Barack Obama, porté aux nues comme un demi-dieu il y a vingt deux mois, est devenu "Mister Unpopular", tel que le titrait le magazine Time cette semaine.
Pourra-t-il renverser la tendance et permettre à son camp de conserver sa majorité au Congrès le 2 novembre prochain? C'est la question du moment depuis mardi et la publication d’une nouvelle série de sondages de plus en plus défavorables aux Démocrates.
La cote du président, toujours en baisse, est loin d’être un signe de bon augure. Hier, selon le dernier sondage ABC-Washington Post, plus d’un Américain interrogé sur deux désapprouve la politique de Barack Obama (52% contre 46%), notamment en matière d'économie et plus particulièrement concernant sa gestion du déficit (avec, respectivement, 57% et 58% d'avis défavorables).
Si bien que les élus démocrates de la Chambre et du Sénat se demandent désormais comment la Maison Blanche, qui a toujours autant de mal à convaincre sur des décisions prises en tout début de mandat, va pouvoir les aider dans la bataille de novembre. Car l’incompréhension et le mécontentement des Américains envers leur président ne les épargnent pas : les dernières études d’opinion prédisent une victoire des Républicains à la Chambre, mais peut-être même au Sénat. En effet, toujours, selon le même sondage, près de 53% des électeurs déclarent désormais qu’ils voteront républicain (contre 40% seulement pour les Démocrates), soit un écart qu’on n’avait pas vu depuis 1981. Familièrement dit, la tasse.
Selon un autre sondage, cette fois commandé par le Wall Street Journal/ NBC News, quand on interroge, parmi les électeurs, ceux qui ont véritablement l’intention d’aller voter, les Républicains creusent définitivement l’écart, par plus de 9 points (à 49% d’intentions de vote contre 40% pour les Démocrates. Dans le même esprit, les Américains sont désormais plus de 61% à penser que le pays va vers la mauvaise direction, contre 48% il y a un an.
Pour une fois donc, experts politiques et médias semblent être tous d’accord : à mesure que la cote des Républicains progresse, celle des Démocrates, elle, ne cesse de s’effondrer.Pour autant, les démocrates optimistes (il en reste!) disent que la partie n'est pas jouée car si les électeurs sont déçus par leurs représentants démocrates, ils ne sont souvent guère plus satisfaits des élus de l’opposition.
Et si, jusque la, la stratégie de Barack Obama consistait avant tout à aller à la rencontre des électeurs sur le terrain, pour défendre et expliquer sa politique économique, l’heure est aujourd’hui aux coups rendus et à la montée en agressivité.
En effet, pour la première fois depuis le début de cette campagne, Barack Obama cible ses ennemis et les vise sans sourciller.
En meeting dans l’Ohio avant-hier, il a cité pas moins de 8 fois le nom de John Boehner, actuellement chef de la minorité à la Chambre, et qui pourrait en devenir le leader en cas de victoire républicaine : "Il y a quelques semaines, le chef de file des Républicains à la Chambre est venu ici, à Cleveland, (vous) présenter la solution que propose son parti en matière de politique économique. Maintenant, ce serait déjà un grand pas de franchi s’il reconnaissait les erreurs commises par son parti pendant les huit années passées au pouvoir ; s’il admettait qu’ils ont laissé (la situation) filer ; s’il tirait une leçon de ces erreurs et revenait avec une nouvelle approche crédible pour sortir notre pays de la crise.
Mais il n’en est rien. Il n’y a rien de nouveau dans les propositions de M. Boehner. Pas de nouvelles idées, juste la même vieille politique qu’ils ont essayée depuis plus de dix ans lorsqu’ils étaient au pouvoir – cette même politique qui nous a menés (tout droit) à la situation d'aujourd’hui : diminuer les impôts des millionnaires et les règles pour les corporations."
("A few weeks ago, the Republican leader of the House came here to Cleveland and offered his party’s answer to our economic challenges. Now, it would be one thing if he had admitted his party’s mistakes during the eight years that they were in power, if they had gone off for a while and meditated, and come back and offered a credible new approach to solving our country’s problems.
But that’s not what happened. There were no new policies from Mr. Boehner. There were no new ideas. There was just the same philosophy that we had already tried during the decade that they were in power -- the same philosophy that led to this mess in the first place: Cut more taxes for millionaires and cut more rules for corporations.")
A ceux qui prédisent un raz-de-marée républicain sans précédent, le président a donc décidé de monter au créneau et rappelé qu'on a enterré un peu trop tôt la pugnacité, l’esprit de compétition, la formidable machine de guerre que peut représenter un Barack Obama provoqué en pleine campagne.
Reste qu'il a moins de deux mois pour renverser la tendance... Et le tout est de savoir si c'est l'usure normale de celui qui gouverne, la crise qui perdure, ou un rejet réel...
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