Avis de coup de vent passager ou tempête durable?
C’est la question que se posent tous les medias aujourd'hui à la lueur des derniers sondages, mais aussi des dernières déclarations du porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.
Les sondages, d’abord, qui continuent de baisser autant pour Obama que pour sa gestion du pays. En effet, selon l’étude Washington Post/ABC News publiée mardi, 58% des Américains interrogés déclarent désormais avoir "peu ou pas du tout confiance en leur Président pour prendre les bonnes décisions pour l’avenir de leur pays". De même, 54% des sondés disent désapprouver la politique économique d’Obama – le dossier-phare cette administration.
Autre mauvaise tendance pour la Maison Blanche : les grands projets pour lesquels elle se bat sont loin de trouver un écho favorable parmi les électeurs.
Un exemple : le très polémique débat de l’immigration et de la loi prise par l’Etat d’Arizona pour renforcer les contrôles. Alors que l’administration Obama vient de porter le dossier en justice, un autre sondage, de l’Institut Gallup cette fois révèle que la majorité des citoyens américains approuvent le durcissement pris par le Congrès d’Arizona, et surtout, désapprouvent la tentative de barrage entreprise par le Département de la Justice.
Ils sont incroyables ces Américains: ils votent pour un président Noir, mais à la première loi d'un Etat qui institue le "délit de sale gueule", ils applaudissent!
Ainsi, en à peine 18 mois, l’Obamania a vécue, s'est retournée (car il faut rappeler qu’ils étaient jadis plus 60% à apporter leur confiance au nouveau président élu) et le souffle d’espoir a laissé place à des relents de mécontentement et d’impatience – savamment entretenus, voire alimentés par des Républicains parfois déchaînés. Mais c'est le lot de tous ceux qui gouvernent ou presque. Sauf Merkel qui, bien qu'au pouvoir, a gagné les élections, mais qui est quand même assez mal en point.
Cela dit, il n’est pas sûr que la stratégie d’opposition systématique menée par le Vieux Grand Parti (GOP) soit payante. Car les Américains, Démocrates ou Républicains, ne font plus confiance à leurs élus, et si 68% des interrogés disent ne pas faire confiance à leurs élus démocrates, ils sont 72% à penser que les Républicains ne font et ne feraient pas mieux. Bien vu.
Et patatras, la dessus, Robert Gibbs vint. Ses déclarations, à lui, le porte-parole de la Maison Blanche, ont fait grand bruit.
Il a effectivement concédé, dimanche, que les Démocrates risquaient fortement de perdre la Chambre des Représentants lors des élections de novembre prochain : "Je pense qu’il n’y a pas de doute sur le fait qu’il a plusieurs sièges en balance qui risqueraient de basculer dans le camp des Républicains et leur permettre de regagner le contrôle (de la Chambre). Il n’y a aucun doute là-dessus."
("I think there's no doubt there are enough seats in play that could cause Republicans to gain control. There's no doubt about that.)
Des paroles qui ont déclenché un vive contre-feu dans le clan démocrate, agacé par cet aveu malvenu. "On peut prendre acte des mauvaises tendances et décourager les Démocrates ou les constater mais au contraire, encourager les siens. Devinez quel choix a fait Mr. Gibbs ?", s’encolère un élu démocrate. ("It’s the difference between stating the obvious and disheartening Democrats and stating the obvious and emboldening Democrats. ‘Guess which he did?”)
Un autre lâche que si ça continue, ils enverront leurs demandes de soutien à leurs partisans avec ce slogan : "la Maison Blanche nous jette sous le bus. S’il vous plaît envoyez-nous de l’argent !" (‘The White House just threw us under the bus. Please send money.’)
La colère était telle que Robert Gibbs a dû revenir sur ses déclarations pour les expliquer, hier, devant les journalistes rassemblés pour la conférence de presse quotidienne. Et aujourd’hui, c’est Barack Obama en personne qui a invité à déjeuner les principaux leaders de son parti à la Maison Blanche afin de leur réaffirmer son soutien.
Infortunées ou regrettables, les réactions d’angoisse et le courroux qu’ont déclenché ces simples paroles en disent plus que les propos eux-mêmes. Faut dire que cela fait désordre... Même si ça fait du bien pour une fois qu'on ne vous dise pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes quand ce monde justement vacille. Mais c'est vrai qu'on a connu plus réconfortant!
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