Revenons d'abord un instant sur la polémique sur "Obama a-t-il trop attendu avant de réagir" car elle fait rage entre Républicains et Démocrates.
Ces derniers ne se privant pas de rappeler, comme je le disais dans mon post d'hier, les atermoiements de Bush avant de s'exprimer sur l'attentat manqué de Richard Reid quelques mois après de le 11 septembre. Mais ni la presse ni l’opposition, en l’occurrence les Démocrates eux-mêmes, ne s’étaient offusqués de ce délai. A l'époque donc, pas de remise en cause des capacités de Bush à gouverner : si l’histoire était semblable, les réactions étaient donc bien différentes car devant la menace évitée de justesse, les politiques avaient choisi la voix de l’unité.
Aussi devant la férocité des Républicains qui ne cessent de jouer de la peur et du sentiment d’insécurité aujourd'hui, c’est de ce contraste de situation entre les deux lendemains que les Démocrates ont choisi de s’emparer.
En attendant rapports et analyses, l’argument de la différence est donc devenu le centre de leur argumentation : le porte-parole de la Maison Blanche comme celui du parti démocrate s’efforcent donc de démontrer l’hypocrisie de leurs adversaires, affirmant qu’ils ont trouvé dans cet incident une nouvelle opportunité pour polémiquer "and playing politics with issues of national security and terrorism".
Deux poids, deux mesures donc, qu’aucun Républicain n’est évidemment prêt à reconnaître.
Mais alors que le mot d’ordre à la Maison Blanche est de replacer l’opposition devant son passé et surtout, devant sa propre responsabilité, Barack Obama a tenu à recadrer l’attention de tous sur la véritable source d’inquiétude et de danger qu’a révélé cet incident.
Pour la première fois depuis l'attentat du 25 décembre, Obama s’est exprimé de manière directe et tranchée.
Il a d’abord tenu à rappeler à tous que "les Etats-Unis était en guerre contre un vaste réseau de violence et de haine et qu’ils étaient prêts à faire tout ce qu’il faudra pour le vaincre".
Aux Américains, après avoir fait la liste de l’ensemble de ses actions depuis la nouvelle de la tentative d’attentat, il a affirmé qu’il n’avait cessé de lutter contre les réseaux terroristes depuis son arrivée au pouvoir, en renforçant la pression sur les forces d’Al Qaida en Afghanistan ou sur leurs réseaux financiers au Yémen et en Afrique de l'Est.
"It's why I refocused the fight-bringing to a responsible end the war in Iraq, which had nothing to do with the 9/11 attacks, and dramatically increasing our resources in the region where al Qaeda is actually based, in Afghanistan and Pakistan. It's why I've set a clear and achievable mission to disrupt, dismantle and defeat al Qaeda and its extremist allies and prevent their return to either country." Traduisez: "Voilà pourquoi j'ai recentré notre action vers la fin de la guerre en Irak (qui n'avait rien à voir avec le 11 septembre) et vers un renforcement significatif de nos forces en Afghanistan et au Pakistan où Al Qaida est basé. Et voilà pourquoi j'ai clairement assigné à notre mission de harceler, démanteler et détruire Al Qaida et ses alliés extrémistes en évitant leur retour dans chacun de ces pays".
Aux Républicains, il a demandé moins de cynisme et de division, soulignant que c’est dans des moments pareils que le pays avait besoin d’unité. "Instead of succumbing to partisanship and division, let's summon the unity that this moment demands. Let's work together, with a seriousness of purpose, to do what must be done to keep our country safe."
L'allocution de BO samedi matin
Deux messages donc, l'un pour réfuter les accusations de faiblesse, l'autre pour pointer du doigt les diviseurs. Il aura fort à faire pour faire passer les deux messages. Celui de sa faiblesse - "n'est-il pas un nouveau Jimmy Carter?" entend-on ici ou là - est déjà bien répandu dans les sphères gouvernementales françaises...
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