Mais au-delà des détails croustillants sur la vie de ce réseau d’agents, au-delà des scènes d’action et multiples rebondissements depuis la révélation au grand jour de leur véritable statut, cette histoire rocambolesque aurait pu sérieusement porter préjudice aux relations américano-russes.
L’administration Obama avait été informée des activités douteuses de ces immigrés pas comme les autres en février dernier. Mais agenda présidentiel oblige, les du nucléaire, de l’Iran, ou de l’Afghanistan avaient pris le pas jusque là et le président lui-même n’aurait été averti qu’au tout début du mois de juin, tient-on à préciser du côté de la Maison Blanche.
Signe que les temps ont changé, la première préoccupation de l’équipe d’Obama a été de minimiser toute répercussion possible, en cherchant une solution qui préserverait la bonne entente – revendiquée et indispensable – entre Barack Obama et Dimitri Medvedev.
Aussi, ce n’est que lorsque que l’option d’un échange acceptable par les deux parties a été confirmée au président, que BO aurait décidé d’informer son homologue des différentes étapes envisagées et donner son feu vert, en parallèle, pour l’arrestation des dix agents infiltrés.
La dernière scène de cet accord s’est jouée hier après-midi sur le tarmak de l'aéroport de Vienne. Comme au temps du "Troisième Homme". Après qu’Obama a assuré Medvedev de l’extradition sans délai des ressortissants russes, le président russe donnait à son tour des gages de bonne volonté, en graciant, en plein milieu de la nuit, quatre citoyens russes, emprisonnés depuis des années pour espionnage au profit des occidentaux.
Les dix agents russes ont donc signé un document leur interdisant de révéler les détails de leur vie aux Etats-Unis à des fins commerciales ou professionnelles (dernière condition exigée par la Maison Blanche pour leur extradition) ; un second, avion en provenance de Moscou, est alors arrivé dans la capitale autrichienne, avec à son bord le scientifique Igor Soutiaguine, expert en armement et arrêté en 1999 ; Aleksander Zaporojski, ex-agent double des services de renseignement extérieur russe, emprisonné depuis 2003 ; Sergueï Skripal, ancien colonel du renseignement militaire condamné en 2006 à treize ans de prison et Gennady Vassilenko, ancien agent du KGB arrêté en 1989 pour ses liens avec la CIA.
Au même moment, Washington et Moscou informaient leurs médias nationaux "du retour en Russie des dix citoyens russes accusés aux Etats-Unis et du transfert simultané vers les Etats-Unis de quatre personnes précédemment condamnées en Russie", soulignant chacun à leur manière que cet échange avait été possible du fait de l’amélioration des relations entre les deux pays et des liens privilégiés entre les deux chefs d’Etat.
Cette affaire d’espionnage, qui aurait pu se transformer en véritable guerre diplomatique, s’est donc close hier sans incident. Même si Rahm Emanuel, n'a pas résisté a dire que "Barack Obama avait décidé de l’arrestation des espions pour envoyer un signal clair, à la Russie, comme à tout autre pays qui voudrait essayer (de nous envoyer des espions), que nous les surveillons".
Il y a un 23e James Bond en préparation. C'est pain béni pour les scénaristes de voir que, même si les "méchants Russes" finissent toujours par voir leurs plans déjoués, il y en toujours encore un plus sournois pour monter un scenario encore plus machiavélique ! Ne manque plus que Money Penny...
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