Du côté de l’administration Obama, si, officiellement, on se fait aucune illusion quant à la capacité d’un seul meeting à régler plus de cinquante ans de désaccord - et des mois de bataille - sur le sujet de l’assurance maladie, dans les coulisses, on prépare dur cette première télévisée. En effet, Obama a misé gros, en lançant cette invitation à l’opposition et en insistant pour que tout le débat soit retransmis en direct. Car l’objectif est double : d’abord, il entend démontrer aux Américains que le plan de réforme de l’assurance maladie des Démocrates est raisonnable et nécessaire ; ensuite, plutôt que de sans cesse décrier les campagnes mensongères de l’opposition, il veut montrer, à l’image, que les Républicains n’ont d’autre but que de verrouiller, ou plutôt d'enterrer, le débat – et gâcher ainsi une opportunité historique de régler un problème qui gangrène le système de santé des Etats-Unis depuis des décennies.
Si bien que, la pression montant, le message hebdomadaire du Président cette semaine s’adressait peut-être davantage aux politiques du Congres qu’aux Américains en week-end :"J’espère que Démocrates et Républicains sauront se réunir et travailler ensemble la semaine prochaine autour des idées des uns et des autres.
Aux membres du Congrès, je voudrais simplement dire ceci : nous savons que le peuple Américain veut que nous réformions notre système d’assurance-maladie. Nous savons quels sont nos points d’accord et nous savons tous où sont nos points de désaccord. La semaine prochaine, nous aurons l’occasion d’enfin réformer ce système pour les familles américaines comme pour les petites entreprises. Ce sera enfin notre chance de donner aux Américains la tranquillité d’esprit de savoir qu’ils pourront s’offrir une assurance a un prix abordable. (…) C’est ce que nous pouvons faire et c’est ce que nous devons faire quand nous nous réunirons pour cette conférence bi-partisane sur la santé la semaine prochaine.
Du côté de l’opposition, les Républicains, réclament un nouveau départ, où les questions de la prise en charge de l’avortement ou de la ‘public option’ seraient définitivement écartées de la table des négociations.
De la même manière, qu'ils ne cessent d’attaquer BO sur les résultats du plan de relance économique - tel l’ancien président de la Chambre, Newt Gingrich, qui ironisait hier sur le fait que "Barack Obama a au moins contribué à la création de trois emplois : ceux de Bob McDonnell, Chris Christie et Scott Brown" (les gouverneurs Républicains élus récemment en Virginie, dans le New Jersey et le Massachusetts), de la même manière, ils entendent bien démontrer comment les 'bailouts' répétés de l’administration Obama vont mener les Etats-Unis dans un gouffre financier. Une argumentation déjà bien articulée et répétée par la plupart des Républicains invités sur les plateaux télés ce week-end.
Mais, parce que les risques de dérapage sont déjà dans toutes les têtes, le Président Obama a pris les devants. C’est ainsi qu’il a rappelé les règles du jeu à tous les participants en prévenant qu’"(il) ne voulai(t) pas voir ce débat se transformer en cirque politique, où chaque camp vient réciter ses arguments et engranger des points". ("I don't want to see this meeting turn into political theater, with each side simply reciting talking points and trying to score political points".)
De même, afin de mieux s’assurer de la conduite du débat, la Maison Blanche a annoncé dès ce matin un nouveau projet de loi, de 950 milliards, réunissant les principaux éléments des propositions pour l’heure bloquées à la Chambre et au Sénat et sur lesquels un consensus pourrait être trouvé. Et aussi pour permettre aux assurés de trouver dans le futur des assurances abordables et de soutenir une autorité gouvernementale qui contrôlerait des hausses de cotisations abusives.
Et évidemment, face à ce qu'ils dénoncent comme un coup de force présidentiel - qui ne comprend pas cependant le retour de la public option - les Républicains hurlent à la manip' et disent que cela inaugure bien mal de la rencontre de jeudi!
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