Il serait stupide de prétendre avoir compris en si peu de temps l'Algérie, ses mystères, ses problèmes, ses richesses. Mais un coup d'oeil quand même à cette ville envoûtante, et une oreille attentive aux propos très intéressants du Président Bouteflika et de son Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ça valait la peine.
L'Algérie nous renvoie tellement à notre propre histoire que je suis impatiente de visiter la Kasbah, Bab el Oued, l'ancienne place du Forum, aujourd'hui siège du palais du gouvernement, l'ancien hôtel Saint-Georges, autant de noms qui ont rythmé ma jeunesse à l'écoute de la radio. Mais j'ai l'impression que je suis de l'ancienne génération, celle qui a eu pour l'Algérie des passions fortes, quelqu'en soit le sens. Tandis que pour la génération d'après (celle née après l'Indépendance et qui va donc déjà avoir 50 ans!) et a fortiori la plus jeune, tout cela est de l'histoire ancienne - comme quand, dans ma jeunesse, on me parlait de la guerre de 14...
Bouteflika et son Premier ministre sont plus préoccupés évidemment des gros sujets d'aujourd'hui, de la richesse - hélas pour le pays - presque exclusivement liée aux hydro carbures - des programmes sociaux, du passé encore frais de la tourmente islamiste qui mit le pays à feu et à sang il y a dix ans, du rôle de la religion, des attentes des citoyens, de leurs frustrations ou de leurs résistance parfois au changement, de leur regard sur l'étranger, le Moyen Orient notamment, grâce à la forêt de paraboles sur les immeubles, des relations avec le Maroc voisin qui s'apaisent.
La France, pour les anciens, reste parfois un sujet de fascination-répulsion, mais pour les autres, n'est pas vraiment de nature différente de l'Espagne ou de l'Italie. Même si l'Algérie reste le premier pays francophone après la France dit fièrement Bouteflika, et même si les dirigeants restent très attentifs et informés de ce qui s'y passe (des grèves de ces dernières semaines au remaniement à venir ou à la loi sur la burqa).
Alger la blanche: on me l'avait tellement décrite... En fait, c'est la ville coloniale et ses immeubles du début du XXème siècle, de 1930 ou 50 qui entourent le bord de mer et le centre ville. Avec sa baie majestueuse. Blanc aux volets et stores bleus, cet ensemble même fatigué et rongé par les ans et le sel de la mer donne un charme fou à cette ville qui rappelle tant les villes françaises.
Bab el Oued, l'ancien quartier pied-noir et le palais du gouvernement, avec le fameux balcon d'où le général de Gaulle lança son fameux "je vous ai compris" si ambigu. Il me paraît tout petit, ce balcon qui dans les images noires et blanches de mon enfance surplombait majestueusement une place qui me paraissait immense, le Forum, où venaient manifester si bryamment les partisans de l'Algérie française.
Tout cela est incroyablement vivant, trop peut-être avec des embouteillages invraisemblables de voitures dans des rues trop étroites.
La Kasbah est une splendeur. Alger est un piton, la ville ancienne, un temps ottomane, descendait en escaliers jusqu'à la mer, avant que les immeubles de la colonisation ne la ceinturent. En marchant sur ces pavés et en descendant ces escaliers de la Kasbah, en voyant ces terrasses qui communiquent d'un immeuble à l'autre, on comprend comment la bataille de rue était impossible et la solidarité des habitants (les femmes ont joué un rôle très actif dans l'Indépendance) totale contre le colonisateur qu'était la France.
Mais là aussi, c'est de la vieille histoire et le jeune architecte de la ville aime mieux me faire admirer les encorbellements typiques de l'architecture algéroise, me montrer les quartiers de la ville qui datent du XIème siècle, puis l'influence des Turcs au XVème, me vanter les restaurations si difficiles à faire dans une vieille ville pleine comme un oeuf, que me parler de la Bataille d'Alger.
Soleil, douceur, charme, 24 heures dans la vie d'Alger, ville prenante où j'ai hâte de revenir.
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