" Deux ou trois choses vues d'Amérique "

Hyper présence sans hyper présidence

Comment Obama gouverne-t-il?
David Brooks dans le NYT aujourd'hui pose la question à propos de la réforme du système de santé. Très intéressant article (à part un titre à la référence footballistique qui m'échappe!).

David Brooks dans le NYT

Il fait le parallèle que dressait déjà hier le WaPo sur la démarche différente qu'emprunte Obama par rapport à celle de Bill et Hillary Clinton quand ils ont voulu s'attaquer à cette même réforme de santé, il y a plus de 10 ans et qu'ils ont alors rencontré un échec retentissant.
Sous les Clinton l'impulsion venait de la Maison Blanche. Sous Obama, les réformes (stimulus ou health cae) passeront sans conteste par le Congrès.
Il en tire une conclusion - bien qu'admirative - que la cohérence est plus grande quand cela vient du sommet, mais qu'on risque l'échec. Tandis que la réussite passe par la démarche bottom/up, au risque d'un mêli-mélo parfois sans grande substance.

Cela m'amène à l'intéressante question sur la façon de gouverner dans un régime présidentiel (qui ne survit d'ailleurs ici que par la négociation permanente avec le Congrès). Vaut-il mieux avoir raison et aller plus loin, mais risquer l'impuissance, ou négocier quitte à voir les ambitions rabattues?
En tous cas, même si Obama est incroyablement présent, médiatiquement, tous les jours, il partage le pouvoir avec ce qui fait l'équilibre des pouvoirs dans une démocratie: le Parlement.
Hyper présence sans hyper présidence... Un exemple?

Michael, Madoff et Hénin Beaumont

Rien, vraiment rien ne rapproche ces trois événements, sinon les dernières dépêches qui tombent...

Michael Jackson est une énigme même dans la mort. La polémique continue sur ce qui a causé son décès, sans doute des médicaments sur un corps épuisé par l'anorexie et les traitements chimiques.

Madoff vient d'être condamné à 150 ans de prison. Quel sens a une peine de plus de 20 ans pour un homme de 71 ans? Il reste qu'à l'escroquerie du siècle devait répondre une peine à sa mesure...

Quant à Hénin Beaumont, un FN à presque 40%! La politique française est en mauvais état.
Il n'y aura sans doute pas de triangulaire.
Tout le monde appelle à faire barrage à Marine Le Pen.
Sur Yahoo, j'ai cependant trouvé cette déclaration étonnante de Valérie Pécresse:

"La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a affirmé quant à elle que si elle était électrice à Hénin-Beaumont, elle n'irait pas voter dimanche prochain."Je serais à Hénin-Beaumont, je serais totalement dégoûtée. Comment voulez-vous choisir entre une gauche qui a été condamnée pour détournement de fonds et le Front national? (...) Je crois que je n'irais pas voter", a-t-elle dit sur RMC et BFM TV."

Le FN est-il à ce point banalisé?

Dépister, disent-ils...

Toujours dans la suite du débat sur la santé, les Obamas, Barack & Michelle, se sont investis tous les deux dans la lutte contre le sida, hier, a l'occasion du National HIV Testing Day.

La White House a posté une video, montrant le President et la First Lady, effectuant le test de dépistage et rappelant qu'aux Etats-Unis, "one of our fellow citizens becomes infected with HIV every nine-and-a-half minutes".
(http://www.whitehouse.gov/blog/GetTested)

Là où ses prédécesseurs se contentaient d'une déclaration officielle, Obama a de nouveau choisi l'image et le geste symbolique pour faire passer son message.
"I urge Americans to take control of their own health - and protect those they love - by getting tested for HIV and working to reduce HIV transmission.
Despite advances in treatment, HIV remains a major threat to the health of our nation. While its impacts are not evenly spread - infection rates are particularly high among gay and bisexual men, African Americans and Latinos - (...) the epidemic affects all Americans."

Tout cela est fort bien, mais j'ai circulé hier dans DC et n'ai vu aucune camionette de dépistage et la Maison Blanche n'aurait pas alerté l'opinion et la presse, je serais passée complètement à côté!

Les EU sont loin d'offrir le réseau de prévention mis en place en France: les centres de dépistages gratuits sont peu nombreux, voire même rares, quand on y ajoute la condition d'anonymat.
Pour DC, il n'y a que 5 cliniques je crois qui assurent des "free tests" (et encore, ce n'est pas tout à fait gratuit car pour toutes, une "donation [est] requested" et seul un centre n'exige pas de montant minimum).

Encore une fois, il reste beaucoup faire en matière de prévention dans un pays où, en plus, la volonté politique, essentielle dans cette bataille, varie d'État en Etat...

Le nouveau grand défi d'Obama: le "health care plan"

Le système de santé publique américain marche sur la tête, ou plutôt, en exclut tant de gens, qu'il est l'un des plus injustes qui soient.
BO s'y attelle. Il y a ceux qui inévitablement vont hurler au système trop "socialiste" et trop étatisé.
Il y a ceux qui lui reprochent déjà une trop grande timidité, comme Paul Krugman aujourd'hui dans le New York Times:
Paul Krugman

Si j'ai bien compris - sans entrer dans les détails du plan de réforme de santé tel qu'il est envisagé - la position des "libéraux" est de dire: attention de ne pas faire comme avec le "stimulus plan", de chercher la voie médiane, et risquer de passer à côté de la vraie réforme, en risquant d'avoir à emprunter plus tard un chemin plus douloureux que celui d'aujourd'hui.

C'est un vieux débat entre ceux qui ont la charge de l'Etat, c'est-à-dire de faire voter et aboutir une politique et ceux qui ont la charge de conseiller, et qui peuvent se permettre d'être jusqu'aboutiste.
Je suis vraiment incapable de juger sur pièces car je ne suis pas spécialiste et comprends mal les complexités de ce fichu système de santé américain. Ceux qui comprennent mieux que moi sont les bienvenus à s'exprimer sur le sujet: Obama est-il trop timide ou pas? est-il à ce point évident ce qu'il faut faire?

Juste une toute petite expérience personnelle du jour:  je suis allée aujourd'hui faire une banale analyse de contrôle dans un laboratoire, analyse requise par mon médecin parisien. La même, faite il y a 10 jours à Paris, coûtait 25 euros (sans carte vitale). J'ai dû débourser aujourd'hui...250$! Je dois reconnaître que j'y suis allée de moi même, avec une ordonnance d'un médecin hospitalier parisien dont ils se moquent, sans ordonnance d'un médecin agréé par le plan de santé de mon époux qui  couvre de fait 80% des dépenses. D'accord. Et cette analyse fut luxueuse et dispendieuse, car j'aurais dû prendre des précautions, prendre rendez vous avec le médecin agréé par le FMI et le laboratoire itou. OK. Je suis nulle et j'ai voulu faire simple et vite.
Il reste qu'on voit bien que les Américains correctement couverts par les plans de santé privés de leurs entreprises si elles sont généreuses, ca va. Pour les autres, c'est la ruine ou l'absence totale de prévention.

Cela dit, c'est le vrai sujet du jour. Quelque nostalgie que nous ayions tous de "Thriller" des danses saccadées de Michael Jackson, de cette pop music qui marqua toute une génération dont la mienne, et à laquelle Obama a rendu un hommage rapide, plus que léger. Cette fois, ce n'est pas la com' qui a primé sur le fond.

Michael Jackson est mort

18h30 heure de la Côte Est: selon tous les médias américains qui le confirment, Michael Jackson serait mort aujourd'hui a 50 ans - 50 ans! - d'une crise cardiaque.
Il fut un phénomène, probablement le plus grand phénomène de la pop music de la fin du XXème siècle, et nul doute que cette disparition va causer un émoi profond chez les fans de ce homme au comportement, à la voix et au physique étrange...

Back in DC

Bonjour à tous de Washington où je suis arrivée tout à l'heure.
Un certain plaisir à retrouver ce qui est devenu my second home.
L'impression bizarre dont on a déjà souvent parlé sur ce blog de se demander si on est bien chez soi alors qu'on a quitté le matin même son chez soi...

Un moindre plaisir à retrouver la bonne grosse chaleur humide de DC, la clim en panne dans le bureau, les hortensias qui ont grillé au soleil, la télé qui a dû exploser avec les gros orages qui ont éclaté ici ces derniers temps. Bref, tout l'agrément de retrouver une maison où je n'étais pas depuis un mois!

Je ne sais pas encore grand chose de ce qui se dit ici à part le dramatique accident de métro, la conférence de presse d'Obama qui durcit le ton sans le durcir sur l'Iran, et...parce que les nouvelles de France nous poursuivent, le remaniement gouvernemental de Sarkozy (il faut désormais en effet parler du gouvernement  Sarkozy puisque la séance d'hier à Versailles a signé - tous les commentaterus sont d'accord sur le sujet - l'acte de décès du Premier ministre pour la première fois dans  la Vème République).
A peine descendu d'avion qu'on apprenait que l'événement majeur en terme d'image était l'arrivée de Frédéric Mitterrand au ministère de la Culture. Joli coup politique, le nom du susdit étant censé troubler la gauche, dont Frédéric Mitterrand disait cependant lui-même ne plus faire partie depus un long moment.

On apprend aussi que Rama Yade a été punie: passer des Droits de l'Homme au remplacement de Bernard Laporte est quand même, quelque passion qu'on ait pour le sport, une limitation de son terrain d'action. Une chose m'étonne toujours: pour quelle raison accepte-t-on d'être mis au coin? On peut toujours dire non, n'est-ce-pas? Mais sans doute me trompé-je et la belle Rama Yade a-t-elle fait savoir à Sarko que Aung San Suu Kyi c'est bien, mais l'OM avec Dassier c'est mieux! Mais oui, bien sûr, c'est cela, suis-je bête!

Mais je m'égare... Un peu de récupération de jet lag et je vous rebranche avec la vie américaine!

L'Iran s'enflamme, certes, mais n'oublions pas le Father's Day !

On ne nous épargne rien sur cette Fête des Pères!
On sait que Barack Obama a profité  du week-end pour savourer une "Father’s Day cup of vanilla custard topped with hot fudge and toasted almonds" (mmmm!).
Quant à Michelle qui est à San Francisco aujourd'hui pour la National Conference on Volunteering a fait hier sa part de boulot dans la célébration du Father's Day - which is "not just any day [...] but a moment to celebrate responsible fatherhood and the men who've had the courage to step up, be there for our families, and provide our children with the guidance, love and support they need to fulfill their dreams."

Elle est revenue, of course, sur son Super BO de mari, who "has always been determined to give our daughters what he never had, and he values being a good father more than any other accomplishment in his life."
Ainsi que sur son Dad, version"mon père, ce héros": "My father...was the rock of our family. Although he was diagnosed with multiple sclerosis in his early thirties, he was our provider, our champion and our hero"
Bref, de quoi seduire les lectrices de Femme Actuelle version US... Rien à envier...

L'Iran en ébullition tandis qu'Obama marche sur des oeufs

Encore une journée de manifestations aujourd'hui et d'affrontements entre les manifestants et la police, après le discours très dur de Khamenei d'hier menaçant les manifestants d'un bain de sang dont ils seraient les responsables.
Et Barack Obama alterne extrême prudence et condamnations.

On le voit bien dans l'interview donnée à CBS
Obama et l'Iran sur CBS
1) Attention de ne pas donner d'arguments au pouvoir iranien "the last thing that I want to do is to have the United States be a foil for those forces inside Iran who would love nothing better than to make this an argument about the United States.  That's what they do.  That's what we're already seeing.  We shouldn't be playing into that.  There should be no distractions from the fact that the Iranian people are seeking to let their voices be heard"
2) C'est le problème de l'Iran et de lui seul"this is not an issue of the United States or the West versus Iran; this is an issue of the Iranian people"
3) Mais il ajoute et avertit  "the world is watching"

On le voit bien aussi avec le communiqué de ce samedi où il durcit apparemment le ton après la répression violente d'aujourd'hui: Barack Obama a qualifié la réaction du gouvernement de  “violent and unjust,” et, citant Martin Luther King a de nouveau averti que le monde entier regardait ce qui se passait à Téhéran.
“We mourn each and every innocent life that is lost,” he said, adding: “Suppressing ideas never succeeds in making them go away. The Iranian people will ultimately judge the actions of their own government. If the Iranian government seeks the respect of the international community, it must respect the dignity of its own people and govern through consent, not coercion.“Martin Luther King once said: ‘The arc of the moral universe is long, but it bends toward justice.’ ” I believe that. The international community believes that. And right now, we are bearing witness to the Iranian peoples’ belief in that truth, and we will continue to bear witness.”

Comme l'explique le NY Times, la Maison Blanche résiste aux réactions passionnelles:
La Maison Blanche résiste aux appels à une plus grande fermeté
Mais combien de temps cette situation peut-elle durer? Là-bas d'abord, et ici en Occident?

Samarcande et Boukkhara

Deux noms magiques. La réalité l'est tout autant, ce qui n'est pas toujours le cas des lieux qu'on dit mythiques et qui peuvent décevoir.

Samarcande est un bijou, une merveille des XIVème  et XVème siècles. Je publierai des photos un autre jour, car de Tachkent ce soir, la connexion n'est pas facile.

Oui, bien sûr Jog, Michèle, c'est la ville de Tamerlan - Timur en Ousbek - qui fit de son règne, un moment de conquêtes et de créations architecturales grandioses.
Les mosquées, les madrassas (écoles coraniques), les minarets sont à tomber de beauté, briques, mosaiques et dômes turquoises mêlés. Beaucoup de restauration dues aux tremblements de terre fréquents dans la région, aux invasions, au régime communiste qui négligea ces vestiges d'art islamique. Mais le résultat est grandiose. Beaucoup de sites dispersés dans une ville banale, malheureusement.
Visite aussi de ce qui reste du laboratoire d'Ulough Begh, astronome du XVème siècle dont  moi, j'ignorais tout, mais apparemment de la taille de Galilée ou Copernic.

Puis, envol pour Boukkhara, autre cité à la fois plus ancienne mais contemporaine aussi de Samarcande. Autre charme, immense, qui tient à la ville elle-même, plus protégée et plus homogène que Samarcande. Comme une immense forteresse de briques pâles avec aussi ses espaces de mosquées si apaisantes, d'écoles, de minarets.

Quelques centaines de mètres sur la route de la soie, en songeant aux caravanes, aux marchands, aux étoffes précieuses. J'aime ces lieux qui permettent l'évocation, l'imaginaire...

L'Asie centrale est une réalité géographique, géopolitique et culturelle évidente. Plus tout à fait l'Orient, pas encore l'Extrême Orient, dans l'architecture, la musique, les danses, les costumes. Sans compter une hospitalité bienveillante et chaleureuse.
Oui, j'ai de la chance d'avoir vécu ce voyage dont je ne vous ai donné que de maigres aperçus et  cette journée dans ces lieux d'histoire et d'avoir eu la possibilité de mettre une réalité concrète derriere ces Stans qui déroutent tellement les élèves des cours de géographie.

Départ à l'aube demain pour Paris dont j'ai perdu un peu le fil et bientôt à Washington où je ne sais plus du tout ce qui se passe!!

de Tachkent à Samarcande

Pas ou peu d'internet depuis le Khirgyztan. Demain, visite de Samarcande et Boukhara, deux villes de mystere et de reve. Je vous raconterai à mon retour les cahrmes et les mystères de l'Asie Centrale. A tres vite