Mais cette fois, dans cette ville devenue le symbole de l’engagement américain en matière de politique nucléaire, le meeting public a laissé place à une rencontre au sommet pour transcrire en acte officiel les promesses de 2009. C'est, on l'a vu, le nouvel Obama en politique étrangère: moins de discours, plus d'actes bilatéraux.
Deux jours donc après avoir défini selon lui le cadre d’utilisation de l’arme nucléaire, le Président américain a donc signé avec le Président russe un nouveau traité bilatéral sur la réduction des arsenaux nucléaires ("the new START").
Les deux géants nucléaires, qui possèdent à eux deux 95% des stocks de la planète (!) se sont donc engagés à réduire le nombre de leurs ogives à 1.500 chacun, soit une baisse de 30% par rapport à leur stock actuel.
Cet événement qualifié d'historique - et qui l'est, dans une certaine mesure - vient consacrer des mois de négociations entre les deux Présidents, mais aussi inaugure une nouvelle ère entre les deux pays. Les deux dirigeants espèrent en effet profiter de cette nouvelle connivence pour trouver un terrain d’entente sur des dossiers plus litigieux, tels la question du bouclier anti-missile américain ou l’Iran. Barack Obama a ainsi voulu souligner toute l’ampleur de ce traité : "Je pense qu’il s’agit d’un document extrêmement important qui non seulement relance les relations américano-russes de façon tangible et concrète, mais aussi pose les fondations d’un monde plus sûr pour les générations à venir."
"I think it is an extraordinarily important document that not only has helped to reset in a very concrete and tangible way U.S.-Russian relations, but I think is going to help lay the foundation for a safer world for generations to come."
Conférence de presse BO/Medvedev
Ne soyons pas non plus trop naïfs. Il faut se pencher un instant sur les détails de ce nouvel accord pour voir qu’il ne s’agit là que d’un premier pas et qu’on est évidemment encore très loin de l'espoir exprimé il y a un an par Barack Obama, d’un monde sans nucléaire ( Le "I have a dream" de BO, en quelque sorte).Concernant le plafond des 1.500 ogives, précisons qu’il s’agit là du nombre d’armes ‘déployées’, c’est à dire celles qui sont installées et prêtes à être lancées. Autrement dit, rien n’empêche les deux pays d’accumuler et de stocker des armes à nu, sans en équiper encore leurs bombardiers ou leurs sous-marins.
En outre, les experts souligneront qu’il n’y a dans l'accord aucune indication quant aux recherches sur l’amélioration de la capacité de frappe de ces têtes nucléaires ou l’augmentation en puissance que chacun pourrait y gagner. D'ailleurs, aux Etats-Unis, les Sénateurs républicains font pression pour que des fonds supplémentaires soient alloués à la recherche et au développement d’une nouvelle génération d’armes nucléaires.
Enfin, pour entrer en vigueur, le texte doit être ratifié par les parlements des deux pays. Obama s’est montré confiant sur la question mais il faut rappeler que pour les traités internationaux, le président doit obtenir le vote des deux tiers du Sénat, soit 67 voix. Il reste que les majorités en politique étrangère sont plus facilement obtenues en politique étrangère qu'en politique intérieure.
Pour autant, la rencontre d’aujourd’hui constitue une avancée plus que symbolique en matière de sécurité et politique nucléaire. Car ce traité est porteur d’un message et d’une volonté : en réduisant son arsenal et encadrant le recours à la frappe nucléaire, les Etats-Unis entendent donner l’exemple, et par la même occasion, dégager un nouveau champ d’action pour mieux imposer un renforcement des contrôles et des sanctions dans le dossier iranien qui sera débattu dès lundi prochain lors du Conseil de sécurité international à Washington.
Succès à l'intérieur, succès à l'extérieur, ces dernières semaines forment une bonne séquence politique pour le Président Obama.
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