Je
repars de NY après y av0ir passé deux jours. Un peu de déplacement officiel, un
peu de week-end privé. Froid, vraiment froid avec le fameux vent new yorkais.
Inquiétude
réélle. Peu de monde dans les magasins malgré les soldes et les démarques
à 70% (ici on a le droit de vendre à perte).
Dans
le grand magasin ultra chic du centre de New York, Saks, le rayon fourrure
bradait ses manteaux, mais le chaland y semblait indifférent, et les peaux de
bêtes s’alignaient sur les les porte-manteaux en rangs serrés comme autant de
reproches de Brigitte Bardot - ou de ceux que j’aime mieux, de WWF. Je me suis
contentée d’acheter un rouge à lèvres… !
Les
restaurants restent pleins et bruyants, mais Michael Bloomberg – le maire de la
ville - annonce qu'il va
liciencier 20.000 employés municipaux…
Quelques
conversations pessimistes autour d'un verre : les gens s’attendent - comme
Obama le dit lui-même à une aggravation de la situation pour 2009, à une
contraction du nombre de banques (elles sont 8000 aux Etats-Unis et un quart,
dit-on, va disparaître), à des faillites de nombreuses entreprises, et donc à
une augmentation en masse du chômage. 800 milliards de $ déversés dans
l’économie pour une relance budgétaire risquent de s’engloutir comme eau dans
le sable, si on ne rétablit pas la confiance et si les banques continuent de
stopper tout crédit, aux personnes ou aux entreprises qui se retrouvent asphyxiées.
Pas gai…
Pour se
changer les idées, petit tour dans les galeries d’art contemporain de NYC,
(pour le plaisir des yeux, comme on dit au Maroc).
Je
remarque que la culture est partout le remède à la crise, ou son dérivatif,
comme on voudra. Jog (et beaucoup d’autres) était aux Folles Journées de Nantes
– sans écouter le Bach qu’il voulait. Mes enfants (et beaucoup d’autres ! ) faisaient la nuit dernière la queue au Grand Palais entre minuit et deux heures
du matin pour voir cette magnifique exposition dont je vous avais déjà parlé, "Picasso et les maîtres", qui se clôt dans la fièvre après avoir accueuilli
700.000 visiteurs.
Dans
Chelsea donc,entre la 19 ème et la 26ème rue, et entre la 10 ème et la 11ème avenue, se trouvent près de 50 galeries d’art
qui se touchent, côte à côte. Ce sont les anciens entrepôts près de l’Hudson
River, reconvertis en beaux et grands espaces de béton aux murs blancs, où
s’exposent le pire et le meilleur de la création contemporaine.
Visiblement
les créateurs et les galeristes n’ont encore pas intégré que la crise est là, car les prix
restent des prix de malades. Ces galeries vont déchanter vite. Les yuppies new
yorkais, les traders qui gagnaient plusieurs centaines de millions de $/an, et
ont continué apparemment à toucher des bonus insensés pour 2008 qui ont fait
sortir le nouveau Président de ses gonds, ne vont plus s’acheter n’importe quoi
pour décorer leurs lofts branchés ! Ah, le greed (je mets lesmots anglais en italique maintenant !),
c’est-à-dire l’avidité de certains, n’a pas connu de limites. Peut-être le
temps de la morale est revenu, de force, mais c’est déjà cela.
J’ai
demandé les prix - just for fun - et me suis étranglée : le moindre
tableau de 30cm/30cm, même pas beau (« beau » étant évidemment
un critère subjectif. Pour moi, une œuvre d’art est belle si elle déclenche une
émotion, mon émotion): pas moins de 50.000 dollars. Des tableaux d’Indiana, le
créateur du fameux LOVE avec le « o » de biais, et reconverti dans le
HOPE de même facture et davantage dans l’air du temps : 300.000 dollars…
Des lithos de Warhol, certes, mais des lithos quand même, entre 90.000 et
150.000 dollars ! Des photos d’icebergs noirs et blancs, certaines très
belles, mais quand même…6000 dollars… Seules les affiches du MoMa (museum of
Modern Art) restent à moins de 100 dollars… !
Certaines
choses, assez réussies, cela dit, des sculptures ou des meubles en bronze
notamment. D’autres franchement horribles : des mannequins d’hommes ou
femmes (comme ceux qu’ont voit tous les jours dans les vitrines des magasins de
fringues), mais en latex ondulé, tout au long du corps nu… Ou des
boules-ballons géants, posés à même le sol, avec des visages peints, forcément
déformés, à donner des cauchemars si on les croise dans son salon, la
nuit !
Je ne
veux pas verser dans le conservatisme des gens frileux qui disent de l’art
contemporain « mon Dieu quelle horreur, mon fils fait la même chose en
troisième année de maternelle » ! De Modigliani à Picasso, on a trop
entendu ce discours. Mais pas question de verser non plus dans le
« go-goïsme « (pardon pour le néologisme) des snobs, qui de
peur de se tromper désormais, se pâment sur toute forme d’art pourvu qu’il soit
contemporain.
Pas eu le
temps de trouver de jeunes artistes qui démarrent, qui ont sûrement des prix abordables
et un grand besoin d’encouragement avant d’accéder au niveau des galeries. Il
faudrait aller dans les ateliers d’artistes et non dans ces galeries à
branchées et friquées qui ne vont
pas toutes survivre…
A part
cela, NYC reste NYC : rues défoncées (ah les services publics de la
voirie !), taxis déglingués roulant à fond de train quand le trafic le
permet. Une circulation d’enfer sinon, même à minuit. La pollution des pots
d’échappement mal réglés qui feraient presque rêver du périph’ parisien !… Mais une
vie, une jeunesse étudiante, une mixité, une trépidation qui font de NY une des
villes les plus excitantes du monde, mais de laquelle on n’est pas fâché de
repartir pour retrouver dans les trois heures de train qui nous attendent, le
calme et l’air plus pur de Washington. Un train, l’Acela, « rapide »
pourtant, mais rien à voir avec les TGV : il secoue comme les vieillles
locos d’autrefois (je fais une faute de frappe toutes les lignes en écrivant ce
post, et viens de manquer de renverser mon coca - light of course! - sur mon clavier) , il est un peu vieillot, et pas si rapide que cela : 2h50, voire 3h
pour faire NY/Washington, moins éloignées que Paris de Lyon. Une heure de plus
pour faire 100kms de moins…
Quand je
vous disais que la technologie laissait à désirer dans ce pays où l’on pense
que tout est à la pointe de la modernité… ! Les gares et les métros
fatigués, sont moins attrayants que le dernier né des produits d’Apple !
Parce qu’ici on a plus la culture de l’innovation que celle de la préservation
et de l’entretien. N’est-ce pas Yul, Julie, Laurence, Brigitte, Sylvain, Elyas
23 et les autres ???
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