and a great responsibility.  And we're honored to host them here at the White House tonight".

Moi, j'aime bien (au risque de me faire encore traiter de groupie obamesque). Et vous?

Le Pape et Israël. Obama et le monde arabe

Deux informations sans rapport, mais que l'actualité du jour me permet artificiellement, j'en conviens, de rapprocher.

Le Pape, à l'occasion de son voyage au Proche-Orient et de son escale en Israël, s'est rendu à Yad Vashem, à Jérusalem, le mémorial où brûle jour et nuit la flamme en mémoire des déportés des camps d'extermination nazis.
Il s'est recueilli devant la dalle où sont gravés les noms des camps, et a prononcé ce qu'il fallait de paroles sans ambiguïté sur le caractère ineffaçable de la Shoah, pour mettre un terme à la polémique ayant suivi la levée de l'excommunication de l'évêque négationniste Williamson. Mais apparemment d'autre contentieux subsistent.
Il aurait refusé, lors de cette visite, de passer devant l'effigie de Pie XII, ce Pape qui fut  tellement silencieux sur le sort des Juifs - y compris sur la déportation des Juifs romains - pendant la Seconde Guerre Mondiale, et dont la légende sous la photo relatait la passivité. Evidemment, pour le Vatican qui souhaite canoniser Pie XII (oui, je dis bien canoniser!) cela aurait fait désordre.
Le Washington Post nous apprend d'autre part que le Pape aurait remis à l'honneur une vieille prière en latin demandant à Dieu de délivrer les Juifs des ténèbres et leur  faire reconnaître la divinité de Jésus.
Enfin, déplorent certains, il n'aurait pas eu un mot de regret en souvenir de ses jeunes années enrôlées dans les Jeunesses Hitlériennes.

Obama, lui, est populaire y compris dans le monde arabe. Pas autant qu'ailleurs, mais quand même:  7.000 citoyens d'Arabie Saoudite, Koweit, Liban, Egypte, Jordanie et Emirats Arabes ont été interrogés par sondage - et les resultats ont une signification forte dans une region où l'image des Etats-Unis a été gravement endommagée par les deux présidences Bush.
Résultat: 48% d'opinions favorables, ce qui est très intéressant à la veille de la visite au Caire que doit faire Obama prochainement ( où il reste du travail de conviction à faire, car 35% seulement des Egyptiens sont séduits). D'ailleurs, si Obama est apprécié dans le monde arabe,  les Etats-Unis en tant que pays, restent mal aimés, recueillants seulement 33% d'images positives.

Moralité: BO remonte la pente. Benoît, semble, lui, avoir descendu quelques marches...

L'Europe? Hélas...

En lisant la presse française - ce que je fais de temps en temps - j'ai réalisé que les élections européennes étaient dans moins d'un mois! Je crois que c'est l'un d'entre vous disait l'autre jour que le Jour de l'Europe n'avait eu que peu d'échos...
En effet, comment ne pas être pessimiste sur l'intérêt des Français - et des autres - sur cet enjeu qui n'a plus l'air d'en être un?

Les 30 dernières années ont été celles de l'Europe, et ce fut un formidable appel d'air. Les hommes ont joué leur part, ô combien : Giscard-Schmidt ou Mitterrand-Kohl ont beaucoup fait, sans parler de Jacques Delors, bien sûr.
Il y a eu une fenêtre où l'on a cru que l'Europe pouvait devenir la nouvelle ambition française, en tous cas, celle d'un continent qui n'a pas d'autre solution que de s'unir pour ne pas voir son influence, sa culture, ses préoccupations sociales s'évanouir au profit d'autres ensembles beaucoup plus larges...

Mais est-ce le vent de l'Histoire qui fait que le monde s'est déplacé, vers l'Est, vers le Sud? Est-ce un mal d'ailleurs? Pourquoi vouloir à tout prix que ce qui fut le pôle principal du XIXème et l'un des deux du XXème, le demeure au XXIème quand la Chine, l'Inde, toute l'Asie d'une part, l'ensemble des pays émergents d'autre part, sont en train de devenir le centre du monde?
Est-ce que notre époque n'est pas passée, comme le fut celle de la Grèce avant hier ou de l'Empire Romain hier?

Hé bien, je pense, comme quelques irréductibles, que l'Europe a encore des choses à dire au reste du monde. Mais pas les petites Angleterre, Italie, Espagne, France ou Allemagne, qui sont en train de devenir chacune des puissances très moyennes! Unis, nous avons une force incroyable: en technologie, en invention, en productivité, en modèle social, en modèle culturel. Mais seuls nous ne sommes plus grand chose. Comment se fait-il que nous ne nous en rendions pas compte?

Pas seulement nous les citoyens qui avons voté contre le traité qui aurait permis d'avancer - pas bien, mais mieux - , mais ceux qui sont responsables de la mauvaise image de l'Europe, l'infiniment pesante bureaucratie bruxelloise, les élargissements non préparés, les dirigeants sans vision, les petites préoccupations nationales, politiciennes et populistes: ne voulant pas déplaire et sachant la vision négative des citoyens sur l'Europe, qui, aujourd'hui, tente de mobiliser sur ce mot d'ordre?

Voilà pourquoi je suis pessimiste. Voilà pourquoi je voterai coûte que coûte.