Il a compris qu'il devait aller doucement tout en faisant vite, ce qui, selon les lois de la physique n'est pas simple.
Sa première nomination de Rahm Emanuel a été très rapide, sans doute pour montrer vite qu'il aura un "méchant" à la Maison Blanche pour faire passer les projets difficiles ou impopulaires au Congrès.
Sa première conférence de presse était un peu acrobatique.
Il le dit lui-même, il n'y a qu'un seul Président des Etats-Unis à la fois, et il ne prendra ses fonctions que le 20 janvier. Mais en même temps, les chiffres les plus sérieux pour l'économie américaine (et mondiale, puisque toutes les prévisions, dont celles du FMI - pardon de le citer - annoncent la récession la plus sévère depuis des dizaines d'années) sont tombés ce matin, et notamment l'annonce de 240.000 emplois perdus le mois dernier.
Si bien qu'il se devait de réagir, sans pouvoir néanmoins prendre de décisions. Casse-tête constitutionnel. Comme le dit Bush lui-même, jamais une transition ne s'est effectuée par temps de guerre ou de crise si profonde. (Quoique, si je ne me trompe, la passation de pouvoirs entre le Républicain Hoover et le Démocrate Roosevelt en 1933, a dû se faire aussi dans le contexte dramatique de la Grande Dépression...).
Si bien qu'Obama a annoncé qu'il souhaitait un "stimulus package" - vous allez voir comme on va l'entendre, ce mot - c'est à dire une relance budgétaire, qui ne soit pas seulement une redistribution des richesses comme l'en avait accusé McCain et Joe le plombier (vous vous souvenez, c'était il y a un siècle déjà!). Mais qui soit une vraie politique de croissance, ce qui signifie à l'évidence une politique publique active, des investissements d'infrastructures, bref ce que l'on appelle une politique "keynésienne", qui était bien passée de mode depuis des décennies en Amérique comme en Europe.
Et il a ajouté: si le Congrès ne le fait pas durant ces presque trois mois de transition, je le ferai dès le 20 janvier.
Au fait, c'est sans doute irrespectueux des Pères Fondateurs, de dire aux Américains qu'ils devraient adapter leurs pratiques à l'évolution technologique! Voter un mardi pour permettre au fermier d'aller à la ville en carriole après le repos dominical, c'était bien au XVIIIème siècle, et un peu dépassé aujourd'hui. Attendre trois mois que le nouveau Président et son Administration s'installe à Washington ne paraît pas adapté à l'heure de l'Internet. Mais je dois être sacrilège et ne rien comprendre au poids des traditions...!
Bref, je m'égare: le président élu doit donc composer avec le temps qui lui commande de rester prudent et de ne pas jouer la mouche du coche tant que l'Administration Bush est encore là, mais composer aussi avec l'urgence des problèmes qui n'attendent pas le calendrier des Pères Fondateurs.
Et il ne s'est pas mal sorti de cette contradiction. Directif, un brin autoritaire, se laissant interroger, me semble-t-il, par des journalistes auxquels il avait décidé de donner lui-même la parole, il a navigué entre la position de l'homme sans pouvoirs et celle du futur Président.
Une touche d'humour quand il a parlé du chien de ses filles et noté à la fois l'importance que le sujet avait pris dans la presse américaine, et les contradictions qu'ils avaient à résoudre, entre l'allergie de la petite, et le choix d'un chien venu de la fourrière, ce qui donne des animaux mélangés - comme moi, ajouta-t-il...
Je regarde à chaque fois tout ce que ces gestes disent du nouveau Président. Il est tellement maîtrisé. "Obama, no drama", mais no emotion non plus... Impassible, retenu, comme s'il fallait trancher avec le laisser-aller un peu vulgaire et faussement bon enfant de Bush. Ça me plait assez.. Et à vous?
Les commentaires récents