On a souvent dit que les Américains s’intéressaient peu à la politique étrangère.
Mais quand un Président s’envole pour une tournée de dix jours à l’autre bout du monde après une défaite électorale qui s’est jouée presque exclusivement sur la politique économique et l’emploi, le désintérêt habituel vire rapidement à l’incompréhension.
Avec ce voyage, les conseillers de Barack Obama pensaient pouvoir échapper un temps à la pression de la politique intérieure et faire revenir un président revigoré par ses succès à l’étranger. Raté…
En effet, sur les dossiers nationaux comme internationaux, le message des Américains à leur Président est qu’après les discours et les réformes, le temps est aux résultats. Et à lire les journaux en ce début de semaine, on comprend que Barack Obama ne rentre pas au pays avec les résultats escomptés.
Si l’Inde et ses $10 milliards de contrats avaient constitué un premier arrêt prometteur, le reste du voyage n’a pas été aussi fructueux. En effet, son séjour en Indonésie s’est révélé plus personnel que commercial, le Président américain se contentant de partager ses souvenirs d’enfance avec des étudiants conquis et n’appelant qu’à un simple partenariat renouvelé et approfondi avec l’Indonésie.
Arrivé en Corée du Sud avant le sommet du G-20, Barack Obama n’a pas réussi à trouver un accord avec son homologue sud-coréen sur le pacte de libre-échange qu’il espérait conclure enfin – un pacte qui, selon les estimations américaines, aurait rapporté $10 milliards par an dans la balance commerciale américaine et créé 70.000 emplois aux Etats-Unis. Un échec crûment analysé par la presse américaine qui titrait le lendemain sur les limites d’un président affaibli ("Obama, weakened after midterms, reveals limited leverage in failed S. Korea deal").
Le lendemain, à Séoul, le G-20 s’est conclu sur des accords a minima en matière de politique monétaire et Barack Obama, qui s’était donné pour mission d’arracher une réévaluation du yuan auprès de son homologue chinois, a de nouveau été épinglé par la presse américaine.
Et c’est un BO en mal de crédibilité qui a été contraint (ou s’est senti contraint) de réaffirmer lors de sa conférence de presse post G-20 que "son influence était intacte" comme le titrait le WaPo.
À défaut de ramener des accords chiffrés, Barack Obama a ainsi dû expliquer que les pays de l’Asie voulaient tous travailler avec les Etats-Unis et étaient tous désireux d’appronfondir leurs partenariats avec l’Amérique. Des intentions donc, loin d’une politique de résultats : "Les Etats-Unis ont un rôle spécial à jouer sur la scène inernationale, quel que soit le président. Nous sommes un grand pays très riche et très puissant. Notre influence n’a cessé de s’accroître depuis le siècle dernier. (…) Ce que je veux dire, c'est qu’en réalité, mes relations (avec les autres pays) se sont solidifiées. Quand je suis arrivé au pouvoir, les gens semblaient plus intéressés de poser pour une photo avec moi, du fait de l’effervescence qui a entouré mon élection. Mais aujourd’hui,(je peux dire que) j’ai noué une authentique amitié avec le Premier ministre indien (…) et c’est vrai également en ce qui concerne mon entente avec la Chancellière Merkel, le Premier ministre Erdogan (Turquie) ou le président Lee (Corée du Sud)".
Enfin, quittant le sommet du G-20 plus tôt pour se rendre au Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), Barack Obama a trouvé la même résistance et n’est guère parvenu à étendre l’accord de partenariat transpacifique qu’il espérait. Cette fois, c’était au tour du New York Times de titrer sur le "déclin du rayonnement de Barack Obama en Asie".
Ainsi, la scène domestique et internationale se mêlent et se confondent et c’est un Obama affaibli par la vague républicaine qui rentre de son plus long voyage présidentiel.
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